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En novembre 2006 l'association Najdeh s'est vu décerner un prix
au titre de la protection de l'enfance maltraitée par la WWSF,
fondation mondiale des femmes
(Women's World Summit Foundation).
Ce prix est destiné à soutenir les actions menées par Najdeh dans les camps de réfugiés
à l'occasion de la semaine internationale consacrée à la protection de l'enfance maltraitée (11-19 novembre 2006)

Palestiniens et démunis du Liban ravagé

Soutenir Najdeh

Article paru dans la revue "Palestine Solidarité" n°18 - Septembre 2006

L'AFPS Nord - Pas-de-Calais est très impliquée par les réfugiés palestiniens du Liban, par l'intermédiaire de l'association Najdeh et avec le soutien du Conseil régional. Elle revient sur ce qui a été réalisé cet été durant ma guerre et sur les projets à soutenir.

Liban  été 2006 : Najdeh au secours des plus démunis.

 

Le 12 juillet dernier Israël lançait, avec un soutien total des USA, une gigantesque offensive sur le Liban. L’opération, planifiée de longue date visait le Hezbollah dont l’armement commence à inquiéter les alliés israéliens et américains et qui contrarie fâcheusement leur rêve d’un « nouveau moyen orient». Le prétexte de l’opération : l’enlèvement par le Hezbollah de 2 soldats israéliens, n’a même pas cherché à convaincre. Une fois de plus le monde occidental s’est tu, jugeant tout au plus « l’ampleur de la  riposte démesurée ».

Après plus d’un mois de conflit et le retrait de l’armée israélienne, le bilan est très lourd : plus de 1200 morts, plusieurs milliers de blessés, 1 million de déplacés. Le pays est ravagé, des milliers d’habitations, les infrastructures routières en particulier, les aéroports et ports ont été détruits ou sérieusement endommagés, sans compter la catastrophe écologique en méditerranée. La facture selon l’ONU s’élèverait à 2,5 milliards de dollars.

 

Najdeh et l’aide d’urgence, juillet 2006

 

Dès le 13 juillet, le lendemain de la première attaque qui avait déjà touché l’aéroport de Beyrouth et les ponts du sud Liban et mis sur les route des centaines de personnes fuyant Beyrouth et Saïda, Leila nous envoyait un mail et un appel de plusieurs ONG[1] partenaires de Najdeh dans les camps, qui se mobilisaient pour faire face. Le gouvernement libanais mettait en place un bureau d’assistance comprenant des représentants des ministères de la santé et des affaires sociales ainsi que le forum de coordination libanais et la croix rouge libanaise. Mais l’efficacité de ces dispositifs était inégale. A Beyrouth l’organisation devait peiner à se mettre en place, des rivalités entre ONG n’aidant pas, alors qu’à Saïda une plateforme et la municipalité coordonnaient mieux leurs efforts. Mais plus généralement de nombreux lieux abritant des familles déplacées étaient dépourvus de tout moyen d’assistance, notamment dans les camps de Tyr, et partout dans le pays il y avait carence d’équipement et de logistique. Les organisations spécialisées dans l’aide d’urgence, y compris l’officiel UNRWA, n’étaient pas en mesure de pourvoir à l’ensemble des besoins, c’était aussi la première fois que le gouvernement libanais s’impliquait dans ce type de mission d’urgence avec des ressources humaines limitées, des moyens financiers insuffisants et un manque d’expérience. Les ONG qui travaillent habituellement avec la population palestinienne ont pris très vite en considération l’extrême urgence de la situation  et l’énormité des besoins. Dans le passé elles avaient déjà joué un rôle majeur, pendant les guerres, et mené à bien des missions d’aide d’urgence.

Najdeh et ses partenaires se sont attachés à travailler en complémentarité avec les autres structures en se concentrant sur les besoins essentiels et non pris en charge. Seraient prises en compte les populations libanaises déplacées hébergées dans les écoles de l’UNRWA et de certains camps et qui ne bénéficiaient pas des aides de l’UNRWA, et les Palestiniens  des camps, en grande difficulté comme ceux des travailleurs à la journée ou saisonniers qui, coupés de leur environnement et donc de tout revenu, et sans contact avec l’UNRWA avaient aussi besoin d’une aide alimentaire. Le projet d’assistance (pour un montant de 2 M de dollars) couvrait toutes les régions, les lieux ciblés étaient 10 camps palestiniens et 6 lieux de regroupement. Un comité de pilotage et 16 comités de coordination ont été mis en place pour le suivi et l’évaluation du programme. Un questionnaire unique a permis de faire remonter les informations sur les situations des familles à tous les niveaux. L’objectif était « d’accueillir 6000 familles libanaises et palestiniennes déplacées ainsi que les familles en difficulté dans les camps dont les conditions de vie avaient été dégradées par la guerre ».

