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Catherine Dugarin, adhérente AFPS 59-62, est à Naplouse depuis début juin pour 6 mois.

Elle travaille avec Médecins du Monde en tant que coordinatrice santé mentale.

Elle nous envoie des messages pour témoigner de la vie quotidienne en Palestine.

... et elle est retournée à Naplouse début janvier 2007             Le blog de Catherine >

22-03-2007

avant dernière soirée...

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21-03-2007

my broken foot 

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11-03-2007

de Gaza

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28-02-2007

situation à Naplouse

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la meurtrissure…

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les infos officielles et Naplouse sous couvre feu…

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28-01-2007 Kidnapping à Naplouse   >>
19-01-2007 Retour en Palestine, retour à Naplouse. >>
Photo de Noël : Le MUR à Bethléem >>
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Impact de l’embargo international et des attaques de
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Éducation ou contamination des esprits ?
par la Dr Nurit Peled-Elhanan

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Photos de destructions à Naplouse

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Bethléem : Mur et check points

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Envoyé : jeudi 22 mars 2007 10:49 Objet : avant dernière soirée...

Dernière soirée à Naplouse (sauf ce soir... une belle soirée en perspective avec mes amis, autour de la musique et du manger....)

J'ai demandé à mon ange gardien de m'emmener faire un dernier tour de la ville, la nuit. On est passé partout où on a des souvenirs.

Des souvenirs très joyeux, comme celui du mariage où on a fait les fous en klaxonnant , roulant à toute allure et musique à fond avec tous les autres invités du mariage.

Ou celui des photos qu'on a prises de tout là haut, le plus haut que l'on puisse monter sur les montagnes de Naplouse sans rencontrer de check point ou de soldats.

Des souvenirs forts comme celui de la vieille ville, occupée et sous couvre feu ,où on a circulé avec le 4/4 pour faciliter les passages des ambulances pendant la dernière grosse incursion. Des endroits où il m'a attendue quand je m'enfonçais avec un médecin palestinien dans les ruelles pour apporter un médicament ou évacuer un malade.

D'autres souvenirs du marché où il décidait chaque fois pour moi ce qui était bon ou non... contre ma volonté !!!

Des endroits où, dans la voiture, on discutait ferme de l'Islam, du voile des femmes et de leur robes informes, du plaisir du sexe des femmes et des hommes, de ma laïcité, de sa croyance et de sa pratique religieuse. Des discussions politiques sur la situation, les différents partis,les suicidal bombers, les issues possibles, son désespoir de l'avenir de ses enfants.

Et aussi encore et encore l'histoire de la Palestine, les dates, les faits, les hommes...

On est allé fumer une chicha et manger un cocktail de fruits. Des femmes voilées fumaient le narguilé en buvant du café et en riant. A la table voisine, 2 jeunes femmes et une petite fille de 4 ans. Elles mangeaient des frites, des fallafels et buvaient du coca. La maman de la petite a demandé qu'on prenne une photo en disant: "son père est un martyr".

Il y avait du monde dans Rafidia hier soir. C'était le premier jour du printemps et la fête des mères.

ll faisait doux.

Et à 22H les soldats n'étaient pas encore là.....

Envoyé : mercredi 21 mars 2007 15:09 Objet : my broken foot (J'ai le pied cassé)

J'ai bien tenté un truc pour rester un peu plus en Palestine...

Mais bon, pas assez pour être immobilisée ici... et tant mieux franchement... Il y a plein d'autres moyens d'y revenir...

Une pierre qui ne faisait pas son boulot de pierre palestinienne à Naplouse s'est glissée sous mon pied et.... surpris, celui ci a glissé, s'est tordu et s'est cassé...
ça m'a permis de connaître aussi le côté patient des urgences de Naplouse... et je reviens avec un joli plâtre qui sera plein de graffitis palestiniens...

Naplouse est pleine d'hommes en armes ET en uniforme. Les voitures respectent les feux de circulation et on voit beaucoup moins de voitures volées. Il est aussi plus facile de circuler au centre ville, moins encombré.

Les nuits de Naplouse sont de plus en plus tôt emplies de soldats venus de toutes les entrées de la ville, de bombes sonores et de tirs israéliens en l'air, sans argument de recherche ou autre... et la nouveauté est, pour les soldats ,d'entrer tôt en fin d'après midi, faire du bruit, affoler tout le monde, ressortir et refaire une entrée quelques heures plus tard. Juste empêcher une vie quotidienne normale, empêcher les gens de dormir calmement (si cela existe encore en Palestine) et installer plus encore cette guerre psychologique...

Cette nuit un jeune homme de 23 ans a été tué par les soldats au camp Asqar.

Et aujourd'hui c'est la fête des mères en Palestine et aussi le 1er jour du printemps, et le soleil et là, puissant et chaud...

Envoyé : dimanche 11 mars 2007 23:38 Objet : de Gaza

de GAZA

j'ai quitté Gaza il y a quelques heures, emplie d'une tristesse qui ne me lâche pas. Gaza si différente de ce que j'imaginais, plus vivante et colorée que toutes les images que j'avais dans la tête. certes cette photo c'est celle d'un joli quartier... mais c'est Gaza.

bien sûr, pour arriver à Gaza, c'est pas tout simple... on arrive au bout d'une route fermée par le mur, ce fameux mur... on rentre ensuite dans un hall immense protégé par des hommes en civil et armés après avoir été contrôlé par des soldates dans une guérite.

dans ce hall digne d'un aéroport international, je suis invitée à rentrer dans un box vitré, surplombé par une cage de verre où 2 soldates s'affairent à entrer dans un ordinateur nom, numéros et je ne sais quoi encore concernant mon identité. j'ai droit à un tampon de sortie d'Israël "Erez" sur mon passeport, ce qui promet des heures joyeuses à l'aéroport Ben Gourion .....(tu étais à Gaza, pourquoi???)

puis je passe des tourniquets, qui me font me retrouver dans un sas,chaque fois prisonnière du tourniquet suivant, embarrassée de ma valise et de mon ordinateur sur le dos...

et puis une porte, massive, sans poignée, en lourd métal. coincée entre cette porte en face de moi, une barrière métallique derrière , un hangar sur le côté et une autre barrière fermée menant sur un no man's land prisonnier d'un mur (oui toujours ce même mur) , de barbelés et plus loin des miradors.

et pas trace humaine.  je retrouve les ambiances de films de science fiction .

d'autres personnes arrivent dans ce sas isolé et nous attendons..... après 20 à 30 minutes la porte coulisse et s'ouvre.....sur une vingtaine d'hommes qui attendaient de l'autre côté pour faire le chemin dans le sens inverse.

ensuite la longue marche vers le côté palestinien commence.... un long tunnel,à découvert sur le côté, peu rassurant quant à une éventuelle protection en cas de tirs...

enfin des hommes au bout de ce boyau ..... des militaires palestiniens, des femmes dans une guérite qui contrôlent et relèvent mon passeport, des sourires, des mots arabes,et voilà Gaza...

je suis attendue, tant par le soleil que par mon ange gardien gazaoui... premières images de ravage, la zone industrielle complètement détruite :

puis on traverse encore quelques barrières et on salue quelques militaires palestiniens ,et nous voilà sur la route vers Gaza city. sur la gauche le tristement célèbre village Beit Hanoun. rapidement des carrioles tirées par des ânes, plein d'ânes dans Gaza!des ânes, des chèvres et des orangers. les gazaouis disent que la bande de Gaza était couverte d'orangers. il en reste très peu, peu d'oliviers aussi.. des vergers entiers ont été détruits.

la mer est présente, partout....c'est le seul horizon de la bande de Gaza. un horizon relatif, et seulement visuel, puisque que la mer est souvent interdite aux pêcheurs , selon les décisions israéliennes. quand c'est possible, alors on voit une ligne d'horizon couverte de bateaux de pêche et on sait qu'on va se régaler de poissons frais.

la mer est aussi un endroit de détente, relatif, selon la situation. il y a des familles sur la plage, toujours attentives. 

 la mer est belle.......

je suis rentrée triste de Gaza....

triste de cette magnifique terre emprisonnée, très triste d'y avoir goûté,d'y avoir joui de sa beauté.... sans les Palestiniens restés en West Bank, interdits de sortir de Naplouse, interdits de circuler dans leur pays, interdits de voir ces paysages, de humer l'air marin, interdits de rencontrer leur famille d'ici.

triste de ramener des photos de Gaza, que la plupart , pour les plus jeunes n'ont jamais vue, que d'autres n'ont vue qu'une seule fois, dont rêvent certains. ramener ces photos et raconter ce que j'ai vu.

triste de savoir qu'ils vont me demander encore et encore de revoir ces photos qu'ils m'ont demandé de prendre;triste de les voir heureux que j'ai aimé Gaza....

triste de ce gâchis...

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Envoyé : mercredi 28 février 2007 17:12 Objet : situation à Naplouse

Je viens de rentrer de la ville où toute la journée j'ai suivi une ambulance, en tant que ONG internationale facilitatrice des soins.
j'ai passé plusieurs heures a l'entrée de l'hôpital Rafidia où 4 voitures militaires plus un bulldozer contrôlaient l'accès.
j'ai parlementé avec les soldats pour faire rentrer un technicien de radio , qui attendait depuis 3h. Un homme attendait depuis 9h30 ce matin, en plein soleil, sans savoir quoi. Au final 4 hommes ont été arrêtés. je suis restée avec eux jusque maintenant, tout en parlant aux soldats pour faire rentrer soit un blessé, soit une ambulance .

Des  malades et blessés sont rentrés sur leurs jambes ! Des voisins m'ont donne pain, boisson et fruits pour les prisonniers en plein soleil.

La Croix Rouge internationale était la aussi, et réfère les événements. La présence d'internationaux permet que les soldats se conduisent à peu près correctement

Dans la vieille ville j'ai rencontre la maman d'un des hommes recherches en allant distribuer du pain et des médicaments.. Elle  a été arrêtée pendant 9 h et les soldats ont promis de revenir.
il y a plein de gamins, dans toute la ville, qui jettent des pierres sur les soldats qui répondent par des sonic bombs et des gaz.

La nuit est tombée la maintenant. on entend encore des explosions. un soldat israélien aurait été tué.
les rues sont très encombrées de poubelles renversées, de feu de pneu, de pierres et autres obstacles pour empêcher les soldats de passer....
Je ferai un mail plus détaillé plus tard.
A bientôt

Envoyé : dimanche 27 février 2007 22:09 Objet : encore moi...

bah oui..... encore moi.... mais bon dans un mois je rentre.....vous verrez.....mes mails vous manqueront... bisous! caty
la meurtrissure…

bon ok, j'avoue que j'ai fait ma chieuse en disant que les médias ne parlaient pas de Naplouse et de la Palestine (ah ! ce correcteur d'orthographe qui ne reconnaît pas ce mot Palestine et le souligne en proposant palestinien.….)

ok je reconnais…. vous m'avez, chers lecteurs, envoyé des articles, des références d'émissions et de reportages…..et pas si mal que ça, selon moi. ok, c'est vrai…..moi même, sur ce blog...http://marifnaash.blog.lemonde.fr/

la nuit dernière a été calme, étonnamment calme… aucun tir, aucune explosion…,étrange et pas reposant pour qui s'endort depuis des mois dans les bruits de mitraille…. l'armée est partie…

au matin les naplousis sont à nouveau sortis. j'ai entendu le camion de ramassage des poubelles juste après le chant de la prière .j'ai vu quelques personnes dans la rue, quelques voitures rouler puis les enfants le cartable sur le dos. les écoles et les universités ont fonctionné. les magasins , pas tous, ont ouvert leur portes. Naplouse a retrouvé un semblant de vie, pas encore comme avant mais elle vit à nouveau. la ville est cependant meurtrie ,une nouvelle fois. les gens ont peur et le disent. ils s'attendent à une nouvelle incursion , rapidement.

avant l'incursion, depuis quelques semaines il était devenu plus facile de traverser en voiture un carrefour . étrange même de voir les voitures s'arrêter au feu rouge….les policiers palestiniens armés tentaient de remettre en place quelques règles citoyennes à l'intérieur de la ville .on les voyait dans de nombreux endroits de la ville faciliter la circulation par exemple ou surveiller des rues commerçantes . quelques prémisses de cohérence dans les règles de vie de la cité….

et l'incursion a eu lieu…..faut il y voir une relation?

les soldats cherchaient 9 personnes. ils ont pris possession des radios et TV locales et ont fait défiler sur les écrans et sur les ondes les noms de ces 9 personnes. ils en ont arrêté plus de 100 . ils en ont relâché une partie après quelques heures. d'autres ont été emmenés "vers une destination inconnue" selon l'expression officielle. ils sont repartis ce matin après avoir trouvé seulement 2 des 9 recherchés.

aujourd'hui des rumeurs disaient que des soldats occupaient des maisons dans la vieille ville. les rumeurs se sont révélées fausses.
la
vielle ville est calme, et même des gens recherchés s'y montrent .calme mais pleine de gens apeurés et qui veulent raconter.

aujourd'hui j'ai rencontré des gens :

dans un dispensaire, une femme avec sa fille de 2 ou 3 ans : les soldats sont venus chez elle. à chaque incursion ils rentrent et occupent la maison pour quelques heures. sa maison est située dans un endroit stratégique de la vieille ville.

le scénario est toujours le même:les soldats entrent , souvent avec des chiens, confinent tous les habitants ,souvent nombreux,dans une seule pièce et occupent toutes les autres .le téléphone est coupé pour éviter toute communication avec l'extérieur. sous raison de chercher des armes, ou des résistants cachés, ils renversent tout dans la maison, les meubles, les objets. parfois ils détruisent les murs afin d'atteindre la ou les maisons voisines sans repasser dehors.

