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"Pourquoi une destruction si épouvantable ?"

 

publié par l'AFPS national le lundi 28 août 2006
http://www.france-palestine.org/article4485.html

 

"Pourquoi une destruction si épouvantable ?"
C’est la question que les membres d’une délégation pastorale oecuménique n’ont cessé d’entendre à propos des attaques israéliennes contre le Liban.

Chargée par la Conférence des Eglises européennes (KEK), la Fédération luthérienne mondiale (FLM) et l’Alliance réformée mondiale (ARM) d’exprimer la solidarité du monde oecuménique envers les Eglises et les populations touchées par le conflit au Moyen Orient, la délégation est rentrée avec pour mandat de transmettre à la famille oecuménique internationale les espoirs et les attentes des Eglises du Liban, de Palestine et d’Israël.

Parlant de la visite qu’ils ont effectuée du 10 au 15 août à Beyrouth et à Jérusalem, les trois membres de la délégation, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la KEK, Mgr Bernard Aubertin, archevêque catholique romain de Tours (France), et Mme Marilia Alves-Schüller, membre du personnel exécutif du COE en charge du programme sur le racisme, ont souligné que les représentants des diverses communautés du Liban qu’ils avaient rencontré s’accordent à dire que la destruction a été délibérée et planifiée.

Pour appuyer cette analyse, les responsables des communautés ont mentionné leur inquiétude devant l’influence croissante qu’exercent les forces néo-conservatrices des Etats-Unis sur les dirigeants de la politique israélienne. Ils mettent particulièrement en question la remarque de Mme Condoleeza Rice, Secrétaire d’Etat américaine, selon laquelle "Les souffrances du Liban sont les douleurs de l’enfantement du nouveau Moyen Orient".

La délégation a aussi souhaité faire part de tout ce que les représentants des diverses communautés du Liban leur avaient dit au sujet de la valeur primordiale inhérente à leur société, sa nature multiculturelle et multiconfessionnelle. Pour ces dirigeants, cela représente une garantie de paix. Ils ont fait observer que les Libanais de toutes les religions - chrétiens et musulmans sunnites et chiites - étaient demeurés fermement unis malgré les pressions énormes de la guerre, sources potentielles de division.

Selon le deuxième message que la délégation a rapporté de sa visite, c’est le conflit israélo-palestinien et non pas le rôle joué par le Hezbollah ou son action qui est au cœur de la crise actuelle. Toutefois, tous les responsables religieux avec lesquels la délégation s’est entretenue ont condamné tout usage indiscriminé de la violence d’où qu’elle vienne, y compris du Hezbollah.

En accueillant la délégation au Centre œcuménique au nom des quatre organisations oecuméniques qui l’avaient parrainée, le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du COE, a convenu que "ce n’est qu’en traitant la question israélo-palestinienne et seulement par un règlement juste et global de cette question que l’on parviendra à la paix et à la sécurité au Moyen Orient".

A Jérusalem, la délégation a entendu le Grand rabbin et le Grand juge du tribunal islamique ; chacun de son côté a exprimé les mêmes sentiments négatifs à l’égard de l’autre communauté. "Ils n’ont aucune compassion pour leurs enfants" ont-ils dit tous deux. La délégation a aussi entendu une autre opinion selon laquelle la notion de guerre permanente semble être la pensée dominante au Moyen Orient, et qu’il faut démilitariser toute la manière de penser de la région.

Bien que les perceptions de "l’autre" n’augurent rien de bon pour la capacité de s’asseoir à nouveau ensemble autour de la table des négociations et de surmonter la méfiance mutuelle et le deuil, les membres de la délégations ont aussi entendu de nombreux responsables d’Eglises exprimer leur préoccupation au sujet de la manière dont les gens pourront éliminer la haine de leur cœur et apprendre à vivre ensemble en bon voisinage.

"Expression tangible et concrète de la solidarité de la famille œcuménique et participation au deuil des populations touchées", la visite de la délégation œcuménique a donné un signe de l’intention qu’a le Conseil œcuménique d’élargir sa coordination de la réponse œcuménique à la crise du Moyen Orient et d’entreprendre davantage d’efforts dans ce sens, a dit le pasteur Kobia.

"La situation au Moyen Orient est en train de changer", a-t-il déclaré. "Un nouveau paysage politique, économique et moral exige que de nouveaux éléments interviennent pour parvenir à une paix juste dans la région". De nouveaux programmes du COE pour lesquels la dernière Assemblée (en février 2006) a donné mandat en constitueront la base, a-t-il poursuivi.

Un message daté du 16 août et signé par les secrétaires généraux du COE, de la KEK, de la FLM et de l’ARM, diffusé lors d’une conférence de presse donnée par la délégation, se conclut en ces termes : "A la lumière de tout ce qui nous a été dit, nous allons réfléchir ensemble au cours des semaines qui viennent, dans la prière et dans le sentiment de l’urgence, à la contribution que les Eglises peuvent apporter pour promouvoir la cause de la paix au Moyen Orient."

 

Ce communiqué est publié conjointement par le Conseil œcuménique des Eglises, la conférence des Eglises européennes et l’Alliance réformée mondiale. 18 août 2006

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