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Combattre pour le respect du droit
« ici » et « là-bas » !

J-L. Moragues - CCIPPP Hérault

publié le mardi 16 mai 2006.

 Pour le rétablissement immédiat de l’aide à l’Autorité palestinienne !

1- L’unilatéralisme des USA et d’Israël c’est : la loi du plus fort et la négation du droit international.

Il y a quelques années en Amérique latine, quand un gouvernement ne convenait pas aux intérêts des États-unis ceux-ci organisaient un coup d’État et installaient un fantoche et une dictature à leur solde. Aujourd’hui ils envahissent directement le pays qui résiste à leur politique, massacrent la population civile et installent "la démocratie" par les "élections". C’est le cas en Afghanistan en Irak et c’est ce qui se prépare contre l’Iran. Cette violence impérialiste est détestée, dénoncée et combattue par les peuples de la planète.

Cette façon de décider unilatéralement des choses quitte à violer le droit international et toutes les conventions est désormais - au prétexte du 11 septembre 2001- la règle de conduite des Etats-Unis et d’Israël. Dans les deux cas la méthode est identique : il y a un renversement de la situation réelle, l’agresseur se présente comme victime et argumente ainsi une agression que rien ne justifie ni au niveau des faits, ni au niveau du droit international. Menacés par "les armes de destructions massives" de S. Hussein, les Etats Unis ont envahi le pays massacrant des centaines de milliers de civils. Aujourd’hui l’arme nucléaire dont l’Iran serait en train de se doter - qui en aucun cas ne menace les Etats-Unis - constitue la base de la campagne de désinformation massive engagée.

La méthode politique utilisée par Israël et il faut le dire : par tous les gouvernements d’Israël (sauf une courte période avec Rabin) est identique. La soi-disant menace de destruction d’Israël est systématiquement utilisée pour anticiper une défense qui n’est rien d’autre qu’une agression permanente. Le complément à la prétendue "menace de destruction" est "l’absence de partenaire". Bien évidemment les partenaires palestiniens sont systématiquement disqualifiés ce qui permet à Israël de justifier son "unilatéralisme" c’est à dire sa violation du droit international.

2- L’Europe dans la foulée des USA et d’Israël abandonne la référence au droit international.

Cette méthode de domination politique et militaire a été jusqu’ici, -partiellement - dénoncée par l’ONU et l’Union européenne qui, en diverses occasions, s’en sont démarquées (même si la France l’a pratiquée plus sournoisement en Afrique par exemple).

  Ainsi l’Europe a voté diverses résolutions à l’ONU condamnant l’occupation israélienne.
  Le parlement européen a voté en 2002 pour la suspension des accords d’association avec Israël en raison du non respect des droits humains et des conventions de Genève par cet Etat.
  La Cour internationale de Justice a condamné le Mur, exigé la destruction de certaines portions et demandé aux états de faire respecter cette décision.

Jusque là, l’Europe et les pays européens n’ont effectivement rien fait contre le Mur et n’ont pas appliqué la décision de suspension des accords d’association mais les positions prises étaient justes au regard du droit. Faute de l’appliquer, au moins disaient-elles le droit, ce qui laissait un espoir de justice possible, un jour...

La décision de suspendre l’aide économique à l’Autorité palestinienne, en tournant le dos au droit, marque incontestablement une rupture radicale avec les orientations précédentes et une allégeance significative aux USA par Israël interposée.

Cet événement n’est pas isolé.

  L’UE a accepté de participer en tant que force militaire au contrôle du passage de Rafah (frontière du sud de Gaza avec l’Egypte), mais elle le fait sous contrôle total israélien, sous la direction de l’armée israélienne qui impose ses décisions.

  L’Union européenne vient d’accepter de participer à des manœuvres, dites de sécurité en Méditerranée les 7,8, et 9 mai, avec les 8 pays de l’OTAN et la participation ... d’Israël. Alors qu’Israël ne fait pas partie de l’OTAN ! Un seul pays a refusé : la Suède, qui s’est attiré les foudres d’Israël et fait traité d’antisémite par un parti religieux. La Belgique a refusé de participer le jour où Israël serait présent.