un homme dans la rue: les soldats lui ont dit que s' ils trouvaient une arme, ils tueraient toute la famille.

une femme a dit que son fils de 5 ans était terrorisé et se recroquevillait dans un coin à chaque fois que les soldats pénétraient dans leur maison.

un jeune homme, volontaire des services médicaux explique qu'il a été arrêté avec quelques 45 autres jeunes volontaires, et emmené dans une jeep au check point Huwara; là il a été battu. après qu'il eut retrouvé ses esprits, il a été battu à nouveau. il a été relâché avec d'autres, après 15 heures de détention.

certains pensent encore que certaines maisons sont occupées par les soldats. cette stratégie militaire consiste a rester dans une maison, la famille entière dans une pièce, sans communication possible avec l'extérieur. cette occupation peut durer plusieurs jours. elle sert de place avancée pour l'incursion suivante ,de moyen de pression sur une famille et le voisinage pour obtenir de informations divers et sur des personnes recherchées. cette pratique est très courante dans le camp de Balata.

les gens dans la rue sont venus spontanément discuter, raconter les 2 jours d'incursion et de bouclage de la vieille ville. j'ai senti et entendu les jeunes près à réagir au moindre événement. la ville est calme…..calme mais tendue….enfin était calme…..

ce soir on entend des tirs……

Envoyé : dimanche 25 février 2007 21:13 Objet : les infos et la réalité...

les infos officielles et Naplouse sous couvre feu…

le décalage…..les médias et la réalité……

je suis coincée à jérusalem.

ce matin très tôt un collègue naplousi m'a demandé de rester à Jérusalem. naplouse est sous couvre feu, les soldats ont envahi la ville.ils ont distribué des tracts expliquant qu'il cherchaient 9 résistants et les voulaient "mort ou vifs". toute la journée les infos me sont arrivées en direct par les uns et les autres.l'armée a envahi la vieille ville, a fermé la route principale avec des blocs de béton. des checks points sont installés particulièrement dans la vieille ville.les soldats détruisent les portes des maisons que les habitants refusent d'ouvrir et fouillent systématiquement toutes les habitations de la vieille ville.les hôpitaux sont encerclés, leurs entrées et sorties contrôlées. l'armée a ouvert 2 écoles et sen servent comme lieu d'interrogatoire.

les news sur euronews ce soir à 19h , heure locale, annoncent que l'armée a quitté la ville.

étrange…… (voir article et lien ci après)

c'est pire encore :ce soir à 21h, les 80 véhicules militaires présents dans la journée ont été renforcés par d'autres. leur nombre est ce soir de 130, ils ont pris position encore plus ferme autour de la vieille ville. des soldats et des jeeps patrouillent en ville. la ville est complètement fermée à l'est et à l'ouest.

l'hôpital Rafidia est complètement fermé par l'armée .les autres hôpitaux sont encerclés et contrôlés.
on ne déplore "que" 6 palestiniens et 2 soldats blessés .

la ville est très calme. pas de tirs, pas d'explosion…..les gens sont chez eux……on saura demain matin de quoi la nuit sera faite…

Envoyé : dimanche 28 janvier 2007 20:56 Objet : Pauvre Palestine...

26 janvier 2007   Kidnapping à Naplouse

La nouvelle a rapidement fait le tour de la ville. Les téléphones se sont mis à sonner et la confusion a vite régné. 3 français enlevés à Naplouse.

Pourquoi? Aucun élément de la situation actuelle ne peut expliquer ce kidnapping.

Un marchand ambulant passe dans la rue et pour une française très débutante en langue arabe, ses cris sont vite assimilés à eux des manifestants politiques des derniers mois. Mais non, il vend des légumes….

Des coups de feu ajoutent à la confusion… Les informations arrivent peu à peu, très floues au début, puis de plus en plus précises. On sait qui, on sait où et on obtient quelques hypothèses.

Un mail du Monde officialise l'enlèvement, déjà dépassé par les infos directes sur place.

Je reçois déjà de France des mails et des sms inquiets.

La situation s'éclaircit et se dénoue rapidement.

Les 3 français sont libérés.

La ville a retrouvé son calme relatif.

Cette ville est un village, un quartier où tout se sait, vite, très vite. La radio et la télé locales saisissent et diffuses les infos en live. Les nouvelles courent dans les téléphones et lors des incursions on sait toujours là où sont les soldats, là où il ne faut pas aller.

Cette ville est un village, un quartier, entouré de militaires agressifs, de colons féroces et de check points infranchissables.

Mais aujourd’hui, 26 janvier, les kidnappés sont des Palestiniens, et le kidnappeurs aussi des Palestiniens…. à Gaza et en West Bank [Cisjordanie] : 12 morts, 24 kidnappés, de nombreux blessés…

Ce soir un cessez le feu semble avoir été décidé…


Voilà 2 jours je finissais mon mot par un "cessez le feu" possible.

C’était être bien naïve… Les combats ont repris de plus belle et les kidnappings kif kif…

Plus de 20 morts en 48 heures, des blessés à la pelle et les appels à la paix bien inutiles… envolés dans la tempête qui souffle depuis ce soir. Après un week-end estival, voilà le temps qui se met au diapason du climat ambiant….

Des coups de feu éclatent encore ce soir. Qui sait de quoi la nuit sera faite…

J’ai vu ce vendredi, les maisons détruites la semaine dernière, à Jérusalem, par Israël. Des maisons palestiniennes bien sûr, illégalement construites bien sûr…et très légalement détruites.

Les maisons des colons, tout aussi illégalement construites restent en place….bien sûr….

J’ai pris quelques photos… qui ne viendront que plus tard. Comme par hasard, j'ai laissé mon appareil à Naplouse…alors j'ai emprunté celui d'un copain.

Des maisons détruites par les bulldozers, j'en ai vues plusieurs à Naplouse, même entendu en direct leur destruction.
Alors qu'est ce qui m'a poussée à vouloir voir, en plus celles de Jérusalem-est ???
Et pendant mon week-end, sensé être moment de relâche de l’esprit, loin des injustices et humiliations quotidiennes.

Mais voilà, j'ai vu.

Avec cette association israélienne : http://www.icahd.org/eng/

Mais voilà, ce soir c'est l'escalade…

min chouf bokra, min chouf baden…(on verra demain, on verra plus tard...)

Envoyé : vendredi 19 janvier 2007 22:49  Objet : Retour en Palestine, retour à Naplouse

Retour en Palestine, retour à Naplouse.

Le passage à l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv fut beaucoup plus facile que la sortie début décembre. Aucune question, aucune fouille…. Juste un questionnement, entre israéliens au sujet de mon visa de travail d’une année…et je reçus maints « welcome » « have a good trip in Israël ».

 Ma sortie en décembre fut beaucoup plus compliquée : arrivée à l’aéroport avec un Palestinien, arrêtés quelques kilomètres avant  par des militaires en civil, mon passeport pastillé de rouge, ainsi que tout objet que je portais. Mon collègue palestinien a lui été contrôlé et j’ai dû ouvrir le coffre et la boîte de secours d’urgence de la voiture. Mes valises non, de toute façon elles seront bien fouillées avant l’embarquement.

Une heure et demi de fouille, démontage en règle de mes affaires jusqu’aux stylos, déshabillage dans une cabine, fouille au corps par 2 soldates et mille questions, en particulier au sujet de  mon livre d’apprentissage de la langue arabe et de mon agenda palestinien….. « On t’a obligée à venir travailler ici ? Pourquoi ne fais tu pas de la santé mentale en Afrique ?tu as des amis arabes ? Donne moi des noms .Pourquoi cet agenda palestinien ? Tu l’as acheté où ? Pourquoi tu veux parler arabe ? « Les 2 objets suspects, l’agenda et le livre d’arabe trônaient sur le comptoir, touchés avec dégoût par les 2 soldates qui m’interrogeaient. Toutes mes affaires étalées au milieu de l’aéroport…. 3 passages des valises au scanner…. Pas moins de 6 personnes pour s’occuper de mes valises et de moi et un garde du corps personnellement attaché à ma personne qui ne m’a lâchée qu’à l’entrée du hall d’embarquement. De quoi se sentir VDP (very dangerous person)…C’est vrai que l’avion qui me ramenait à Bruxelles n’était qu’à moitié plein et que les autres voyageurs n’avaient pas mon profil…..

Le retour fut donc étonnamment simple. On prend l’habitude de se préparer à rester calme aux contrôles, barrages et checkpoints militaires quand on vit ici. Et bien sûr comme étranger, les procédures sont, oserais je dire, très cool par rapport à celles pour les Palestiniens.

De toute façon l’aéroport est interdit aux Palestiniens……

Naplouse est toujours aussi belle, le soleil radieux, les couleurs superbes……les soldats du check point fidèles à eux-mêmes…ou à leurs collègues passés et futurs…. Toujours les mêmes demandes du passeport, et moi, fidèle à moi-même à protester, peut être plus durement qu’avant, disant haut et fort que ceci est un check point militaire et pas une frontière. Le tourniquet à poulets est toujours là, les files d’attente des hommes compressés aussi….rien n’a changé ??? Ah si….il y a quelques traces sur le côté de la route, qui pourraient sembler être un début du commencement d’une route…..la rumeur disait que le check point Huwara serait supprimé et remplacé par celui de Zatara, à quelques kilomètres, là où les palestiniens se font contrôlés une énième fois autour de Naplouse. La nouvelle rumeur dit que non. Et que Huwara deviendrait un gros check point…. Quelques jours plus tard, j’ai vu des militaires gradés examiner le terrain.10 jours après, les travaux ont commencé, de la terre en tas, des bulldozers au travail (il fait bon être bulldozer en Palestine…..je vais vous dire pourquoi…). Il semblerait que la 2nde rumeur pourrait être une réalité. Alors Naplouse serait enfermée par un terminal,  Un terminal c’est comme ce qu’on connaît en France aux péages d’autoroute….un terminal est construit en dur et est fait pour durer. Un terminal coupera quasi définitivement la ville de son environnement.

Il fait bon d’être bulldozer en Palestine parce qu’un bulldozer a beaucoup de travail. En retournant à Jérusalem, j’ai vu de nouveaux mobil homes, et pour y accéder, de nouvelles ébauches de routes…tracées au bulldozer…. (Vous avez entendu qu’il n’y avait plus de nouvelles colonies ??? bien sûr que non…ce sont juste des extensions des colonies existantes…quelques kilomètres plus loin…).

Il fait bon être bulldozer en Palestine… un bulldozer fait toujours partie des convois militaires d’incursion. Cette semaine, dans plusieurs endroits de Palestine, des bulldozers ont détruit des maisons. Il y a mille raisons pour détruire des maisons palestiniennes. Ça peut être parce que les habitants ne sont pas en règle, alors on les chasse et on détruit leur toit. Ça peut être parce qu’on recherche un de ceux qui y habitent. Cette semaine, l’un d’eux n’étant pas là, les soldats ont arrêté ses 3 frères et détruit la maison. A Naplouse cette semaine, les bulldozers ont détruit des murs et des maisons dans la vieille ville parce lors de l’incursion les militaires ne pouvaient pas rentrer dans certaines rues, à cause de leur étroitesse. Ils s’y sont fait un passage.

Ça peut être aussi parce que la maison se trouve sur le tracé du mur…(.non la construction n’est pas arrêtée….qui vous a dit ça ???). Alors le bulldozer qui sait bien détruire les maisons abat aussi les oliviers et laboure les terres pour faire place nette au mur.

Alors voilà, non ça n’a pas beaucoup changé. Il y a toujours autant de barrages, de checks points et de contrôles infâmants (mais qui donc vous a dit que les barrages étaient levés ???)

Non, ça n’a pas changé beaucoup….hier Naplouse a été réveillée par les hélicoptères et une cinquantaine de véhicules militaires, au très petit matin, un mort, 6 blessés.

Ah si, l’ambiance a changé…. Une atmosphère lourde papable dans la ville. Des gens inquiets et qui ne se sentent pas en sécurité. Les incursions israéliennes ? Non.. ; Ça, ça fait des années….c’est pas nouveau…..

Ce sont les combats fratricides qui font peur …

Photo envoyée par Catherine

Envoyé : mardi 28 novembre 2006 10:15 Objet : une belle journée...

27 novembre 2006

Une belle journée de fin novembre… du soleil, du soleil chaud… Dans la voiture il fait chaud, presque au point d'enclencher la clim…

Nous voilà partis, la traductrice, mon ange gardien et moi, pour une rencontre avec des partenaires à Azoun , un village près de Kalkylia.

Kalkylia. la ville enfermée par le mur. Le paysage est toujours grandiose, le soleil magnifique, le village très joli, plein d'enfants, de jeunes qui nous interpellent, le réunion pas mal du tout…

On repart….un groupement de gens à un croisement dans le village, des voitures qui ralentissent et des gens qui nous crient : «  y a des gamins qui jettent des pierres sur les soldats ». Une voiture militaire est là, 4 soldats, mitraillette en joue, visent des gamins, 8, 12ans, cachés derrière un mur, comme s'ils jouaient à cache cache en rigolant. Ils ne vont quand même pas tirer sur ces gamins ????? Ça arrive Catherine…..mais bon, non ça va pas arriver, c'est pas possible….

Je commence à me glacer. On continue, jusqu'à arrêt complet d'une file de voitures. Une seule jeep, 4 soldats rigolards. La route est bloquée, le village entier est bouclé. Personne ne sort, personne ne rentre. Des hommes sont assis sur des chaises, tout le monde se parle, certains chauffeurs tentent de parlementer avec les soldats pour passer. Non, personne ne sort. Les autres bloqués en face font des signes, des gamins s'avancent. Non, les soldats les empêchent aussi de passer.

