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 La Croix - 28 novembre 2006

UNE IDÉE POUR AGIR

A Ramallah, broder pour survivre

La salle est minuscule. Trois personnes ont dû mal à s'y déplacer. Au milieu une petite table, sur les murs des étagères, dans les coins des cartons. Partout, bien rangés, des napperons, des coussins, des gilets et des écheveaux de fil de toutes les couleurs. Des femmes, musulmanes pour la plupart; vont, viennent. « La maison et donc ce local appartiennent à la paroisse melkite de Ramallah, explique Hélène Trocheris, une Normande au service de la communauté palestinienne depuis plus de quarante ans. En 1988, après la première Intifada la vie était devenue très difficile dans tes Territoires occupés. Beaucoup d'hommes étaient prisonniers ou sans travail. Les femmes ont voulu gagner un peu d'argent. Une amie avait déjà lancé des ateliers de broderie dans les camps palestiniens du Liban. Elle nous a encouragées à nous lancer à notre tour. C'est ainsi qu'est né ce petit atelier. »

Aujourd'hui les femmes et les jeunes filles de Ramallah et des villages environnants connaissent bien le centre pastoral melkite, à l'ombre au fond d'une ruelle tranquille. Près de 500 d'entre elles y viennent : régulièrement. Pour y prendre ou rapporter du travail. Moyennant ; salaire, bien entendu.

C'est en effet à la maison qu'elles cousent et brodent, les plus anciennes apprenant aux plus jeunes. Les motifs, brodés au point de croix, sont inspirés des dessins traditionnels qui ornent les robes. « Nous avons commencé petitement, poursuit Hélène Trocheris. Mais maintenant nous avons à l'étranger un réseau d'amis et d'associations qui nous sont fidèles et commandent nos produits : sacs, napperons, étuis à lunettes, sacoches, ceintures, serviettes, gilets, coussins... Nous avons d'ailleurs publié un catalogue à leur intention. »

Depuis 1988, la situation de la population de Ramallah et des environs ne s'est guère améliorée. La construction par Israël de la barrière de sécurité et les tensions permanentes dans la région ont même rendu un peu plus précaire la vie des villageois. Modestement, l'atelier de broderie de Ramallah entretient l'amitié, la solidarité et l'espoir.

BERNARD JOUANNO (à Ramallah)

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