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Sharon, le mythe et la réalité

publié le samedi 7 janvier 2006

Ghassan Andoni

Le général sans merci qui lutte pour sa vie est présenté comme le principal pilier de la paix au Moyen-Orient. Le nationaliste fondamentaliste qui a foulé les cadavres de milliers de gens, et a volé illégalement leur terre et leurs droits est admiré comme un symbole de tolérance et de pacifisme.

Le parrain des colons et le principal suspect de nombreux crimes de guerre est salué pour son pacifisme. Celui qui a mis en place le système d’apartheid le plus massif de l’histoire moderne est montré comme le symbole de la réconciliation et de la coexistence. Que s’est-il passé ? Qui a vraiment changé, Sharon ou le monde ?

Il faut manifester du respect aux défunts ou à ceux qui luttent pour leur vie et selon le dicton arabe : on ne doit parler que des bons côtés des défunts mais ça ne doit pas empêcher que l’on manifeste le respect que l’on doit à ceux qu’ils ont tués ou fait tuer directement.

Est ce que Sharon a vraiment fait avancer la paix au Moyen-Orient ou est ce qu’il a fait reculer toute la région ? Sommes nous, après son héritage, un peu plus près ou beaucoup plus loin de la paix ?

Non seulement Sharon a laissé un héritage qu’aucun de ses successeurs ne peut contourner mais il a aussi créé sur le terrain des réalités illégales et inhumaines que le monde entier aura du mal à corriger.

Sharon a été le dirigeant qui a fermé la seule porte d’espoir ouverte dans le conflit palestino israélien, à savoir des négociations. En introduisant l’unilatéralisme comme seule option diplomatique acceptable, Sharon a en effet réactivé la vieille idéologie israélienne de déni de l’autre. La déclaration honteuse de l’ancienne Premier Ministre Golda Meir "il n’y a rien qui s’appelle Palestiniens" est devenue, grâce à Sharon , la seule voix qu’on entend dans la politique israélienne et l’éducation publique, dont l’écho résonne partout sur la planète.

Sharon est le dirigeant israélien qui a réussi à enterrer la vision d’une solution à deux états qu’avait le président des États-unis et à la transformer, avec l’assentiment de ce dernier, en celle d’ une entité ghettoïsée contenue dans l’état d’Israël.

Son désengagement unilatéral (de la Bande de Gaza, ndt) est basé sur une idéologie raciste et chauvine d’exclusion, et ceci n’est pas une accusation mais la politique ouvertement déclarée de son nouveau parti, Kadima. Le mélodrame médiatisé qui a accompagné le redéploiement des colons et des soldats israéliens de Gaza ne peut cacher cette vérité.

En résumé, Sharon a réussi à ajouter d’énormes obstacles physiques et psychologiques qui auront des conséquences négatives drastiques sur l’avenir de cette région difficile

Traduction  : C. Léostic, AFPS

.http://escritor.eu.org/article2916.html

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