Une carriole arrive, tirée par un âne, conduite par une femme d'âge respectable…elle fait comme si de rien n'était. Elle passe…. Un soldat tente de l'en empêcher…. D'un revers de la main, fouet dressé, elle semble lui dire : dégage, laisse moi passer !!! Le soldat lève les yeux au ciel et….la laisse passer en se tournant vers son collègue….

Cachez cet âne que je saurai bloquer !!!! La vieille, la carriole et l'âne rentrent dans le village……

C'est l'heure de la prière. Le chauffeur de la voiture précédente descend de la voiture, trouve un carton, le déplie et l'étale sur le trottoir….et se met à prier…. C'est à ce moment que les soldats décident de lever l'ancre…. En quelques secondes le blocage est levé, les voitures circulent…sauf celle devant ! La prière n'est pas finie….

On attend…..

Des hommes arrivent en suivant la jeep qui arrive du village. Ils réclament les clés de leurs voitures. Les soldats ont confisqué leurs clés. Les soldats font la sourde oreille et vivent leur vie de soldat israélien  en Palestine….. Ils gardent les clés…..

Les gens du village nous ont raconté que souvent les soldats bloquent le village plusieurs heures, apparemment sans raison, si ce n'est celle de perturber la vie quotidienne des habitants......

Envoyé : samedi 25 novembre 2006 01:21 Objet : Je rentre

25 novembre 2006

Je rentre

Je rentre à la maison. J'ai fini les 6 mois de mission à Naplouse. Je rentre. Je vais retrouver ma famille, mes amis, impatients mais beaucoup moins que moi !

Je rentre, je vais retrouver ma ville, le ciné, les rues, la campagne électorale en cours, les « affaires « françaises et toutes ces occupations nationales….

Je rentre….

Mais juste pour un mois…..

J'y retourne… j'y retourne encore 3 mois…. J'ai pas fini, j'ai pas tout compris, j'ai pas clos…j'ai juste ouvert des portes, suis pas encore complètement rentrée dedans…faut que j'y retourne…

C'est mon dernier week-end à Jérusalem. Un de mes collègues palestinien est venu avec moi. Resto avec tout le monde. La maison est souvent pleine. Des collègues, des amis, de Palestine, de Jordanie, de France, d'Égypte, d'Espagne, de Grèce et d'ailleurs. Repas palestinien dans un des trop peu nombreux restos palestiniens de Jérusalem-est.

Comme d'habitude, mélange de toutes nos langues, et essai joyeux d'arabe naplousi, de Jérusalem et d'ailleurs… mon équipe s'amuse à m'apprendre des mots typiques naplousi avec un accent plus que « profond ».

Après le repas, il nous arrive souvent d'aller prendre un pot dans une boite à l'ouest, réputée pour son ouverture. S'y croisent des israéliens « de gauche », des refuzniks, des étrangers et des arabes israéliens. On y danse, on y drague, on y refait le monde tous ensemble….

Ce soir… pas possible pour notre collègue de Naplouse ; il a une « permission » pour venir à Jérusalem, avec « sortie en ville » autorisée jusque 19H, pas plus tard. On a beaucoup pensé, lui et moi, à notre collègue de Naplouse, interdit de sortir de Naplouse, parce que moins de 30ans, pas marié, donc… terroriste potentiel. J'ai parlé avec lui sur le net, il a appelé son collègue. Il pose plein de questions sur ce week-end.. Un week-end précédant, un autre collègue, du camp de Balata est venu. Il m'a dit : Catherine ! cette différence, ce monde ici, comment c'est possible ! Je sens qu'ils me regardent tous, je me sens mal, je ne veux plus venir là… »

Je rentre…

Mais je reviens à Naplouse. Naplouse de plus en plus secouée. Naplouse de plus en plus inquiète et inquiétée. Pas une nuit où n'éclatent explosions, shootings. Il y a 6 mois, les shootings et les incursions ne commençaient qu'une fois la nuit bien installée, vers 1h du matin. Maintenant, dès 18 h, ça commence. Ça tire, ces tirs qui résonnent contre les flancs de la montagne, qui claquent sèchement. Proches, très proches. C'est souvent le camp Ein Beit Al Ma  juste à côté de la maison qui est visé maintenant. Et puis les bruits des véhicules militaires, les rafales de mitraillette. Parfois les sirènes des ambulances…

Une nuit, réveillée par une explosion et les tirs qui l'accompagnaient, j'ai entendu le haut parleur. Glacée par les paroles que j'entendais : « go out, quiettly » et puis les tirs et encore l'horrible bruit du bulldozer et des maisons détruites… même les chiens se taisaient… et puis des tirs,encore des tirs…

Le lendemain la mosquée annonçait la mort de 2 martyrs, tués dans la nuit.

Naplouse a enterré ses 2 jeunes, sous les tirs en l'air de leurs compagnons.

Toutes les nuits l'armée entre, détruit, blesse, tue. Toutes les nuits des bombes explosent sous les jeeps militaires. Toutes les nuits les résistants résistent, avec l'énergie du désespoir…

Bande de Gaza
Impact de l’embargo international et des attaques de l’armée israélienne
sur l’état de santé de la population

publié le vendredi 17 novembre 2006

Depuis février 2006, les Territoires palestiniens occupés souffrent des effets de l’embargo économique international décrété par les principaux bailleurs occidentaux après la victoire du Hamas aux élections parlementaires du 25 janvier 2006

Lire la suite :  http://www.france-palestine.org/article5188.html

 

Envoyé : mardi 7 novembre 2006 18:13 Objet : Azarya

AZARYA


Cimetière d’AZARYA, séparé de Jérusalem par le mur.
La tombe du père de mon ami Khaled, décédé en mars de cette année. Khaled m’a dit : «  il n’a pas pu revoir Jérusalem de son vivant. Son corps est resté de ce côté, maintenant son esprit est partout ».

L’entrée » du cimetière:

AZARYA touche Jérusalem, il est derrière le Mont des Oliviers,  
Joli non ??

Le désert au loin…. Tout autour…..
                                        Non pas tout autour… autour il y ça :

Ma’ale adumin, la colonie  qui s’étend… qui encercle Azarya.

Ok, mais de l’autre côté, vers Jérusalem….. C’est ouvert non ???? Non……. De l’autre côté il y a çà :

ici, le vieux monsieur rencontré m’a expliqué que sa fille habite à 300 mètres de l’autre côté . Ils ne se voient plus. Il n’a pas « l’autorisation «  pour se rendre à Jérusalem. Et encore çà :, le Mont des Oliviers derrière le mur,. Juste là derrière ce mur, se trouve l’hôpital  AUGUSTA VICTORIA, avant l’arrivée du mur il était à 5 minutes. A plusieurs heures maintenant.

Et puis çà c’est la route coupée pour aller à  Jérusalem

Encore çà :

 

Ici, la route pour aller à Bethléem (qu’on voit au fond):

Une route que pour les Palestiniens…

Qui ne peuvent s’y rendre qu’après avoir traversé ce check point :

Sans leur voiture. C'est-à-dire que pour se rendre à Bethléem et dans le sud de la West Bank, un Palestinien doit traverser ce check point à pied, prendre un taxi de l’autre côté et s’engager sur cette route en lacet, par tout temps, hiver comme été, sous la pluie comme sous le soleil.

Les routes à 4 voies sont interdites aux voitures à plaques vertes (palestiniennes) seules les jaunes ont le droit d’y circuler.

Et celle là pour finir…. Sans commentaire….

Envoyé : vendredi 3 novembre 2006 22:30 Objet : Coup de blues

Photo Dugarin

 C’est quoi ce coup de blues qui s’incruste en moi ?? C’est quoi cette tristesse qui s’installe ??

Enfin quoi…… qu’est ce que c’est ce petit bout de terre qui ne porte même plus de nom sur les cartes, dont on ne parle jamais aux infos qu’à travers israel, à travers des histoires de terroristes, de roquettes et de tsahal….. (oui oui, l’armée israélienne s’appelle tsahal, tsahal parle, tsahal fait des déclarations…..) Une terre qui s’efface peu a peu , écrasée par des maisons modernes, propres et alignées,et toutes pareilles,un bout de terre dont les villes ont des noms même pas conformes aux cartes officielles….

Non mais, pourquoi un coup de blues ????

Pourquoi avoir mal de voir cette barrière de sécurité qui protège le vrai pays avec un  nom, un gouvernement, pas en prison celui là, un pays qui reçoit des visites officielles, dont on parle partout dans le monde en citant son nom et son armée par un joli petit nom ?….

C’est vrai quoi, pourquoi pleurer d’entendre les récits des terroristes qui veulent aller de l’autre coté des check points, ces checks points qui protègent le vrai pays de leur agissements meurtriers….c’est vrai quoi, qu’ils vivent, ces terroristes, dans leur  bouts de terre à l’intérieur des ces barrages …. C’est vrai quoi, qu’ils y vivent et enfin foutent la paix au vrai pays avec son vrai nom…..

Et puis quoi, bon, il faut leur ôter l’envie de venir  dans le pays civilisé….faut les humilier : les faire chanter une chanson,, les faire déshabiller, les faire poireauter, les faire s’écraser contre les tourniquets, leur faire peur en les obligeant à passer devant le soldat en joue avec sa mitraillette, et puis quoi de temps en temps faut en tuer un aussi …ben oui…c’est pour du vrai tout ça….faut pas rigoler non plus…..c’est dangereux des terroristes qui persistent à vouloir     vivre , eux et leur famille sur ce bout de terre sans nom….

Faut les arrêter, en mettre de plus en plus en prison, les empêcher de nuire au beau et vrai pays , celui qui dégaine au moindre frissonnement , celui qui tue les mouches au bulldozer….

Détruire leurs oliviers qu’ils s’entêtent à faire vivre, empêcher les jeunes d’étudier …..

Les éliminer, les enfermer, les encercler….

Les affamer, les réduire à néant….

C’est quoi ce coup de blues ????

Envoyé : dimanche 15octobre 2006 19:59 Objet : 15 octobre

15 OCTOBRE 2006

La pluie est arrivée…. Et pas un petit crachin de rien du tout, non non, la pluie et le vent, les nuages et les couleurs du début d’automne. Même que tout ça pourrait rivaliser avec les couleurs magiques lilloises !!!

Donc la pluie, sur la poussière ocre accumulée tout l’été, les fossés et chaussées défoncées… ça donne de la boue, des torrents de boue, des plaques sur les routes dignes de nos plus belles plaques de verglas… Sur la route ce matin pour rentrer à Naplouse, mon ange gardien par liaison radio, m’a prévenue : Attention Catherine !!! C’est du savon !!!

Oui du savon, un bus palestinien s’est renversé, plusieurs morts, des blessés. La route est détournée. Ce que je pensais être un check point est un barrage militaire… pacifique. Un soldat m’explique en hébreu qu’il y a eu un accident. Me voila sur la route parallèle, sillonnant les paysages grandioses, arides, habités par des grappes de bédouins, dans leurs tentes, parcourus par les chèvres et les bergers .La pluie et le vent alternent et je roule doucement, soufflée comme à chaque fois par cette majestueuse beauté que je prends en pleine face…

Habités aussi par des villages neufs, pleins de maisons toutes pareilles, entourés de miradors et de grandes antennes militaires, parfois de barbelés… des colonies… certaines en sont encore à leur balbutiements, ce ne sont que quelques mobilhomes reliés aux poteaux électriques. Une amie palestinienne, pas sortie de Naplouse depuis quelques mois, avec qui je faisais cette même route il y a quelques semaines s’est sentie très écœurée de constater l’avancée de ces constructions sur la terre palestinienne.

La grand route retrouvée je reconnais le check point Zatara , un contrôle habituel, long pour les Palestiniens venant de Naplouse, pourtant déjà contrôlés à Huwara et parfois entre les 2 par des soldats, protégés dans une guérite et l’arme pointée vers les voitures.

Les torrents d’eau traversent le village juste avant l’entrée de Naplouse.

Au check point, comme d’habitude, le soldat fait un signe des doigts, négligemment, pour m’autoriser à avancer. Un nouveau. Il a appris par ses pairs comment utiliser le code des doigts…

Bonjour. Ma carte professionnelle. Ça ne suffit pas, il veut la licence de la voiture. Je discute, comme à chaque fois que ma carte ne suffit pas… Il veut mon passeport. Je refuse, comme d’habitude :

« Est-ce une frontière ici ?? Non. Donc pas besoin de passeport…»

 Et nous voila entamant une discussion… il a l’air ouvert…

« De où viens-tu ? « Je suis française »

« Et tu viens travailler ici ??? ( avec un air très étonné) Oui, ça fait 5 mois.»

 « Mais c’est très dangereux de venir ici !! »

 « Tu es nouveau ? » « Oui, nouveau.., »

« Tu penses que c’est dangereux de venir ici ? Pourquoi ?» 

« Parce que on rentre toutes les nuits ici à Naplouse »

« Tu veux dire que c’est  à cause de vous que c’est dangereux ?» 

« De moi…? » (Le you anglais est trompeur…), avec un air étonné et un sourire, non pas moqueur ni malicieux, mais  naturel, enfantin.

« Non pas toi… bien sûr, vous, les soldats, … »

« Oui !!! Bien sûr !! » me dit il.

