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Message adressé de Ramallah par Laïla, une amie de Annie et Bernard A.

Annie, Annie, je ne sais pas comment commencer cet email, je suis toute secouée par ce que j'ai vu, si l'on m'avait raconté cela je ne l'aurai pas cru mais je l'ai vu de mes propres yeux, mon mari et moi et avons assisté à l'exécution infâme.

Vers 19h nous sommes sortis pour effectuer les derniers achats pour la réception de demain, nous avons acheté des douceurs orientales pour le dessert et ensuite nous sommes dirigés vers le fruitier pour acheter des tomates, oignons, etc.

Nous avions presque terminé quand nous avons entendu des coups de feu, tout d’abord nous avons cru que c'était un feu d'artifice, puis nous avons entendu des cris et vu des éclairs, juste en face du magasin et le propriétaire nous a tirés vers l'arrière du magasin en disant que les soldats israéliens sont dans la rue.

Nous regardions et j'avais remarqué un tas noir juste en face, après j'ai réalisé que c'était un jeune homme étendu, il sursautait et nous pouvions voir sa main qui bougeait et autour de nous un ballet de balles de tous les calibres, je sursautais à chaque fois et de dessus l'immeuble les jeunes gens lançaient des pierres sur les jeeps blindées, mais surtout sur la voiture des commandos israéliens déguisés en arabe.

Cela a duré plus d'une heure, un jeune qui était enfermé avec nous a appelé l'ambulance ; le jeune martyr Ayman Rateb, était le voisin de mon fils dans l'ancienne fabrique, bref l'ambulance est arrivée mais les soldats israéliens ne l'on pas laissée approcher du blessé et entre temps une de ses parentes a essayé de l'approcher, alors le soldat lui a hurlé en arabe de partir, sinon il allait la fusiller également, donc elle l'a laissé baigner dans son sang. Voyant qu'il n'était pas encore mort, une jeep s'est approchée du mourant et un autre soldat lui a crié de ne pas ouvrir la porte du véhicule, alors de la fenêtre, il a visé la tête du jeune homme, et 10 minutes après une autre jeep s'est approchée et encore une fois ils lui ont tiré dessus.

Je tremblais non de peur mais de dégoût, vous ne pouvez pas savoir comme c'était cruel et inhumain, que Dieu ait son âme, nous sommes tous bouleversés, vous voyez quelle vie nous menons et ils ont le toupet de dire que nous sommes des terroristes, que le diable les emporte eux et tous ceux qui leur prêtent main forte.

Désolée Annie de ne pouvoir écrire autre chose, c'est trop cruel, quand même je vous souhaite bonne nuit et baisers douloureux et tremblants de votre émotive amie

Laïla - Jeudi soir 22 juin 2006

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