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L’humanité des débats - Un immense défi de solidarité

Comment aider Cana à redevenir
un symbole de coexistence fraternelle ?

Par un collectif d’élus (*)

Article paru dans l'édition du 25 novembre 2006
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-11-25/2006-11-25-840976

 

Trente juillet 2006 : Cana, au sud du Liban, subit un violent bombardement. Soixante-douze victimes sont relevées, dont vingt-neuf bébés et enfants. Ce massacre est le deuxième imposé à cette commune en dix ans par l’armée israélienne. Il a suscité, à juste titre, une émotion dans le monde entier. Qu’est devenue Cana, ville martyre, trois mois après ? C’est encore « la fin du monde », comme le dit le maire démocrate indépendant Salah Salamé. L’eau est en partie rétablie, l’électricité ne fonctionne qu’à 50 %, plus de 200 familles ont perdu leur maison. Comme dans toutes les villes bombardées, la rentrée scolaire y est retardée au moins jusqu’à la mi-octobre. La commune a en effet aussi perdu une école pendant cette guerre.

Émus par le témoignage bouleversant du maire de Cana, en plein accord avec lui et son conseil municipal, les élus communistes et républicains ont décidé, dès le mois d’août, de lancer un parrainage national de cette ville de 20 000 habitants qui ne dispose que de moyens dérisoires pour reconstruire. Qu’il s’agisse de l’école secondaire, inaugurée à la fin mai, de l’accès pour tous à l’eau potable, ou encore du système de santé, les projets de remise en état ne manquent pas. Dans l’immédiat, les 2 300 écoliers de Cana ont besoin de crayons, de cartables et de cahiers.

Les élus et les collectivités locales peuvent beaucoup. En votant des subventions spéciales, en s’engageant sur un projet, ces institutions peuvent faire bénéficier Cana qui d’une assistance technique, qui d’une compétence sanitaire. Des communes peuvent aussi accueillir des enfants lors de prochains congés scolaires. Dans le plus long terme, des coopérations décentralisées peuvent être signées entre collectivités françaises et Cana, comme la ville libanaise vient de le faire avec une commune italienne. Il s’agit là d’un immense défi de solidarité.

Le nom de Cana, ville sainte, évoque aujourd’hui des crimes barbares. Pour nous, ces crimes de guerre doivent être jugés et punis comme tels. À nous, élus, citoyens, partout dans le monde, de faire en sorte qu’il en soit ainsi. C’est pourquoi nous avons aussi à coeur de faire saisir la Cour internationale de justice. L’Union européenne a un rôle fondamental à jouer pour contribuer à ce que le droit international prévale enfin dans cette région du monde.

Nous pensons bien sûr aux enfants de Cana et à leur avenir. Les aider à reprendre espoir en l’avenir, contribuer à construire, dans la région, une paix durable et des relations nationales et internationales fondées, enfin, sur le respect, le dialogue, la justice - telles sont nos ambitions pour Cana et le Liban tout entier.

Le parrainage que lancent les élus communistes et républicains est sans exclusive. Il s’adresse à ceux que le maire de Cana appelle « les hommes et femmes libres », aux démocrates, à tous les élus et citoyens aspirant à un monde de paix. Il ambitionne d’être le prélude à une relation permanente entre nos populations et nos élus. Pour aider Cana à redevenir « le symbole de la coexistence pacifique et fraternelle » entre les religions et les communautés qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.


(*) Le conseil municipal de Cana (sud du Liban), Dominique Bidet, maire de Bellenaves (03), président des maires ruraux de l’Allier, Jean-Paul Boré, vice-président du conseil régional Languedoc-Roussillon, membre du comité des régions d’Europe, Yasmine Boudjenah, ancienne députée européenne, conseillère municipale de Bagneux (92), Robert Bret, sénateur des Bouches-du-Rhône (13), Mireille Elmalan, maire de Pierre-Bénite (69), Patricia Fernandez, maire de Port-de-Bouc (13), Jean-Claude Lefort, député du Val-de-Marne (94), Jean-Claude Mairal, vice-président du conseil régional d’Auvergne, Jack Ralite, sénateur de Seine-Saint-Denis (93), Francis Wurtz, député européen, président de la gauche unitaire européenne.


Des dons peuvent être adressés à l’ordre de ANECR solidarité, 10 rue Parmentier, 93100 Montreuil.

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