Il ne me dit pas, comme maints de ses prédécesseurs, que ce sont le Palestiniens de Naplouse qui sont dangereux…

« Oui c’est dangereux, je lui réponds, parce que toutes les nuits vous êtes là .Mais j’y travaille, il y a beaucoup de besoins ici… »

« Oui me dit il, il y a beaucoup de besoins… »

Un joli sourire triste….. Et un « bonne journée, bon courage »…

Avant de traverser la ville et rejoindre le bureau ,après le passage du check point il faut encore traverser des barrages… de taxis… de taxis jaunes, dans tous les sens, certains sans chauffeur, arrêtés au milieu de la route, entre les énormes plots posés par les militaires. Il faut klaxonner, reculer, sourire, répondre avec mon arabe très débutant, faire des signes (oui oui j’en connais maintenant !!!), négocier le passage, le côté de la route. Il faut encore manœuvrer à travers les gens, des vieux en tenue traditionnelles, des femmes voilées, des enfants, des étudiants, des étudiantes, des hommes portant des bébés emmitouflés et des hommes tirant ou poussant des carrioles pleines à craquer de ce que je n’ai jamais su définir…

Tous se dirigent vers le tourniquet, vous savez, le tourniquet à poulets…

Envoyé : samedi 14 octobre 2006 14:32 Objet : vidéo du Monde

Au check point de Bethléem hier :

 Échauffourées à un check-point de Cisjordanie

En Cisjordanie, des échauffourées ont éclaté entre Palestiniens et policiers et soldats israéliens à cinq check-points, vendredi 13 octobre. Pendant la période du ramadan, des milliers de Palestiniens de Cisjordanie passent les check-points pour se rendre à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, un haut lieu saint de l'islam, afin d'y assister aux prières du vendredi. (Le Monde)

http://www.lemonde.fr/web/video/0,47-0@2-3218,54-823331@51-803567,0.html

Envoyé : mercredi 11 octobre 2006 10:11 Objet : texte de Nurit Peled

Éducation ou contamination des esprits ?

Nurit Peled-Elhanan
La docteure Nurit Peled est professeur à l'université hébraïque de Jérusalem

 [1] " Le Dr Nurit Peled-Elhanan est chargée de cours en sciences du langage à l'Université hébraïque de Jérusalem, spécialisée dans le discours au sein de l'éducation israélienne, avec un accent mis sur  les représentations visuelles et verbales des Palestiniens et des juifs non occidentaux. En septembre 1997, Samarder, la fille de Nurit, a été tuée par un Palestinien dans une attaque suicide. Elle et sa famille sont membres des Familles en deuil palestiniennes et israéliennes pour la paix. Ses deux fils sont actifs dans les mouvements de paix des refuzniks et de Combattants pour la paix, un  nouveau mouvement d'ex-combattants israéliens et palestiniens. Nurit Peled-Elhanan a reçu en  2001, le prix Sakharov du Parlement européen pour les droits de l'homme et la liberté de pensée. Elle est actuellement en tournée aux USA avec une femme palestinienne (Hanan Abu Ghosh) qui a perdu son frère âgé de 17 ans suite à des tirs israéliens". Mazin Qumsiyeh

Discours tenu à l'université du Connecticut, New London, 27 septembre 2006,

publié le mercredi 4 octobre 2006

"Cher père,

quand tu seras sur ma tombe

vieux, fatigué et très seul,

 et que tu verras comment ils m'ont enterré :

 demande-moi de te pardonner, mon père."

Je voudrais dédier ces mots à tous les garçons et filles palestiniens, à tous les garçons et filles libanais, ainsi qu'à tous les garçons et filles irakiens qui ont été massacrés par des garçons soldats israéliens et américains à l'esprit contaminé, et qui ont récemment rejoint ma propre petite fille dans le royaume souterrain des enfants morts, qui grandit sous nos pieds pendant que je parle [1].

.Je voudrais leur dire de ne pas s'inquiéter : Enfants, vous y serez bien reçus et personne ne vous blessera simplement parce que vous avez fait l'école buissonnière ou parce que vous sortiez un voile sur votre tête ou parce que vous viviez dans un certain endroit. Reposez en paix, chacun a droit à une égale dignité dans votre nouveau monde. C'est le monde où les enfants israéliens demeurent côte à côte avec les enfants palestiniens. Là ils reposent, victimes et meurtriers, dont le sang a été longtemps absorbé par la Terre sainte, qui a toujours été indifférente au sang. Là ils reposent, tous victimes de duperie.

Vous tous, enfants morts, avez été trompés, parce que votre mort n'a abouti à rien du tout et le monde continue à vivre comme si votre sang n'avait jamais coulé. Parce que les leaders du monde continuent à jouer leurs jeux meurtriers, en vous utilisant comme des dés et en utilisant notre chagrin comme carburant pour leurs machines à tuer. Parce que les enfants sont des entités abstraites pour des généraux et que le chagrin est un outil politique. Vivant des deux côtés, celui des victimes et celui des tueurs, je continue à me demander quels sont les moyens qui font que de bons enfants israéliens sont transformés en monstres assassins, quels sont les moyens qui contaminent autant leurs esprits pour qu'ils en viennent à tuer, torturer et humilier d'autres enfants, leurs parents et grands-parents, et à sacrifier leur propre vie pour rien d'autre que la folie et la mégalomanie de leurs chefs.

 

Dans le prétendu monde occidental éclairé chacun se sent très légitime quand il blâme l'islam pour les attentats suicide et la terreur. Mais qui songerait à blâmer le judaïsme pour meurtre ? Les enfants juifs ultra-orthodoxes qui n'ont jamais quitté Brooklyn savent que tuer des Arabes est un « mitzva » (commandement sacré) car pour eux ce sont des « vilde hayeths » (bêtes sauvages). Et les enfants israéliens commettent réellement les crimes de massacre et de torture. Ni le judaïsme ni l'islam ni aucune autre religion dans ce domaine ne sont la cause des meurtres et de la terreur. C'est l'éducation raciste qui l'est. C'est l'impérialisme américain qui l'est, c'est l'impitoyable régime d'occupation israélien qui l'est. Les femmes et les enfants qui souffrent le plus de la violence occidentale aujourd'hui sont les femmes musulmanes mais le racisme ambiant fait que la souffrance de ces femmes est imputée au fait qu'elles sont musulmanes.

Le monde occidental aujourd'hui est infecté par la peur de l'Islam et de la matrice musulmane. La grande France de la liberté-égalité-fraternité est effrayée par des petites filles voilées, l'Israël juif appelle, dans des discours publics et des livres scolaires, les citoyens arabes d'Israël un « cauchemar démographique » et « l'ennemi intérieur ». Quant aux réfugiés palestiniens vivant sous occupation, ils sont définis dans les livres scolaires israéliens d'histoire comme un « problème à résoudre ». Il n'y a pas bien longtemps c'étaient les juifs qui étaient un problème à résoudre.

Ceci en dépit du fait que les gens qui détruisent le monde aujourd'hui ne sont pas musulmans. Les gens qui utilisent les armes désastreuses les plus sophistiquées pour tuer des milliers de civils innocents ne sont pas musulmans. Ils sont chrétiens, et juifs. Néanmoins ce sont ceux qui appartiennent aux cultures judéo-chrétiennes, qui soutiennent les crimes contre l'humanité américano-britanniques et israéliens, et en particulier contre les musulmans partout dans le monde, les personnes qui envoient leurs enfants au combat dans ces guerres inutiles impitoyables au nom de la démocratie et de la liberté qui sont des noms de code pour l'avarice et la mégalomanie, qui se voient eux-mêmes comme éclairés et blâment tout cela au nom de je ne sais quel clash imaginaire des civilisations.

Quelle solution ce monde frappé par la peur offre-t-il aux Palestiniens, aux Irakiens ou aux Afghans qui sont harcelés, maltraités, torturés et affamés par les crimes et l'exploitation occidentaux ? L'offre générale que ce monde éclairé leur fait consiste à dire : soyez comme nous. Constituez une démocratie comme les nôtres, embrassez nos valeurs qui vous méprisent, qui vous considèrent comme un tas de primitifs inférieurs qui doivent être cultivés ou épurés.

Ceci, mesdames et messieurs, est l'attitude qui permet aux soldats américains de violer, torturer et tuer des hommes, des femmes et des enfants musulmans par milliers, qui permet à des soldats israéliens d'ordonner aux femmes palestiniennes de se déshabiller devant leurs enfants pour des raisons de sécurité, aux geôliers de les maintenir dans des conditions inhumaines, sans les règles hygiéniques nécessaires, sans eau ou matelas propres et de les séparer de leurs nourrissons et enfants en bas âge. De bloquer leur chemin vers l'éducation, de confisquer leurs terres, de détruire leurs puits d'eau, de déraciner leurs arbres et de les empêcher de travailler leurs champs. C'est ce qui permet aux pilotes israéliens de laisser tomber une centaine de bombes d'une tonne par jour sur le secteur le plus peuplé au monde - Gaza. C'est ce qui permet à Israël de voter les lois racistes qui séparent des mères, des pères et des enfants.

Les femmes palestiniennes, irakiennes et afghanes sont des mères comme moi. Et quand elles perdent un enfant, même si c'est un enfant de 12 ans, leur douleur est égale à la mienne. Mais en plus de perdre leurs enfants, elles perdent également leurs maisons, leur vie et leur futur parce que le monde n'écoute pas leur souffrance et ne punit pas leurs meurtriers. Leur honneur de femmes et de mères est écrasé. Leur identité est détruite et leur cri n'est pas entendu. Leur foi et leurs coutumes, leurs modes de vie séculaires sont traités par le mépris.

Les soldats américains ne sont en fait pas les seuls à massacrer des « Arabes » : les soldats israéliens le font aussi avec les Palestiniens et les Libanais. Et ces soldats israéliens n'ont probablement jamais vu un visage humain arabe avant de se retrouvent à l'armée. Mais ils ont appris, pendant 12 longues années, que ces gens sont primitifs, qu'ils élèvent des enfants pour les envoyer dans la rue jeter des pierres sur nos soldats qui-veillent-au-maintien-de-la-paix, qu'ils sont incultes parce qu'ils ne reçoivent pas notre éducation, étant fourbes et sales parce qu'ils ont une autre notion que nous de la politesse, qu'ils s'habillent différemment et se couvrent la tête avec différents morceaux de tissu. Eh bien, d'après mon expérience, il y a beaucoup plus de keffiehs que de kippas dans le camp des partisans de paix. Des enfants israéliens sont empêchés de connaître leurs voisins immédiats, leur histoire et leur culture, leurs mérites. Des enfants israéliens sont éduqués à voir en leurs voisins des éléments indésirables. Ce n'est pas de l'éducation, c'est de la pollution mentale.

Le scientifique Richard Dawkins a été le premier à parler de virus mentaux. Les enfants, parce que leurs esprits sont crédules et ouverts à quasiment toute suggestion, ne sont pas immunisés contre les pollutions mentales de toutes sortes de propagande et de mode. Ils se laissent facilement persuader de percer leurs visages et de tatouer leurs fesses, de mettre leurs casquettes à l'envers et de dénuder leurs ventres, de croire aux anges et aux fées.

Ils acquièrent également facilement les croyances politiques et s'approprient les cartes mentales qui influenceront plus tard leurs décisions sur la question des futures frontières de l'État et sur la nécessité de la guerre. Tous nos enfants ont l'esprit contaminé à un âge précoce. De sorte qu'au moment où ils sont en âge de devenir de vrais soldats, ils ont déjà appris à être de bons soldats, c'est-à-dire que leurs esprits sont totalement contaminés et qu'ils sont incapables de remettre en cause la « vérité » qui leur a été inculquée.

Ceci est une partie de l'explication que l'on peut donner aux actes terribles qui sont commis aujourd'hui par de braves garçons israéliens, qui sont définis encore et toujours comme des « gens attachés aux valeurs ». Il est donc grand temps de se demander de quelles valeurs il s'agit. Les lignes suivantes font partie d'une préface personnelle de Tal Sela, un de mes étudiants d'université, à son mémoire de fin d'études, qui inclut l'analyse d'un manuel d'histoire.

« Le 5 septembre 1997 je me trouvais au Liban, dans une mission de renfort. Tous mes amis étaient dans la bataille, 12 soldats ont été tués. Les jours suivants j'étais heureux : "je suis vivant, j'ai survécu", me disais-je à moi-même. Mais un an plus tard, j'étais dans
une dépression profonde. Triste et morose. J'ai décidé de consulter un psychologue. Après quelques séances j'ai pu rassembler mes forces, physiques et morales. J'ai pu réorganiser mes pensées. Alors j'ai compris que la crise mentale que j'avais eu était en fait une crise morale, une crise de conscience. Ce que j'avais réellement ressenti c'était de la frustration, de la honte et de la colère...

Comment avais-je pu être si crédule et me laisser tromper ? Comment expliquer qu'un homme de paix s'expose à une expérience si morbide de son propre gré ? Aujourd'hui, comme toutes les deux semaines, j'ai conduit des activistes pacifiques aux postes de contrôle militaires de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés. J'ai vu un officier mettre les menottes à un chauffeur de taxi parce qu'il n'avait pas obéi à l'ordre des soldats pour se garer ici et pas là. "Nous le lui avons dit mille fois", disaient les soldats. L'homme était couché à terre dans la pire chaleur de l'été, assoiffé, pendant des heures. Son ami était plus chanceux : il a dû rester debout dans une cellule, sans menottes. »

Qu'est-ce qui a poussé ces jeunes garçons israéliens à jouer le rôle des juges suprêmes à en perdre tout jugement ? À mon avis c'est le grand récit sioniste qui sert de conscience collective à toute la société israélienne, tant de manière explicite qu'implicite. Ce grand récit est le système des valeurs qui nous incite à appartenir à ce collectif particulier.

C'est le système qui dicte les rapports entre nous et les Palestiniens. Comment sinon peut-on expliquer que des jeunes qui ont été éduqués à aimer leur voisin comme ils s'aiment, tuent leurs voisins, détruisent leurs établissements scolaires, leurs bibliothèques et leurs hôpitaux, pour aucune autre raison apparente que le fait que ce sont leurs voisins ? La seule explication est que leurs esprits sont contaminés par les parents, les enseignants et les leaders, qui les convainquent que les autres ne sont pas aussi humains que nous, et donc que les tuer n'est pas vraiment un meurtre ; cela porte, pour être légitimé, d'autres noms tels que « épuration », « nettoyage », « punition », « opération », « mission », « campagne » et « guerre ».

