AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


-o- DOSSIER SPECIAL -o-

S O S    NAPLOUSE

 

Le 25-12-2003

Les enfants palestiniens et
les camps de détentions israéliens.

Ahmed a seize ans et vit à Naplouse.
Le 15 juin 2003 à 1h00 du matin les soldats de l’armée d’occupation sont entrés en force  dans sa maison et ont fait sortir tous les hommes de la famille dans la rue comme à leur habitude. Après avoir contrôlé les identités ils sont repartis en emportant Ahmed jusqu’au camp militaire d’Howara.
Là il est attaché sur une chaise, battu et questionné par les soldats qui l’accuse de faire parti du mouvement Hamas : « Si tu ne parles pas on va arrêter ta famille et mettre tes frères en prison ». Sa famille ne connaît d’ailleurs pas l’endroit où il a été emmené. Elle ne l’apprendra que 12 jours plus tard par l’intermédiaire d’étudiants que l’armée avait arrêtés et détenus pendant une semaine.
Ahmed restera 31 jours dans le camp d’Howara dans une cellule insalubre de 3m/3m qui contenait 15 personnes. Il y avait toutes sortes d’insectes, les détenus avaient souvent des infections de la peau. C’était une pièce sans fenêtre avec juste un petit trou dans le haut du mur et une grosse lampe qui fonctionnait 24h/24h afin de ne plus pouvoir différencier la nuit du jour. L’été c’est étouffant et beaucoup suffoquent.
Le plus souvent on leur donnait à se partager un plat de pâtes, 10 œufs, 3 yaourts et deux morceaux de pain. Mais pendant son séjour il lui est arrivé de n’avoir qu’une tomate pour 6 personnes dans la journée ou du pain rassit. Ils ont droit à trois sorties de 5 minutes (souvent moins) dans la journée : 8h, 12h, 16h30. Dans ce laps de temps de 5 minutes ils peuvent aller aux toilettes ou se laver à l’eau froide. Il n’y a qu’un savon pour 90 personnes. Les détenus n'ont pas le temps de se sécher et remettent tout le temps les mêmes vêtements car ceux que le club des prisonniers palestiniens leur apporte restent entre les mains des soldats israéliens. Ceux qui ne reviennent pas des toilettes dans le temps imparti sont privés de sorties et on leur donne un sac plastique pour faire leurs besoins en cellule. Si une de ces personnes est prise dehors, c’est une punition collective pour la cellule (privé de nourriture ou nettoyage du camp). Quand ils n'ont pas assez de sacs plastiques pour tout le monde, ils utilisent le sac dans lequel on leur a donné le pain.
Pendant leur séjour au camp d’Howara les détenus ne savent pas quand ils seront relâchés, jugés ou transférés. A howara, la majorité des détenus sont des enfants.

Le 31 juin après 15 jours de détention, sans l’avoir prévenu à l’avance, on le met dans un véhicule qui l’emmène devant le juge à Aufer. Yeux bandés, pieds et mains liés et battu pendant le transfert. Le juge lui donne 6 mois mais ne lui donne aucune raison : « c’est sur la base de renseignements fournis par les services secrets israéliens et le dossier et classé secret » dit-il. Ce qui est le cas pour presque tous, ils n’ont bien sur pas droit à un avocat. La famille ignore tout de la situation. On le renvoie à Howara.

Le 12 août, deuxième transfert à la cour. Cette fois un avocat fourni par le club des prisonniers est présent. C’est le même pour tous les prévenus. Il n'a jamais rencontré ni entendu parler de Ahmed et ne connaît pas les charges retenues contre lui. On ne lui donne que deux minutes pour faire connaissance et parler de son affaire, pas une minute de plus. Il n’est pas autorisé à s’asseoir près de lui pendant le jugement. Le juge explique à l’avocat qu'un collaborateur des services secrets israéliens les a informé que le jeune garçon ferait parti du Hamas. Tout ce que pourra dire l’avocat c’est qu’Ahmed est simplement un jeune étudiant et qu’il n’a rien à voir avec tout ça. Le juge confirme la peine de 6 mois !

Ahmed restera à Aufer jusqu'au 2 novembre, jour où il  fut transféré à la «prison» de Nakab. Ces prisons sont composées de dix sections de 6 tentes de 21 personnes de tous âges confondus. Il y a environ 5 enfants par section. Les tentes à Aufer sont situées près des égouts et des eaux usées. Chaque section possède trois toilettes et trois «douches»  avec eau chaude. Les détenus originaires de Naplouse et de Jénine n’ont pas le droit de visite. Seul ceux de Ramallah ont ce droit.

A Nakab il n'y a pas de prévenu tous ceux qui arrivent ici sont déjà passés en jugement. Ahmed nous a dit qu’il a vu un jeune de 16 ans comme lui prendre dix ans fermes.

Ahmed a été libéré le 15 décembre 2003 et n’aura eu droit à aucune visite du jour de son arrestation au jour de sa libération. Le seul moyen qu’il a eu de communiquer avec l’extérieur c’est à l’aide de téléphones portables entrés clandestinement dans le camp de détention.

Nous le remercions d’avoir eu la force et le courage de nous donner ce témoignage 10 jours seulement après sa libération.

Une quarantaine d’enfants de moins de seize ans originaires de Naplouse sont actuellement détenus dans ces camps de détentions israéliens sans la moindre hygiène et sans accès aux soins et sans permis de visite.

O et L.

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