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Qahira Saadi lance un appel depuis la prison de Telmond :

 « La Palestine est notre maison commune »

mercredi 31 janvier 2007

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=701

Ali Samoudi

La prisonnière Qahira Saadi, du camp de Jénine, a transmis une lettre et un appel à l’unité et la concorde, à l’arrêt de la guerre fratricide, au nom des prisonnières détenues dans les prisons de l’occupation israélienne. Elle y a exprimé les sentiments de colère et d’inquiétude vis-à-vis des événements douloureux qui se déroulent sur le terrain, au moment où la répression implacable s’abat sur les prisonniers et prisonnères.

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Qahira Saadi est condamnée à trois perpétuités. Dans sa lettre, elle commence par poser les questions qui préoccupent toute prisonnière, disant : « C’est mon cri, ma lettre, mon appel à tout Palestinien digne, libre, sincère, résistant et combattant. La lutte fratricide qui se déroule sur le sol de la patrie et l’écoulement du sang palestinien par des mains palestiniennes nous blessent. Nous assistons à tout cela et nous demandons : est-ce que nous avons libéré le pays ou avons libéré les prisonniers ? Al-Aqsa a-t-il été libéré ? Avons-nous repoussé l’occupation et instauré notre Etat palestinien ? Qu’avons-nous laissé à notre ennemi, avec l’écoulement du sang par nos propres mains et nos hommes sont des otages chez nos hommes ? Nous demandons : est-ce qu’ils ne pensent pas, ceux-là, au sang de nos martyrs qui ont arrosé la terre de la patrie, tout au long de l’histoire, ancienne et récente ? N’ont-ils pas honte des veuves et des larmes des orphelins ? Et les sacrifices des prisonniers, dont les vies sont enterrées dans les tombes des vivants, pour la dignité cette patrie dont ils ont éclaboussé la face par leurs actes qui n’apportent que la honte pour la résistance et les armes de la résistance ? »

Elle a ajouté : « Nous regrettons que tout cela se déroule au moment où nous vivons une souffrance quotidienne dans nos prisons, au moment où la direction des prisons iniques intensifie ses pratiques répressives, sans aucune miséricorde, mais pourquoi réclamer leur miséricorde alors que nous n’en avons pour nous-mêmes ?

La tragédie

La prisonnière Saadi déroule les images de la tragédie que vivent les prisonnières dans l’une des sections de la prison de Telmond, espérant qu’elles sensibiliseront et feront réfléchir les hommes en armes. Elle souhaite rendre compte des conséquences de cette lutte fratricide au moment où la direction des prisons prend plaisir à réprimer les prisonnières et les prisonniers, sans aucune raison. « Je voudrai vous transmettre cette image sombre de l’une des sections de cette prison infernale, c’est la section des enfants, la section 14, avec laquelle je parviens à communiquer, par une fenêtre étroite qui, malgré son étroitesse, me permet de voir la souffrance des enfants prisonniers. Dans cette section, 52 enfants sont enfermés, ils sont constamment provoqués, frappés, pour les raisons les plus dérisoires. Leurs geôliers inventent les moyens les plus sophistiqués pour se venger d’eux : ils les frappent, les isolent à volonté, et ces enfants n’ont aucune expérience et sont incapables de réagir pour faire face à ces pratiques. Quelqu’un peut-il avoir de la pitié pour ceux-là ? Quelqu’un a-t-il pensé aux réactions que nous avions eu lors de l’annonce d’un possible échange de prisonniers ? Pouvez-vous imaginer que la majorité des prisonnières ont fait leurs bagages et qu’elles vivent des journées entières à attendre le moment de leur libération, et qu’aucune force sur la terre ne peut les convaincre que ce jour ne viendra pas ?

C’est avec amertume, inquiétude et tristesse que la prisonnière Qahira Saadi parle de la réalité vécue par les prisonnières, avec les informations contradictoires sur l’échange des prisonniers. « D’après nos informations, les prisonnières sont les premières concernées par l’échange des prisonniers, toutes, sans exception. Mais il est de mon droit de demander : est-ce que cela est vrai ? Est-il vrai que l’opération d’échanges concernera toutes les prisonnières ? Est-il possible que l’échange échoue ? Si une telle chose arrivait, je ne peux vous décrire l’ampleur de la cassure psychologique que l’échec peut provoquer chez les prisonnières. Moi-même, je suis en prison depuis 5 ans, j’entends et je vois, avec mes yeux, mon cœur et ma raison. Je n’ai jamais vu, auparavant, les prisonnières être si sensibles aux nouvelles de cet échange. Elles ne vivent que par l’espoir d’être libérées enfin, le rêve de leur libération est devenu leur pain quotidien. Elles ne parlent et ne pensent qu’aux jours prochains où elles seraient dans leurs familles, libres ! Est-ce que les frères qui s’entretuent dans les rues de Gaza pensent à leurs mères, à leurs filles, à leurs sœurs prisonnières, ces femmes qui se consument de douleur et de peine devant leurs combats ? Et l’espoir se met peu à peu à mourir sous les feux de leurs armes, remplacé par les épines et la détresse dans le cœur ? Entendrez-vous l’appel ? »

Qahira Saadi appelle, en conclusion, à l’unité, à la concorde, au rassemblement de tous. « Il est temps d’en finir avec la dilapidation du temps, avec l’écoulement du sang, avec les slogans. Nous réclamons, au nom du sang des martyrs, une relève nationale sérieuse, de l’ensemble, pour faire cesser la machine de la mort, qui nous tue tous. Nous adressons notre appel, à tous, sans exception, nous demandons qu’ils se dirigent vers le dialogue car ce qui rassemble est beaucoup plus important que ce qui nous divise. Si notre but reste la Palestine, elle est la maison de nous tous, et la voie pour y aller passe par l’unité, la concorde, l’union, l’échec de la guerre fratricide. Sinon, nous ne pardonnerons pas à tous ceux qui dévient notre lutte de son chemin. La lutte fratricide est criminelle, qui la suscite, qui la nourrir et qui se tait est tout simplement criminel.

janvier 2007 - Diffusé par Cirepal : cirepal2005@yahoo.fr
Traduit par le Centre d’Information sur la Résistance en Palestine

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