Même si je parle des garçons israéliens, ce n'est pas une affaire israélienne parce que, comme vous le savez, l'épidémie est mondiale. Mon neveu, Doroni, 7 ans, qui vit aux USA, est venu à la maison le jour de Halloween et a déclaré qu'il voulait être soldat, aller en Irak et sauver l'Amérique. Combien de jeunes hommes américains, ignorants comme lui l'absurdité de cette déclaration, sont vraiment allés en Irak et y sont morts sans savoir pourquoi, mais avec les mots « sauvons l'Amérique » sur leurs lèvres ? La question est : comment ces valeurs fausses ont-elles été imprimées dans leurs esprits et comment peuvent-elles être effacées ?

La psyché humaine, dit Dawkins, connaît deux grandes maladies : la tendance à mener des vendettas de génération en génération et la tendance de mettre des étiquettes de groupe sur des personnes plutôt que de les voir comme des individus. Nous souffrons tous des étiquettes, mais c'est seulement ceux d'entre nous qui sont morts à cause des étiquettes qui se sont rendus compte que la manière de combattre les étiquettes est de les refuser.

La manière de vaincre les faux systèmes de valeurs est de les mettre à nu. Les virus de l'esprit ne sont que partiellement affaiblis par des jeunes comme Tal et d'autres refuzniks israéliens tels que les « Combattants pour la paix ». Mais la plupart de nos enfants contaminés ne seront libres de l'emprise de ces virus que quand ils auront trouvé le repos final dans le royaume toujours croissant et souterrain des enfants morts. C'est seulement là qu'ils réaliseront que ce n'est pas important que leur tête ait été couverte ou pas dans une synagogue, une église ou une mosquée, qu'ils aient été circoncis ou pas, qu'ils aient ou pas prononcé des mots interdits, qu'ils aient mangé du porc ou de la vache ou qu'ils aient pris un chocolat chaud après leur pizza au salami juste avant de sauter sous la bombe de quelqu'un qui ne l'était pas ou ne l'avait pas fait.

Les mères israéliennes, américaines, anglaises, italiennes élèvent leurs enfants avec tout l'amour et le soin afin de les sacrifier au dieu de la mort, comme si leur utérus est un capital national ou plutôt international. Des pères poussent leurs enfants à s'engager dans des armées dont les intérêts n'ont rien à faire avec la défense. Et quand ces enfants meurent pour le bénéfice de quelqu'un d'autre, leurs parents portent le deuil avec dignité et fierté, comme on leur a enseigné, mettant les photographies de leurs enfants morts sur le dessus de la cheminée et soupirent : il était si beau en uniforme.

Il est temps de dire à ces parents que personne n'est beau dans l'uniforme de la brutalité. Il est temps de leur dire que les uniformes, les grades et les médailles sont devenus laids. De leur dire que leur dignité et leur fierté sont mal placées. Il est temps de dire aux juifs que la seule manière de décourager l'antisémitisme c'est de condamner le seul gouvernement au monde qui envoie délibérément de jeunes juifs, garçons et filles, à une mort certaine et qui persécute, jusqu'au génocide, une nation sémite entière. Il faut leur expliquer que c'est le gouvernement juif et les actions de son armée, non je ne sais quelle haine primaire pour la race juive, qui sont les raisons de l'invention du nouveau signe que nous voyons souvent dans les manifestations pro palestiniennes, où l'étoile de David est mise en égalité avec la croix gammée.

C'est une tâche terriblement difficile pour les personnes qui ont été éduquées en Israël ou aux USA ou dans n'importe quel autre pays « démocratique occidental » d'admettre que nous avons ont été élevés sur des valeurs racistes fausses. Sur l'hétéro phobie. La seule chose qui peut mettre en valeur un tel changement dans les esprits, c'est l'image constante des petits corps mutilés des victimes de ces valeurs.

Demain c'est Yom Kippour, le jour le plus saint pour les juifs. Ce jour-là, les gens doivent demander le pardon. Pas pour pardonner mais pour essayer d'être pardonné. Je voudrais citer une strophe d'une poésie écrite par le défunt Hanoh Levin, un des plus grands dramaturges d'Israël, dans les années 70 :

"Cher père,

quand tu seras sur ma tombe

vieux, fatigué et très seul,

 et que tu verras comment ils m'ont enterré :

 demande-moi de te pardonner, mon père."

Nous devons tous demander pardon à nos enfants pour ne pas avoir été plus vigilants, pour ne pas nous être battus suffisamment afin de tenir nos promesses d'un monde meilleur, pour ne pas avoir refusé plus tôt les virus du mal et pour les avoir laissés être les victimes de la contamination horrible, la contamination mentale dont nous souffrons tous. Regardons leurs petits visages innocents, hébétés et sans illusions et demandons-nous : pourquoi ce sillon de sang déchire t-il la pétale de leur joue ?"

Nurit Peled-Elhanan

Source : http://www.qumsiyeh.org

Traduit de l'anglais par Corinne Grassi

Envoyé : mercredi 11 octobre 2006 02:13 Objet : 11 octobre

11 octobre 2006

Encore une fois j’ai laissé l’écriture de côté… encore une fois je me suis laissée envahir par ce sentiment d’inutilité des mots écrits, qui s’étaleront sur les écrans de mes amis et des lecteurs, des mots étalés à côté d’autres racontant les mêmes choses….

Pourquoi raconter ? Pourquoi écrire mille fois ces horreurs quotidiennes ?

Et puis pourquoi raconter un quotidien, toujours le même, de plus en plus violent, et pire encore dans sa quotidienneté qui devient elle-même violente….

Raconter chaque nuit où je suis réveillée par les explosions, les shootings, les aboiements….

Raconter les matins fatigués où les nouvelles sont toujours les mêmes : des morts, des blessés, des arrestations…

Raconter les visages souriants des collègues me disant : « rien que la situation habituelle, Catherine »

Raconter les passages des checks points, les files des hommes écrasés dans les portillons métalliques, comme des « poulets ». J’ai appris ça cette semaine, les palestiniens appellent ces tourniquets les boîtes a poulet….oui oui comme dans les élevages industriels où on pousse les volatiles les uns contre les autres pour les faire manger, les empâter et les abattre…

Raconter les réunions de travail à peine perturbées par les échanges de tirs..

Raconter les hommes armés de plus en plus nombreux, plus seulement dans la vieille ville, mais partout dans la ville..

Raconter les écoles fermées, les services de santé fermés, les pompes à essence vides, les magasins fermés…raconter la grève qui dure et se durcit…

Raconter le ramadan triste, les plaintes des commerçants qui restent avec leurs marchandises, le manque d’argent…

Raconter les gamins dans la rue parce que leur école est en grève, les malades chez eux parce que l’hôpital est en grève.

Et raconter l’agressive différence entre la West Bank et Israël… Naplouse et Jérusalem, l’insolent contraste des vies quotidiennes, l’incroyable arrogance des colonies toujours plus nombreuses et étendues sur la route entre Naplouse et Jérusalem…

Raconter tout ça encore et encore ???

Oui me disent mes collègues palestiniens, raconte, Catherine, il faut que tu dises, et dis aussi que tu es horrifiée de devenir comme nous, habitués à ce quotidien effroyable. Dis leur que c’est notre façon de résister, qu’on tiendra bon. Mais toi raconte, sois horrifiée, aie peur, ne dors pas et entends…

Et raconte…

 

Mais aussi je peux raconter les soirées de Ramadan autour des plats délicieux, des chichas embaumant l’air, des soirées sur les terrasses des appartements, des histoires qu’on me raconte, d’avant tout ça, d’avant l’occupation, d’avant les checks points et le restrictions de circulation, où de Naplouse on partait les soirs de Ramadan en été jusqu’à la plage prendre le frais de la mer….des histoires qui montent dans la nuit étoilée et se mêlent à la voix d’Oum Kalsoum…..

Raconter ces soirées magiques où la nostalgie et la colère s’enroulent dans une douce quiétude intemporelle…

Envoyé : mardi 10 octobre 2006 16:33 Objet : Palestine - Google Video

Bonjour,
ce lien renvoie à de nombreux films sur la Palestine, à regarder directement sur le PC.
à bientôt
Catherine

http://video.google.fr/videosearch?q=palestine&page=1&so=0&lr

La plupart des vidéos sont en anglais. Ci-dessous la seule que j'ai trouvée en français :
les cas de corruption en Palestine...
http://video.google.fr/videoplay?docid=8042307298001701557&q=palestine
JPC

Envoyé : dimanche 24 septembre 2006 15:16 Objet : de Naplouse projet HOPE

C'est en anglais, certes mais il y a des images live de la destruction de la Moqata de Naplouse entre autres

The Project Hope team is pleased to present you with a short and entertaining six minute VIDEO about our work with Palestinian children and youth in the West Bank. Entitled "Messengers of Hope," it was made within the context of yet another difficult July-August of this year. The video can be found easily on YouTube.com by searching "Messengers of Hope," "Moomtastic" or clicking on this direct link: http://www.youtube.com/watch?v=BfhPOuBygh0

The video can also be found by looking for Moomtastic Videos on our website (www.projecthope.ps) or Moomtastic's website (www.moomtastic.com). We hope you can take just a few minutes out of your day to watch this video.

Additional information about our recent work can be found in the attached September 2006 Update. If you are pleased with our humanitarian initiatives in spite of great adversity, and we hope you will be, we encourage you to share this update with others. Please feel free to contact us if you are interested in becoming involved in our program or kindly supporting it.

Yours Truly,

The Project Hope Team

Envoyé : jeudi 21 septembre 2006 06:11 Objet : les banques de Naplouse dévalisées

Ce fut une nuit pas comme les autres.
Bien sûr des convois militaires comme toutes les nuits,bien sur des tirs comme toutes les nuits et des explosions comme toutes les nuits.
Mais là ce fut long, bruyant, à plusieurs endroits de la ville. toute la ville a été réveillée.
Les tirs ont résonnés très fort et l'une des explosions fut particulièrement violente.
Le convoi militaire de plus de vingt véhicules est reparti comme il était venu. par la rue principale qui traverse Naplouse, et tranquillement...
ma
is à Naplouse il y a pendant ces 3 jours le festival "Naplouse nous t'aimons", organisé par DARNA , la maison des associations. la volonté et la résistance culturelle sont très fortes.... tranquillement...

un mail suivra....

  Raid israélien à Naplouse, l'armée saisit des fonds

AP | 20.09.06 | 11:07 AKCF102-0920060449  20 septembre 2006
http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060920.FAP2875.html?0916

NAPLOUSE, Cisjordanie (AP) -- Les troupes israéliennes ont mené un raid tôt mercredi en Cisjordanie, perquisitionnant des maisons et bureaux de change. Ils ont saisi près de 1,5 millions de dollars (1,2 millions d'euros), selon l'armée qui affirme que ces fonds proviennent principalement de l'Iran et servent à financer le terrorisme.
Au moins huit bureaux de change et un petit établissement bancaire ont été détruits lors de ces raids à Naplouse, Djénine, Tulkarem et Ramallah. Les soldats ont arrêté deux hommes qui détenaient des pistolets et des fusils de chasse chez eux.
Tsahal affirme que les bureaux de change sont impliqués dans le transfert de fonds aux groupes extrémistes de la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Les factions radicales les utilisent pour la fabrication de roquettes, de ceintures d'explosifs et de voitures piégées, ou d'autres activités, précise l'armée israélienne.
Au total, cinq millions de shekels (1,2 million de dollars, un million d'euros) et 170.000 dinars jordaniens (240.000 dollars, 200.000 euros) ont été saisis, selon l'armée.
Mohammed Assar, un cambiste de Djénine, a précisé que les soldats avaient saisi 250.000 dollars (200.000 euros) dans son bureau de change. "Ils m'ont forcé à ouvrir la porte et ont pris tout ce que j'avais: argent, chèques, dollars, shekels. Ils ne m'ont rien laissé d'autre que les gravats", a-t-il déploré.
Ibrahim Mouheissin, directeur de la branche de la Banque nationale jordanienne à Naplouse, a précisé que l'armée l'avait appelé après la démolition du bâtiment pour le prévenir qu'il avait été visé par erreur. Un des cambistes arrêtés avait affirmé que l'adresse de l'établissement était la sienne, a-t-il dit.
Plus de 80 lieux à Naplouse ont été visés par l'opération, dont un bureau de change fermé depuis dix ans, a rapporté le maire de la ville, Aji Ayish. AP

Envoyé : Mardi 19 septembre 2006 15:49  Objet : Bienvenue en Palestine

 

 

Poster du ministère du tourisme israélien
 sur le mur du check point pour rentrer à Bethléem.

Envoyé : dimanche 17 septembre 2006 19:11 Objet : à la vôtre !

Parce qu'il n'y a pas que l'horreur : une fête de la bière à TAYBEH, entre Nablus et Jérusalem, le même jour que l'ouverture de l'oktober fest à Munich .

Un village chrétien,un paysage désertique et magnifique, gâché par les colonies, les soldats, le camp militaire autour.
Une ambiance familiale de kermesse, des chants et des danses palestiniens, la résistance ,des moines de tous pays, des enfants qui courent et qui rient, des hommes et des femmes en couleur, des olives, et de la bière.....des photos suivront.
Autour le Pape et son huile qu'il jette sur le feu, et des hommes armés du Hamas qui protègent les églises chrétiennes de Nablus...
La vie continue encore et encore.....min chouf bokra !!