  Quand l’UE suspend l’aide à l’Autorité palestinienne en posant les trois conditions posées par Israël au Hamas, elle obéit et soutient intégralement les intérêts colonialistes israéliens. C’est à dire qu’elle participe de l’offensive pour isoler, déstabiliser et affaiblir le gouvernement palestinien. En situation d’occupation militaire cela signifie aider l’occupant.

  La suspension ne porte réellement que sur 12,2% de l’aide à la Palestine et pas sur la totalité. Mais de concert l’Europe et ses membres ont annoncé qu’ils avaient "supprimé", "suspendu" l’aide. C’est dire combien le message d’allégeance est fort.

  Les conditions de suspension de l’aide disent parfaitement la rupture avec les orientations précédentes. Contrairement à tous les accords euro-méditerranéens L’UE a pris cette décision sans consulter les pays Arabes ! C’est-à-dire qu’elle a pris le risque d’incidents avec les pays Arabes pour manifester son allégeance à Israël/USA. Enfin - et sur ce point nos élus européens - tous/tes nos élus - devront s’expliquer, car c’est inadmissible - cette décision a été prise sans discussion et sans vote ! La proposition a été annoncée le vendredi la veille du week-end de Pâques, les ministres se sont réunis le lundi de Pâques et la décision a été prise par consensus c’est-à-dire que personne n’est intervenu (ni pour, ni contre).

3- Imposer que l’UE respecte le droit "ici et là-bas" nous concerne tous/tes en tant que citoyens !!

L’allégeance de l’UE aux USA et Israël et son corollaire qui est la rupture avec le droit ne concerne pas la seule Palestine et nous aurions bien tort de le croire. Au plan international nous devons d’ores et déjà comme le FSE d’Athènes vient de le faire avec force, manifester notre opposition à la guerre contre l’Iran et notre exigence du respect du droit et des sanctions contre l’occupation israélienne.

Au plan intérieur et européen, la non prise en considération du vote du 29 mai, le vote du CNE, du CPE et les turpitudes chiraquiennes sur la loi du CPE témoignent de la gangrène du droit qui affecte notre "démocratie". Cela a été dit mille fois et sur tous les tons ces derniers mois : l’attaque frontale libérale et néolibérale porte sur la question du droit. Que ce soit sur le front des libertés individuelles (Lois (I&II) Perben), du droit des immigrés (« Immigration jetable » Sarkozy), du droit du travail (Loi sur l’égalité des chances : CNE, CPE, Villepin), de la répression de la jeunesse des banlieues populaires (projet de loi sur la prévention de la délinquance, Sarkozy) etc. Le « détricotage » du droit s’effectue sauvagement sur tous les fronts !

Contrairement à ce que certains pourraient penser, il n’y a pas de coupure entre le « détricotage » du droit qui en politique étrangère conduit à « la suspension de l’aide » et le « détricotage » du droit qui au plan intérieur renforce l’exploitation et la répression. C’est une même politique qu’il faut combattre sur les deux fronts car tout affaiblissement de l’ennemi sur l’un des deux fronts l’affaiblit sur l’autre !

La plupart des militants de la CCIPPP participent activement à la lutte sur les deux fronts, ici et là-bas. Depuis quelques mois la mobilisation pour la Palestine n’est à la hauteur ni des enjeux, ni de la gravité de la situation. Nous ne devrions négliger aucune occasion de manifester notre vigilance et notre exigence quand au respect du droit !

Exigeons le établissement de l’aide à l’Autorité Palestinienne et exigeons des comptes à nos élus européens pour cette décision inacceptable ! Contre l’occupation c’est Israël qu’il faut sanctionner !

J-L. Moragues

JLM-CCIPPP Hérault- 10/05/06

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