 

Le Bilan à la fin août

 

Au 20 Août, un bilan pouvait être établi. 5173 familles déplacées dont 3018 familles palestiniennes avaient été enregistrées et secourues dans les différents lieux d’accueil, soit 23 548 personnes. 84 salariés de Najdeh (55%des ONG) et à leur côté 60 bénévoles ont été engagés dans l’action. Des couvertures, matelas, vêtements, ustensiles et produits de toilette ont été distribués ainsi que des médicaments et rations alimentaires.

La plupart des déplacés sont rentrés chez eux ou dans leur village dès le cessez le feu, et cela pour plusieurs raisons : les conditions difficiles de vie dans les lieux d’hébergement, mais aussi la volonté de revoir leurs biens pour constater les dégâts,  et engager les procédures de dédommagement. Certains d’entre eux n’ont pas pu le faire à cause de la présence des forces israéliennes sur place. D’autres encore n’ont pas pu retourner dans leur maison parce qu’elle était détruite, ou sans électricité ni eau, à cause de la présence de bombes et missiles non explosés et de la pollution atmosphérique résultat, à Beyrouth, d’un lâché de 50 tonnes de bombes.

 

NB : l’AFPS a pu envoyer en juillet 10 00 euros dont la moitié de dons reçus de groupes ou particuliers après notre appel.

 

Reconstruire l’école maternelle de Ein El helweh

 

Certains camps palestiniens ont été coupés dès les premiers jours de la guerre de leur environnement spécialement ceux situés au Sud du pays, à Tyr et à Saïda ainsi que celui de Borj El Brajneh à Beyrouth et ont subi les conséquences désastreuses de l’agression israélienne, même s’ils n’étaient pas directement visés. Mais au mois d’Août, c’est le camp de réfugiés  de Ein El Helweh, à Saïda,  qui était touché et nos amis de Najdeh appelaient à  une nouvelle aide d’urgence pour remettre en état les locaux  de l’école maternelle dévastés pendant les bombardements entre le 4 et le 13 août. Rappelons que l’école accueille 86 enfants de 3 à 5 ans, et des jeunes de 6 à 14 ans pour les activités de loisir d’été.

 

20 000 euros étaient nécessaires. Nous avons donc sollicité une nouvelle fois nos élus locaux. Le Conseil régional et la ville de Boulogne ont répondu favorablement[2] et nous espérons bientôt pouvoir envoyer une contribution.

 

Le programme « mère et enfant », plus qu’un programme éducatif,
un modèle de résistance

 

Au-delà de l’aide d’urgence à la reconstruction de l’école, c’est toute l’activité de Najdeh qui mérite d’être soutenue parce qu’elle est mise à mal non seulement par les bombardements, mais aussi et surtout par le désengagement continu des financeurs européens et la concurrence grandissante d’associations islamistes dont l’influence sur le développement des enfants ne manque pas d’inquiéter nos amis de Najdeh, laïques et soucieux de l’autonomie des femmes.

 

A côté de l’éducation des enfants, Des activités annexes mais fondamentales sont menées, en particulier les actions de sensibilisation aux droits (droits humains, droits des femmes et des enfants) à la psychologie de l’enfant, aux violences domestiques et autres questions sociales ou de santé qui touchent la communauté palestinienne. Car l’investissement des familles dans l’éducation et le développement personnel des petits, les campagnes de sensibilisation à la non violence, les efforts pour contrer les effets dévastateurs de la télévision et des modèles de martyrs que les plus jeunes intègrent presque inévitablement, sont autant de ressources pour maintenir la communauté debout, tournée vers un avenir, malgré tout. C’est véritablement de résistance qu’il s’agit.

 

Aujourd’hui nous nous engageons dans un nouveau projet de soutien au programme « Mère et Enfant » qui devrait permettre de renouveler le matériel pédagogique des 7 écoles de Najdeh, qui n’a pas été maintenu faute de moyens depuis 5 ans, avec un financement de 15 000 euros mobilisés par le Conseil régional et plusieurs villes de la région.

 

Les besoins sont bien plus grands, comme le financement de locaux, l’envoi de bénévoles pour les centres de loisir, l’équipement et le fonctionnement de la formation professionnelle, les micro crédits d’aide à la création d’activité…

 

Alors pour décupler nos moyens et efficacité, l’AFPS Nord Pas de Calais vient de se doter d’une petite sœur, l’association Solidarité Najdeh, dont l’objet est bien sûr de développer les ventes de produits d’artisanat de Najdeh et leurs activités sociales et éducatives mais aussi de faire connaître la situation des réfugiés palestiniens du Liban et de faire écho à leur revendications en particulier celle du droit au retour.

 

Contact : Monique Ladesou 03 20 57 45 10 moniqueladesou@free.fr

 

[1] Partenaires de l’opération : PARD, National institution for Social Services and Vocational Training (NISCT), National Association for Medical and Social Care (NAMSC), National Association for Vocational Training and Social Services (NAVTSS), Solidarity Association for Social Development and Culture (SASDC)

 

[2] Aujourd’hui une aide dont nous ne connaissons pas le montant a été accordé par le président du Conseil Régional et le Conseil municipal de Boulogne son appui  doit voter en octobre

 

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