Envoyé : mercredi 13 septembre 2006 21:17  Objet : 13 SEPTEMBRE

J’ai tous les mots que je n’ai pas écrits coincés dans la gorge… ils se sont accumulés depuis mon retour de Jordanie. Tant accumulés que depuis hier ils me font mal ! Une angine, un air de grippe. Mon ange gardien n’a rien pu faire pour moi, mais notre cuisinière m’a préparé un remède palestinien… délicieux, c‘est tout ce qui a pu passer aujourd’hui ! Et dodo…

Ces mots sont restés coincés… pendant des jours. Coincés par ce sentiment étrange de les voir s’aligner mille et mille fois sur le papier, de les voir écrits mille fois par d’autres, sur d’autres sites, depuis des mois, des années. Sentiment étrange d’une certaine inutilité de ces mots, de leur impuissance. Sale sentiment qui ferait que j’arrête de dire, de raconter…

Mais ce soir ils ont décidé de sortir.

 

Pendant mon sommeil ce matin j’ai rêvé de shootings. Non, m’ont dit mes collègues. Pas un rêve, c’était une cérémonie.

Quelle manie ici de fêter les événements avec des fusils !

Réussite aux examens, mariage, et hop les armes crient leur joie.

Dans la semaine on est allé tous ensemble rendre visite à notre collègue blessé. C’était dans un camp derrière Naplouse, dans la montagne. En revenant, on a croisé plusieurs voitures des vitres desquelles sortaient des armes énormes ! Et les occupants manifestaient leur joie en tirant bruyamment… plus loin d’autres voitures, sans armes, mais avec des grands drapeaux verts du Hamas étaient pleines d’enfants et de gens partis manifester. Ah oui, les premiers étaient les participants à un mariage… Nous aussi on avait notre drapeau, celui de Médecins du Monde, bleu, avec une colombe portant un rameau d’olivier dans le bec.

Ce jour là, pour sortir de Naplouse, les soldats furent particulièrement vigilants. On passe par un petit check point dans la montagne. Différent du check point Huwara, sophistiqué avec ses tourniquets et contrôles électroniques, scanners à bagages etc. Ici c’est juste des cabanes avec ordinateur, des barres routes modulables et des soldats armés… Un grand nombre de gens étaient là, en file indienne, et sur le côté, pas n’importe comment. Tous contrôlés de façon très ordonnée par les soldats. Des gens des taxis, les grands taxis collectifs. Ça fait du monde un taxi collectif ! Donc les gens descendent du taxi, se font contrôler, et puis le taxi aussi se fait fouiller. Les voitures s’accumulent, le temps passe. Je conduis le 4/4, la petite voiture Médecins du Monde me suit. Le soldat me fait signe de venir, à pied. C’est moi qui négocie le passage. « Tu es française ? oui, une organisation médicale. Dans la voiture ce sont des Palestiniens ? oui, que des Palestiniens, alors je dois les contrôler » Juste la traductrice, un jeune femme devra sortir de la voiture, on peut passer sans trop de souci. Passage humiliant, sous haute pression, visages tendus et armes pointées. Pour moi, pas de danger, pour mes collègues sale moment, pour tous les autres le temps, l’humiliation, la peur et l’injustice… tous les jours.

Le jour de mon anniversaire, tôt au matin, un chef important de brigade a été tué par les soldats. Des shootings, des explosions puis la mosquée m’ont réveillée très tôt. Je ne comprends pas les paroles des mosquées mais je reconnais quand ce sont les paroles du Coran ou non. Tôt ce matin là, les mosquées annonçaient la mort de ce jeune homme et demandaient la fermeture des magasins en signe de deuil; en arrivant au bureau, la TV locale montrait en direct la morgue de l’hôpital, le tué ensanglanté et les gens autour qui le touchaient et le paraient des bandeaux des brigades. Une musique de circonstance, des images de la rue des combats, les gens, tout ça en direct rendaient l’atmosphère très pesante. Je recevais en même temps des vœux de bon anniversaire dans les oreilles par des appels téléphoniques .Etrange ambiance que cet anniversaire là !

La rentrée scolaire a eu lieu dans les jours suivants… ou aurait dû avoir lieu. En effet, un ordre de grève était lancé par le Fatah. Des hommes armés étaient présents dans certaines écoles pour faire respecter la grève et empêcher profs et enfants de rentrer, et d’autres du Hamas, armés également, empêchaient les présents de sortir. Les rues de certains quartiers étaient bloquées par des monticules, des poubelles renversées ou des pneus brûlés. Il y a eu quelques blessés.

Les salaires des fonctionnaires ne sont toujours pas versés, le niveau de vie devient de plus en plus critique.

Les chauffeurs de taxi manifestent pour faire respecter des règles sur les licences. Il y a dans Naplouse un nombre impressionnant de voitures volées en Israël, sans plaque d’immatriculation et sans assurance, et de + en + de taxis illégaux.

Y ‘a de moins en moins d’argent.

 

Pour terminer une photo de panneau détourné.

 

 

Le mot « Palestine » a été collé
 sur le nom d’une grande colonie israélienne : Ma’ale-

Envoyé : mercredi 30 août 2006 08:56 Objet : Course de solidarité à la braderie : dernier appel

Je suis partante.....mais de loin ! Je sais, c'est facile....mais bon !

Bon courage aux coureurs , bonne braderie et bon pot à tous.

Catherine

Envoyé : mardi 29 août 2006 14:03 Objet : retour à Naplouse

29 août 2006

Je rentre de ma semaine de break chez des amis en Jordanie.

Des hauts parleurs diffusent un hommage aux 2 martyrs tombés il y a quelques heures au camp de Balata… Des tirs accompagnent les corps au cimetière. Un hélicoptère a tourné longtemps sur la ville très tôt ce matin. 4 soldats israéliens ont été blessés.

Samedi les bulldozers israéliens ont détruit cet immeuble où, selon les sources israéliennes, des résistants se cachaient. 30 personnes sont à la rue, un jeune homme de 16 ans a été tué et les soldats sont repartis bredouilles. Cette info a été diffusée sur Euronews samedi soir. J’ai vu, pour la 1ère fois à la télé, des images d’un bulldozer israélien détruire un immeuble palestinien ; et pour la 1ère fois j’ai entendu le journaliste dire qu’un adolescent de 16 ans avait été tué par une balle dans le dos… mais c’est vrai que je regarde peu la télé à Naplouse. Rien au journal de 20 h de France 2 passant sur TV5 orient. Et là j’étais à Irbid, en Jordanie

Oui samedi c’était ma dernière soirée en Jordanie, dernière soirée d’une semaine de repos. J’étais loin des touristes et des sites touristiques du sud… J’étais chez des amis à Irbid. Irbid l’universitaire, Irbid la contestataire.

La route de Jérusalem au poste frontière Sheikh Hussein Bridge longe le Jourdain. Le paysage est désertique, magnifique à mes yeux de française amoureuse du désert… magnifique et… aride, sec, pratiquement sans végétation… Et puis passage du check point Bissan… Et là… on se croirait dans un autre pays ! Des arbres, de l’herbe, des cultures… On traverse une petite ville coquette, avec des pelouses qu’un employé est en train de tondre… Je vois même des arroseurs automatiques sur certains terrains. Les maisons sont proprettes, entourées de jardins fleuris… Saisissant ! Je verrai plus tard en Jordanie des terrains près du Jourdain, achetés par des Israéliens et aussi des villages arabes,relativement bien arrosés, annexés par l’armée israélienne.

Le check point aurait-il le pouvoir de transformer le paysage ?

  

Moi, Lilloise habituée à passer parfois plusieurs fois par jour de France en Belgique, je fus impressionnée par le passage de cette frontière. D’abord un grand hall à l’air conditionné, des guichets, contrôle du passeport, paiement de passage, vaste duty-free puis attente sous un préau, dans une température approchant les 40°. Je ne savais pas ce que j’attendais, mais j’attendais ! Des familles, des enfants, visiblement arabes, des bagages, plein, attendaient avec moi… Un bus est venu, on est tous monté dedans (en payant bien sûr) et tous ensemble on a traversé le pont, passé des barrières, remontré nos passeports, redescendu les bagages et ré attendu seulement quelques mètres plus loin en territoire jordanien. Re guichet, re passeport, re paiement…. Pour le visa cette fois. Re guichet. Tous sont passés, sauf moi… Ton nom ? Pourquoi la Jordanie ? Que fais-tu en Israël ? Regarde la caméra, ok Catherine, bienvenue en Jordanie, bon séjour… Ouf ! Je sors de ce bâtiment, je pense aller chercher un taxi… Ah non, encore le scanner des bagages… Téléphones ? Oui, un perso et un professionnel. Le professionnel pose problème, me voila accompagnée vers le bâtiment que je viens de quitter, un militaire m’emmène dans des bureaux à sens interdit… Assieds-toi… passeport, ton nom ? 10 fois, 20 fois… mon interlocuteur à l’allure d’un policier des films des années 50 ne parle pas anglais, encore moins le français…. Il appelle 2 de ses copains. Re nom, re passeport, re questions diverses… et là je dis, pour la millième fois que je bosse avec Médecins du monde, en Palestine et que je viens en vacances à Irbid… Oui c’est étrange, une Française qui débarque à Irbid pour des vacances ! Mais le mot Palestine a eu des effets magiques… sourires, apaisement, et enfin un des hommes en uniforme parlant un peu anglais répond enfin à mes interrogations : c’est le GPS du téléphone qui pose souci. Je signe un papier pour récupérer l’objet du problème à mon retour et me voilà enfin en Jordanie, dans un taxi qui m’emmène chez mes amis…

Une semaine à se reposer, dormir au calme, et surtout… bouger librement !

Comme la liberté de circuler est jouissive ! Prendre la voiture, sortir de la ville, rentrer dans un village, aller voir des amis, de la famille, à toute heure du jour ou de la nuit sans tomber sur un check point, sans justifier de son identité… quel bonheur ! Sauf… sur les routes menant à la frontière israélienne. Enfin rien à voir avec l’agressivité des check points en Palestine… même le soldat jordanien sur sa mitraillette ne m’a pas paru désagréable !

Même déconnectée du boulot, j’ai pensé très fort à mes collègues chaque jour confrontés au bon vouloir des soldats…

Et puis cette jeune femme, fille d’amis, jeune mariée d’une année, venue chez ses parents pour un mariage il y a quelques semaines. Elle bosse et vit en Palestine avec un Palestinien. Et pour une énième fois, Israël l’empêche de rentrer chez elle. Son mari est rentré, pas elle. Elle est bloquée ici en Jordanie, attendant on ne sait quelle autorisation pour rentrer vivre sa vie auprès de son mari. Mais patiente elle est, résistante elle restera. Il est vrai que les jeunes, hommes ou femmes de moins de 35 ans ne sont pas autorisés à soit sortir des villes comme Naplouse, soit rentrer en West Bank [Cisjordanie], encore moins en Israël. Elle patiente… elle rentrera… c’est sûr… comme son mari est rentré, en remontant sa chemise, prouvant l’absence d’explosifs, devant les autres Palestiniens parqués au check point… 

J'ai encore quelques petites choses à raconter de ce séjour, ça sera pour plus tard...

Dans ce message-ci, j'ai pensé ensuite que peut-être les lecteurs pas très au fait des check points etc., ne comprendraient pas pourquoi après le check point le paysage est si différent... peut-être faut-il ajouter une note et dire que ce check point sur la route juste avant la frontière est la bordure avec la Cisjordanie et les territoires annexés, et donc bien irrigués puisque l'eau est gérée et annexée aussi par Israël....

Franchement quand on est dans ce contexte... tout devient trop évident... c'est horrible !
Catherine

Dans "Le Monde" du 26-27 août 2006 page 3 (JPC) :

CISJORDANIE-GAZA

Incursion israélienne à Naplouse et raid aérien sur Gaza

NAPLOUSE. Au moins deux Palestiniens, dont un activiste du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), ont été blessés, vendredi soir, lors d'un raid de l'aviation israélienne contre la bande de Gaza. Un activiste du mouvement Hamas a été blessé quand un missile tiré par un hélicoptère d'assaut a touché sa maison dans le camp de réfugiés de Jabaliya.

Par ailleurs, des troupes israéliennes ont encerclé, samedi matin 26 août, une maison au centre de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Les soldats israéliens ont sommé deux activistes des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, proches du Fatah, de se rendre. Les deux activistes ayant refusé d'obéir a ces sommations, deux bulldozers de l'armée ont démoli le bâtiment. - (AFP.)

Envoyé : samedi 19 août 2006 22:45 Objet : Avant la Jordanie

Je pars en break une semaine en Jordanie.

Juste 2 photos de cet après midi. Cool...

Arafat à Jéricho 

le désert majestueux 

Envoyé : lundi 14 août 2006 03:04 Objet : Les nuits de Naplouse

Lundi 14 août

Les nuits de Naplouse

Il est 3h du matin. Des coups de feu ont déchiré la nuit puis des aboiements qui se répondent…

Bien avant dans la nuit c’était les shootings des mariages, et les clameurs de la ville, qui semble se réveiller à une autre vie la nuit tombée. Les magasins allumés, les gens qui se promènent, ceux qui se marient et ceux qui se réjouissent avec eux. Le grand jeu entre la cérémonie du mariage et le repas juste avant la longue nuit de danse, hommes et femmes chacun de son côté, est d’organiser une course très désorganisée en voiture dans la ville, les mariés devant et tous les invités qui suivent. Le + vite et le + bruyamment possible, klaxons et musique à fond, à grand renfort de crissement de pneus, de changement de direction impromptus, de dépassement, et arrêts brutaux, petites rues et voies principales, pentes abruptes… Tout est bon pour s’amuser… et j’ai adoré ça !!!

Depuis ma participation à ce défoulement collectif, j’ai compris ces bruits qui montent de la ville et rebondissent sur les flancs de la montagne. Compris enfin ces klaxons, clameurs et… shootings. Les shootings d’avant minuit sont des bruits de plaisir. Ceux d’après 1 h du matin sont ceux des résistants et des soldats. Mais les mariés ne sont il pas des résistants ? Vivre malgré tout, se marier et faire des enfants… ce n’est pas de la résistance ? Toutes les nuits ou presque se déroulent de la même façon. Mariages, puis combats. D’abord les gens de Naplouse puis incursion militaire. Je ne sais jamais d’où viennent les tirs. Ils démarrent d’un bout de la ville, frappent les parois de la montagne et repartent d’un côté ou de l’autre. Les chiens accompagnent la deuxième partie de nuit en se répondant d’un bout à l’autre de la ville. Je n’ai pas encore compris où sont ces chiens le jour qui aboient en concert la nuit. Et comment font ils pour d’un coup d’un seul faire silence. Un silence lourd et soudain, qui s’abat d’un coup, toujours aussi impressionnant, comme si ces chiens étaient frappés de stupeur. Et puis la nuit ré enveloppe la ville jusqu’au matin….

Parfois des coqs chantent dans la nuit noire…

Je saurai demain combien de résistants ont été arrêtés, combien de blessés et peut être de morts.

Mercredi 9 août

Je me suis achetée des fleurs, des plantes, des plantes fleuries… et en les mettant en terre, je me suis aperçue que ce sont des « gouttes de sang » appelées aussi des « impatientes » fières, hyper résistantes et vivant dans une terre rose, résistantes ici à l’absence d’eau. Oui oui je sais en France on les appelle aussi des « buveuses d’eau » et bien justement ! Ici elles font fi de l’absence d’eau ! Étonnant non ? Ça vous fait penser à autre chose ? La résistance ? La résilience ? Dans une terre rose et asséchée ? Des fleurs colorées, fières et droites ? Vivant malgré tout ? Moi oui !!!

Bon. Donc j’avais envie de voir passer le temps autrement que par les heures qui filent entre les doigts et laissent tant de traces dans la mémoire qu’elle ne savent plus comment se placer là dedans ! Alors je regarde mes gouttes de sang pousser…

Cette semaine je suis allée une fois encore avec la clinique de santé mentale dans un village loin de Naplouse, dans la montagne. Tellement beau que j’ai dit à la traductrice et à mon ange gardien que j’y passerai bien ma semaine de break obligatoire ! Un paysage grandiose et serein à la fois. Bien sûr on a ri jaune de cette idée… encore plus jaune quand un check point volant nous a barré le passage !

Une petite dizaine de soldats tous plus jeunes et boutonneux les uns que les autres, une mitraillette dans les mains, sont au milieu de la route. L’un d’eux s’amuse à mettre en joue la voiture précédente et le chauffeur en descend. La voiture est fouillée et les papiers contrôlés. Cette voiture passe. Un signe et nous voilà à hauteur de 4 soldats, dont un roux carotte et un au visage couvert d’acné. J’ai toujours eu un faible pour les rouquins… mais là, j’avoue que l’uniforme n’allait pas du tout à son teint… Je présente les « 3 cartes Médecins du Monde avec un « hi » conventionnel pour répondre au « shalom » conventionnel. Et là les ennuis commencent. Il demande la licence de la voiture, expliquant qu’avec cette plaque israélienne* il nous est interdit de circuler en West bank (Cisjordanie). J’explique en refusant de donner autre chose que nos cartes, que nous sommes une organisation médicale et qu’aux check points cette carte suffit. « Qui est le docteur ? Je suis le docteur « Docteur de quoi ? Psychiatrie » « Où travaillez vous ? Dans le monde entier. » Mais ici ? À Naplouse et Gaza » » De où venez vous ? Du camp de Fara. » Beaucoup de travail ? Oui beaucoup parce que la situation ici est très difficile » « Difficile ? » avec un air étonné, « Difficile pourquoi ?? » Parce que c’est un pays occupé, parce que les soldats…. » « Ah oui vous aidez les Palestiniens. Et nous les Juifs, nous n’avons pas de besoins… Vous ne voulez pas nous aidez nous les Juifs en Israël…. » « Il existe pour vous des organisations médicales pour vous aider » Avec un geste de dégoût : « Oui bien sûr… allez, passez… ».

Pendant ce temps le soldat joueur continuait à braquer l’arme sur tout ce qui lui faisait envie…

* Plaque jaune, israélienne. Médecins du Monde a ses bureaux à Jérusalem.
Les plaques vertes sont les plaques palestiniennes, qui obligent à subir les check points fixes et volants, et autres contrôles quotidiens.

Envoyé : dimanche 6 août 2006 20:27 Objet : le mont des oliviers...

bonsoir, un court récit plutôt paisible!! à bientôt - Catherine

6 août 2006

Hier j’étais à Jérusalem, comme tous les week-ends. Et des nouveaux dans la maison Médecins du Monde, jamais venus en Palestine, alors bien sûr je les emmène, là où les règles de sécurité, renforcées ces dernier jours, me le permettent. Bethléem, là où le mur se dresse outrageusement et divise les rues. Les lieux saints, désertés par les touristes… le désespoir des guides et marchands de souvenirs face à la chute brutale de fréquentation de ces dernières semaines. On reçoit quelques oignons en passant près du marché. Geste joueur d’enfants ou geste rageur contre des européens ?

Bethléem est paisible mais la mosquée diffuse à l’heure de la prière des discours marquants sur le Liban et Israël. Paisible mais trop vide, comme abandonnée de vie venue de l’autre côté du mur,

Impossible de prendre en photo pour cause de militaires armés et soupçonneux l’immense affiche de bienvenue et de paix signée du ministère du tourisme israélien entre les 2 points de contrôle du check point parsemé de herses au sol, prêtes à garder dans ses griffes toute voiture suspecte.

Le soldat demande à voir les passeports, malgré nos cartes d’organisation humanitaire. Mes protestations « ce n’est pas une frontière, c’est un check point » ne font que compliquer le passage….

Passage obligé par le Mont des Oliviers à Jérusalem. Un immense bus plein de personnes d’un « âge certain », voilées blanc pour les femmes, sarouel pour les hommes, tous souriants et bavards. Pour repartir, mes collègues montent dans le 4/4 ; je suis au volant. Je démarre en marche arrière ; le bus en marche avant….. Et crac ! Le chauffeur arrive en hurlant, et tout le monde descend du bus et du 4/4. S’en suit un méli-mélo d’arabe, français, anglais… pas grand dégât, mais dégât quand même. La police était là sur place mais n’arrange rien à la situation. Une collègue s’occupe de discuter, téléphoner etc., pendant que je refuse de donner passeport ou quoi que ce soit d’autre. Un petit bonhomme, rondouillard à la figure joyeuse s’approche de moi et me demande avec un air dégoûté si c’est moi le chauffeur de la troupe… oui ! c’est moi lui dis je en rigolant !! Une femme !!! Il éclate de rire aussi et nous voila à discuter, en mélangeant les 3 langues. Ils sont de Nazareth, une maison de retraite ; « On est arabes israéliens des druzes, musulmans sauf lui avec sa chemise blanche, il est chrétien « et nous voila déclinant le nom de religions en anglais, arabe et français. Ils sont venus ici quelques jours parce que là bas c’est bombardé. Une infirmière et une secrétaire, aux habits joyeusement colorés, souriantes, nous racontent leur voyage. Elles voient le bonhomme Handala* autour de mon cou et s’en réjouissent. « Ah oui… tu vis à Naplouse… » Le bonhomme chrétien leur explique en arabe ce qu’est Médecins du Monde. « Ils vont aider les gens comme nous, dans les zones bombardées » Qui est docteur dans ce 4/4 ? Ah oui, lui… Les femmes sont infirmières. » « Mon fils est médecin à Haïfa, sa femme aussi » « un accord franco américain cet après midi... les bombardements vont s’arrêter, dans quelques jours, oui c’est sûr… » « On rentre demain, même si c’est encore bombardé… la famille est là bas… » Les histoires de papier sont réglées. On se dit chaleureusement au revoir, on rit de cet accrochage qui nous a réunis une petite heure et nous a fait discuter. Happy to meet you !! byebye ! Salut ! salam ! » Même le chauffeur est devenu souriant…

* Handala, personnage de Naji al-Ali, célèbre caricaturiste palestinien
http://www.palestine.ma/article.php3?id_article=5&debut_vignette=0 http://www.palestine.ma/article.php3?id_article=5&debut_vignette=0

Mercredi 26 juillet 2006-

J’ai quelque peu abandonné mes récits de Naplouse depuis le bombardement du Liban .Cet événement m’a littéralement assommée. Je dois expliquer certains éléments personnels ici… J’ai cherché et retrouvé en fin d’année dernière toute ma famille paternelle… libanaise ! J’étais à Beyrouth en novembre, je découvrais ma famille et le Liban. Je découvrais des proches très proches et des Libanais fiers de la reconstruction du pays et des fragiles mouvements de rassemblement. Je découvrais la montagne libanaise, la mer, les klaxons, la quiétude de la nature et le brouhaha des villes. Bref, je commençais à sentir mes racines s’enfoncer dans la terre. Ce n’est pas un hasard si je suis ici en Palestine, si proche du Liban. Parce je n’ai rien compris, ou si peu , au Liban, parce que je voulais un autre point de vue de l’histoire de cette région du monde, parce que je voulais découvrir, apprendre, sentir, humer et respirer mes racines, pas par le biais familial et encore moins touristique. Je voulais y vivre un moment au quotidien. Et ce que je connais, c’est la santé mentale. 30 ans [que] j’y bosse, que j’y réfléchis et que je m’y bats pour une autre façon de soigner. Bref, la Palestine, déjà si proche dans ma sensibilité, et la santé mentale réunies… Me voilà engagée avec Médecins du Monde à Naplouse.

Quelques semaines où je raconte la vie quotidienne suffocante ici et voilà qu’Israël bombarde le Liban.

D’abord on n’y croit pas… c’est juste le sud, comme depuis des années…et puis non, Beyrouth aussi, et le sud et encore le sud… Et voilà la télé allumée dans le bureau de la sécurité, j’y passe jeter un œil. Du nouveau ?

Et puis des soirs à tenter de téléphoner, de glaner des nouvelles de ma famille fraîchement retrouvée, des heures à m’interroger, espérer, imaginer, pleurer sur cette terre à peine sortie des ruines… des nouvelles sont enfin arrivées par… une cousine libanaise au Canada et puis des voisins rencontrés lors de mon séjour, des amis… (Vive le net !) Depuis, tous les jours c’est MSN qui clignote pour raconter les bombardements, le manque d’eau, d’électricité, la fuite dans la montagne. Et aussi les amis libanais français scotchés au téléphone et aux news pour enfin avoir quelques nouvelles de femmes et enfants en vacances au Liban, qui dans un bateau vers Chypre, qui dans un avion vers Paris ou ailleurs. Et les infos que j’ai arrêté de regarder, de lire, d’attendre….

 

Voila pourquoi j’ai cessé d’écrire !!!

 

Et puis j’y reviens…..douce thérapie, efficace…

Le 17 juillet À Naplouse une patrouille, comme toutes les nuits, est entrée dans la vieille ville. Et là quelle envie d’héroïsme a pris ces soldats venus chercher de résistants… ils entrent à pieds !! Évidemment… embuscade dans les ruelles… un mort !!l

Au matin : verdict : un soldat israélien mort =10 palestiniens tués… 2 jours après… incursion massive. 2 jours entiers, 2 nuits ; la vieille ville bouclée. 150 policiers, prisonniers, agents de sécurité nationale sont arrêtés et emmenés au camp militaire d’Huwarah près du check point ; des échanges de coups de feu, de blessés, des morts. Les ambulances du Croissant Rouge Palestinien sont empêchées de porter secours. Le ministère de la santé est transformé en QG militaire et sert de lieu d’interrogatoire.

Puis toute la nuit les bulls ont détruits les bâtiments : la Muqata’a, celui du ministère de l’intérieur (passeports), la prison, la sécurité intérieure, la médecine vétérinaire. Au passage quelques maisons sont soufflées, les vitres explosent.

5 morts, + de 45 blessés.

Naplouse a souffert, beaucoup !!! Aujourd’hui sur le site il y a une photo et un écrit de Youssef. Moi j’étais à Jérusalem, partie pour retirer mon visa de travail. Refusé… Il faut sortir du pays, revenir, redemander… compliqué… depuis quelques semaines, pour tous les expatriés travaillant pour les ONG internationales. A croire qu’Israël cherche à compliquer l’arrivée de ces expatriés, et n’aime pas que ces gens racontent ce qui se passe au quotidien ici en Palestine… Bref, pas de visa de travail pour le moment et Naplouse en feu… Donc me voilà coincée à Jérusalem jusqu’au week-end. J’étais chaque jour en contact avec mon équipe palestinienne de Naplouse (vive le net !!) .De retour depuis dimanche dans la ville. Mon chauffeur ange gardien bien sûr m’a montré les ruines des bâtiments détruits par l’armée israélienne. On s’est arrêté, on a regardé, je crois bien que mon ange gardien a pleuré… « chouf Catherine !!! »

 

Et mon boulot ??? Oui, la santé mentale… je suis allée ce matin dans un village éloigné de Naplouse accompagner la clinique mobile de santé mentale du Croissant Rouge palestinien. J’y ai rencontré le médecin du dispensaire. A ma question, sans doute naïve, au sujet des troubles psychologiques ou psychiatriques il m'a répondu...... "Comptons plutôt ceux qui n'ont pas de troubles".évidemment tous sont au minimum hyper anxieux ! Les soldats, les check points, les routes coupées et la restriction de mouvement et l'avenir bouché fatiguent l'esprit …

Les formations auprès de groupes de professionnels travaillant dans le domaine psycho social, formations au « mieux être », aider les gens à vivre l’intolérable et les aider à aider… tous, sans aucune exception, dans tous les groupes que j’ai rencontrés, montrent, dessinent, parlent, mettent en mots l’enfermement, la prison à ciel ouvert, les restrictions épouvantables de circulation, les difficultés quotidiennes à venir travailler, à visiter la famille….

 

Gaza est toujours bombardé, le Liban idem et la Cisjordanie de + en + étranglée… les armes sont de + en + cruelles.

La semaine prochaine je suis invitée à 2 mariages à Naplouse….

 

 

Enfin voilà… Un peu amère ce soir, mais quand même envie de rester et continuer !

Photos de destructions à Naplouse en juillet

Photo Youssef

Photo Catherine 20 juillet

Photo Catherine 23 juillet

 Envoyé : mardi 25 juillet 2006 05:18

Catherine nous recommande la lecture de plusieurs articles :

Un article du président de Médecins du Monde France sur la Palestine :

La situation des populations civiles de Gaza se dégrade,
par Pierre Micheletti, président de Médecins du Monde-France

Article paru dans l'édition du 21.07.06

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-797173,0.html

http://www.nord-palestine.org/art-recom-2006-07-20MdM.htm

Régis Garrigues , responsable de la mission de Médecins du monde en Palestine :

« A Gaza, nous avons affaire à de nouvelles armes très violentes »

Article de Didier FRANÇOIS  Lundi 24 juillet 2006

à Gaza

Médecins du monde intervient dans les Territoires palestiniens depuis 1995 et travaille de manière permanente à Gaza depuis 2001. Responsable de la mission Palestine pour l'association, Régis Garrigues, urgentiste, mène à Gaza un travail d'évaluation médicale. Il explique les conséquences des incursions militaires israéliennes en Territoires palestiniens.

Vous avez noté une nette aggravation des blessures infligées au cours des dernières opérations israéliennes...

Pour lire la suite : http://www.liberation.fr/actualite/monde/195046.FR.php

Envoyé : samedi 15 juillet 2006 23:03

Photos d'un des check points de Bethléem et le mur

 

Je pense que ça se passe de commentaires, en réalité c'est évidemment encore plus écoeurant....

D'un côté et de l'autre du mur (la 2ème est la même vue prise au téléobjectif)

Un des check-points

Envoyé : mercredi 12 juillet 2006 21:14

Objet : ce soir à Naplouse

12 juillet 2006

Israël bombarde le Liban sud. 2 soldats israéliens sont capturés. Israël intensifie sa campagne à gaza….

Naplouse a été occupée toute une partie de la journée, comme chaque nuit et presque chaque jour depuis quelques semaines. Des hommes et des femmes sont arrêtés et emmenés vers une "destination inconnue".

Chaque jour mon collègue palestinien me raconte ses passages au check point, aventure renouvelée quotidiennement, imprévisible. Il part très tôt le matin pour éviter les check- points volants et arrive bien sûr bien plus tôt que nous. Un autre arrive parfois avec plusieurs heures de retard, si malheureusement le soldat a décidé que non aujourd'hui il ne passera pas.,alors ce collègue là fera des kilomètres pour réussir à rentrer dans Naplouse .

Chaque jour les Palestiniens qui traversent n'importe quel check- point pour rentrer dans Naplouse se font insulter s'ils demandent une explication sur une attente ou un contrôle appuyé de leur carte. Un chauffeur âgé, qui s'arrêtait un peu trop après le panneau stop, a reçu un coup de poing dans la figure. Oui, vous savez il faut stopper la voiture exactement au panneau stop et attendre sans manifester aucune impatience que le soldat fasse signe, souvent sans un regard et avec le bout des doigts, que vous pouvez avancer et venir près de lui montrer patte blanche….. D'un geste dédaigneux il pliera les doigts, ce qui veut dire, ok, passe. Parfois, certains sont polis et souhaitent bonne journée. Pas encore compris si c'était ironique ou sincère.. Mais ça peut être ironique et sincère non??

Ce soir, "café littéraire" dans le cadre du programme santé mentale de médecins du monde au camp de Balata .le thème, déterminé à partir de souhaits des participants à de précédentes séances dans un autre lieu : la résolution de problème.

4 femmes, dont une parlementaire, de nombreux hommes, dont un autre parlementaire, en cravate, beaucoup d'hommes murs et quelques jeunes. Beaucoup d'entre eux sont des profs, dans le camp. la discussion commence et bien sûr comme à chaque réunion de ce genre, elle tourne vite sur la situation en Palestine; les hommes s'expriment et ils expriment qu'ils ont du mal à s'exprimer…..que leur culture les oblige à être forts, à être des héros, à ne pas parler de leurs émotions. Et pour résoudre les problèmes, il faut bien aller chercher en soi. Et puis très vite ils disent leur plaisir d'être là à parler, dans cet espace de parole libre.

Et puis, tous, disent l'importance de l'éducation, de la culture, de la science. Paroles délicieuses qui s'échappent de cette terrasse d'un centre pour les jeunes, dans ce camp. "Eduquons, cultivons nos enfants!! " Paroles martelées avec conviction, fermement, dites comme possibilité de résolution de problème, comme alternatives à la violence, comme résistance des palestiniens à la situation.

Paroles de volonté de créer une génération cultivée, instruite, réfléchissante,.

Des cerfs volants planaient au dessus du camp, dirigés par des gamins joueurs. Quelques shootings au loin, mais peut être n'était ce que des feux d'artifice…..

Envoyé : vendredi 7 juillet 2006 20:56

Objet : normal....

6 juillet 2006

J'ai senti ce matin une nouvelle impression, étrange, arrivée par les pieds comme une coulée de lave glacée, remontant au  cœur qui se demande ce qui arrive et puis imprègne la conscience qui distribue enfin au corps l'explication de cette glace insidieuse……: "je m'habitue", je ressens comme "normale" cette situation effroyable …." Ana chabab filistine…" " you become a palestinien guy"  me répond mon chauffeur ange gardien alors que je lui fait part de cette impression dans la voiture sur la route entre Naplouse et Jérusalem,où l'on rencontre colons pouce levé et checks points volants ,à peu près protégés par les stickers et le drapeau Médecins du Monde. Les coups de feu pendant les réunions où plus personne ne sourcille, les boules quiés conseillées la nuit pour enfin dormir au calme,oui je m'habitue... Et tous me disent: Catherine c'est notre terre, on y restera, et on y vit et on continuera à y vivre! Rien ne pourra nous chasser. Il y a des mariages chaque semaine, des immeubles se construisent, on rit, on bosse, on réfléchit, on étudie. À Naplouse, on vit !  C'est "normal"

Évidemment réaction de défense, protection pour continuer sereinement. Bien sûr, je sais tout ça. N'empêche que….quand un mot aux références si fluctuantes s'amuse à bousculer la tête !!!!!!!…..normal ! Normal ! Normal !

Il a pas fini de me torturer la tête ce mot !

Synthèse mensuelle de juin des morts, blessés et arrêtés en Palestine !

Last month in West Bank and Gaza Strip, there was :

49      Palestinians Martyrs ( 3 from W.B., 45 from Gaza, 1 from Jerusalem)

350  Palestinians were Injured.( 225 from W.B and 180 from Gaza)

400  Palestinians were arrested in W.B and Gaza strip

Quels mots dire pour donner plus de sens encore à ces chiffres ?

          Normal ? ? ?

Envoyé : lundi 3 juillet 2006 09:10

Objet : destructions d'infrastructures économiques à Naplouse

Bonjour,

Les chiens ont hurlé toute la nuit.....

Les destructions d'infrastructures et de la vie économique ont lieu aussi en west bank (Cisjordanie).

Cette nuit : destruction de bureau, confiscation de matériel informatique, fermeture d'usine, occupation de la TV locale....etc., etc....

......et les colons....

Envoyé : dimanche 2 juillet 2006 21:35

Objet : la circulaire Sarkozy appliquée à Naplouse ?

dimanche 2 juillet 2006 

Vie quotidienne à Naplouse...

Après un mort, plusieurs blessés et arrestations dont un jeune homme de 17 ans, retranché dans un cimetière pendant plusieurs heures hier, vers 13 h

Aujourd’hui une incursion dans Naplouse. Une vingtaine de jeeps militaires encerclent Nablus Specialist Hospital pour y arrêter et emmener un blessé grave... avec force coups de feu, grenades et autres démonstrations militaires....

La circulaire ministérielle du 21 février 2006, adressée aux préfets et procureurs, explique dans les moindres détails les modalités d’interpellation des personnes sans titre de séjour. Elle mentionne les lieux où peuvent être effectuées les interpellations : les hôpitaux, les blocs opératoires, les centres d’accueil pour toxicomanes, ou encore les salles d’attentes et halls d’accueil, les sièges d’associations, les foyers et centres d’hébergement.

Cette circulaire remet en cause les principes fondateurs de la déontologie médicale à commencer par la règle tacite mais admise qui protège les patients dans les lieux de soins, qui exercent une mission de santé publique. En allant jusqu’à évoquer la possibilité d’interpellation au bloc opératoire, la circulaire indique qu’aucun lieu n’est plus protégé.

Le droit aux soins est inscrit dans le préambule de la constitution française. C’est un droit fondamental de la personne humaine. Il ne doit jamais être utilisé à d’autres fins que la préservation de la santé.

Nous, soignants, hospitaliers, libéraux, associatifs, refusons expressément aux forces de l’ordre l’entrée dans nos salles d’attente ou halls d’accueil pour y procéder à des contrôles ou interpellations.

Nous, soignants, hospitaliers, libéraux, associatifs, continueront quoiqu’il arrive à accueillir tout patient pour les soins dont il a besoin en respectant notre serment d’Hippocrate.

Nous, citoyens, refusons la remise en cause de ces principes fondamentaux et demandons le retrait immédiat de cette circulaire.

Médecins du Monde appelle tous les professionnels de santé, les syndicats et les citoyens à rejoindre cet appel en signant notre pétition sur le site : http://www.medecinsdumonde.org/mobilisation/petition

Envoyé : mercredi 28 juin 2006 07:54

Objet : vie quotidienne à Naplouse

Bonjour,

Pour vous montrer ce qui arrive tous les jours à Naplouse, voici le rapport quotidien de sécurité de la base, - événements, états des check points etc..-, fourni chaque matin et qui nous permet d'organiser le travail en dehors du bureau ,quasi heure par heure.

Il y a des incursions toutes les nuits, des arrestations et des affrontements presque à chaque fois.

Tous les jours les travailleurs palestiniens qui vivent en dehors de Naplouse se lèvent très tôt pour arriver à l'heure au travail, soit pour éviter les soldats, soit pour passer un "certain" temps aux check points selon l'humeur des soldats, ou passer par un autre chemin si celui prévu est barré par un check point volant ou....des monticules empêchant le passage...

De plus les employés du public, dans les hôpitaux par exemple ,plus payés depuis plusieurs mois, commencent à s'absenter, non pas par refus de travailler mais par manque d'argent pour le transport et/ou la garde des enfants et difficultés grandissantes à traverser les checks points.

et ça....on n'en parle jamais dans les journaux du monde...

 

Envoyé : vendredi 23 juin 2006 16:02

Objet : 3ème semaine à Naplouse déjà.....

bonjour tous

fin de la 3ème semaine....

à mon esprit arrivent 2 hypothèses:

  • partir à toute allure, rentrer à Lille, fermer les yeux, les oreilles, les narines, la peau et la bouche; se taire, ignorer, refouler bien au fond toutes les sensations, les émotions, les odeurs et les paroles....rejoindre le connu, la relative liberté d'agir, de circuler,appeler les amis, se réunir, aller au ciné, se balader , faire des rencontres via le net, jouer, dormir au calme....et oublier, ne plus penser, se sauver vite et bien loin....envie fugace....

  • ou....rester..... rester et regarder, écouter, renifler, sentir, parler, témoigner, dénoncer, travailler, avancer, rencontrer, rire, dormir dans les bruits de mitraille, les cris , les aboiements de chiens sauvages, écouter les récits des gens, les morts, les deuils, les maisons démolies en représailles par l'occupant, reconstruites aussitôt par les voisins,les amis,les groupes de résistants, manger les knafés en rigolant, boire le café en pleurant, admirer les paysages grandioses, rencontrer les étudiants, les écouter raconter les barrages, les empêchements de passer les exams, klaxonner dans les rues a sens unique pour éviter les "annwans", frissonner des coups de feu des mariages, déguster les jus de citron et la chicha, respirer les odeurs, celles des épices de la vieille ville, des fleurs, détester celles de l'échoppe de volaille, sourire noir de voir les enfants courir et jeter les pierres sur les jeeps militaires,s'émotionner d'écouter un frère de martyr raconter, d'entendre le difficultés des organisations psycho sociales privées de financement, d'entendre les chiffres de la misère, de la diminution du niveau de vie, sentir son coeur serré de partir le week end, de doubler les plaques vertes aux checks points, de rester cool devant le gamin au casque et uniforme bien trop grands et arrogant, parfois mort de trouille,et puis aussi s'enthousiasmer pour bosser sur le programme santé mentale, de travailler avec les gens du champ psycho social, avancer avec eux sur des actions déjà bien construites, les aider sur d'autres, parler, sentir et vivre dans Naplouse......

c'est ça que j'ai choisi !!!! y'a du boulot! je commence à rencontrer les partenaires, gouvernementaux ou non, partants ou non, à Naplouse, Ramallah ou Jérusalem. Je rigole et travaille super dans mon équipe palestinienne....! voilà ! je fais au mieux avec moi même et les autres ici !

 Bisous à vous tous mes amis !! à bientôt

caty

Envoyé : lundi 19 juin 2006 16:45

Voici une photo "effarante" :

Je l'ai prise à Jérusalem, dans la vieille ville. c'est une aire de jeux pour enfants israéliens sur le toit d'une maison ex-palestinienne devenue israélienne , comme beaucoup dans la vieille ville. Gardien dans un mirador, barbelés et protections maximum pour ces mômes !!! L'horreur sur les toits...

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