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Al Aqsa en péril : la colère gronde dans la Jérusalem islamique
publié le mercredi 7 février 2007

http://www.france-palestine.org/article5719.html

Maisa Abu Ghazaleh

 

Le froid et les check-points militaires ne les ont pas arrêtés.
Des centaines de personnes se sont rendues dimanche 4 janvier dans Jérusalem pour manifester leur colère face aux plans israéliens de démolition
de la porte du Maroc, un des chemins menant à l’Esplanade des Mosquées situé à droite du mur des Lamentations.

Le gouvernement hébreu veut en effet créer un chemin réservé aux Juifs et s’apprête à construire des colonies supplémentaires dans Jérusalem-Est, un quartier palestinien, et une synagogue près de l’entrée de la mosquée.

La police, la sécurité et plusieurs unités des forces spéciales israéliennes étaient ainsi sur le qui-vive dimanche matin, devant les portes menant au lieu saint musulman. Des barricades supplémentaires ont été imposées dans la vieille ville, ainsi que des contrôles d’identification. Seuls les hommes de plus de 45 ans et les femmes ont été autorisés à se rendre près d’Al Aqsa.

A la porte du Maroc qui mène directement à l’Esplanade des Mosquées, les procédures étaient plus strictes encore. Les manifestants, brandissant des drapeaux et des bannières, ont été forcés de se réunir sous la pluie près de la porte de Damas, à trois kilomètres du lieu saint. Plus tard, la police a arrêté un adolescent de 16 ans qui tentait de forcer le passage.

Parmi les manifestants, le sheikh Taysir Tamimi, autorité islamique suprême de la Palestine, le chef du Waqf islamique Abdel A Salhab ainsi que des dizaines de religieux. Durant le sit-in, plusieurs érudits islamiques se sont prononcés contre les menaces qui planent sur la mosquée et les plans visant à coloniser la zone.

Le sheikh Tamimi a souligné que la démolition de la porte du Maroc met en évidence les dimensions politique et religieuse des plans israéliens. "Le gouvernement a donné l’ordre de démolir des anciens bâtiments autour de la porte du Maroc. Il profite de ce que l’attention est tournée vers les conflits internes pour faire progresser leurs projets." [1]

Le sheikh a demandé à ce que les personnes qui réussissent à traverser les check-points prient quotidiennement à la mosquée pour y maintenir une présence, condamnant les Israéliens qui "empêchent les fidèles de venir prier".

Le mufti de Jérusalem Mohammad Hussein a qualifié ces événements de "crimes abominables contre la mosquée Al Aqsa et contre les musulmans". Le sheikh a souligné que les forces israéliennes tentent depuis les années 1980 d’appliquer leurs plans concernant la porte du Maroc. Jusqu’à maintenant, ils en ont été empêchés par la dimension religieuse et historique des lieux. Le sheikh a appelé les leaders arabes et musulmans à intervenir de toute urgence pour sauver la porte et la mosquée avant qu’il ne soit trop tard.

Le président du Conseil suprême islamique, le Sheikh Ikrima Sabri, a quant à lui déclaré que les projets visant à construire un pont et à agrandir le mur des Lamentations sont un affront direct à l’héritage de la ville.

Chef du département de l’information du mouvement islamique, Khalid Muhanna, interdit d’entrée à la mosquée, a déclaré : "On pouvait s’attendre à être tenus éloignés de notre mosquée. Nous avons découvert la plus grande conspiration jamais imaginée pour s’emparer de Jérusalem".

Muhanna a affirmé que le Mouvement islamique maintiendra sa présence dans la ville de manière à freiner ces plans de destruction et a appelé le président et le Premier ministre à s’unir pour défendre cet héritage unique.


mardi 6 février 2007, 18h30

Des travaux près d’un lieu saint de Jérusalem à l’origine de heurts entre Tsahal et des manifestants palestiniens

JERUSALEM (AP) - Des heurts ont opposé mardi à Bethléem en Cisjordanie les forces israéliennes à des manifestants palestiniens qui protestaient contre le début de travaux de rénovation à proximité d’un haut lieu saint de la Vieille ville de Jérusalem, révéré par les musulmans comme le Noble Sanctuaire et par les juifs comme le Mont du Temple.

Au moins 200 Palestiniens ont marché en direction d’un barrage interdisant l’accès à Jérusalem, jetant des bouteilles vides et hurlant des slogans hostiles. Les soldats ont tenté de maintenir la foule à distance en tirant des grenades lacrymogènes. On ne déplorait aucun blessé.

Selon le porte-parole de la police de Jérusalem, quelque 2.000 policiers étaient déployés dans le secteur de la Vieille ville et Jérusalem-Est, plus du double que d’ordinaire. La police a aussi limité l’accès pour les hommes musulmans aux arabes israéliens et aux résidants de Jérusalem-Est de plus de 45 ans.

Les bulldozers ont commencé creuser sous l’oeil de badauds, journalistes et policiers pour des excavations archéologiques avant les travaux de construction de la nouvelle voie conduisant au lieu saint.

Les musulmans craignent qu’avec ce chantier Israël n’endommage le complexe situé sur la colline voisine, le troisième plus haut lieu saint de l’Islam. Pour les musulmans, c’est du haut de cette colline que le prophète Mahomet s’est élevé vers le paradis. Le complexe abrite les deux mosquées d’Al-Aqsa et le sanctuaire du Dôme du Rocher. Pour les juifs, cette colline est le site de leurs deux temples.

Les travaux se situent à 50 mètres des murs d’enceinte du complexe. Les excavations archéologiques, obligatoires dans le cadre de la législation israélienne sur la Vieille ville de Jérusalem, sont destinées à s’assurer qu’aucun objet archéologique majeur ne puisse être endommagée lors des travaux de construction de la nouvelle rampe d’accès qui doivent être achevés en huit mois.

Selon l’Autorité israélienne en charge des Antiquités, il s’agit de remplacer la montée de terre originelle, endommagée par une tempête de neige il y a trois ans.

Cette construction, "située intégralement en dehors du Mont du Temple n’a aucun impact sur le Mont lui-même et ne pose certainement aucun danger le concernant", a assuré le cabinet du Premier ministre israélien Ehoud Olmert. La ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni avait accusé dimanche des extrémistes d’"exploiter toutes les occasions d’attiser les plus extrêmes émotions".

Mais pour le Premier ministre palestinien du Hamas, Ismail Haniyeh, a expliqué que "l’agression israélienne continue sur la mosquée Al Aqsa et Jérusalem exige que tous les Palestiniens s’unissent et se rappellent que notre combat c’est contre l’occupation". Dans un communiqué, Mahmoud Abbas a de son côté qualifié les travaux de "pierre d’achoppement sur le chemin de la paix".

Le roi Abdallah II de Jordanie a dénoncé pour sa part une "menace pour les fondations de la mosquée Al-Aqsa". Israël contrôle le complexe depuis 1967 quand l’Etat hébreu a occupé Jérusalem-Est, mais a laissé la majeure partie de son administration à la Jordanie et aux Palestiniens.

Le Djihad islamique a dit avoir tiré quatre roquettes sur Israël depuis la Bande de Gaza pour protester contre les travaux. Selon l’armée israélienne, l’une d’elles a soufflé les vitres d’une clinique d’un kibboutz. Le Hamas a organisé des rassemblements de protestations rassemblant plusieurs milliers de personnes.

L’ouverture par Israël d’un tunnel longeant le complexe en 1996 s’était soldé par la mort de 80 personnes. En 2000, Ariel Sharon, alors leader de l’opposition, s’était rendu sur le site. Le lendemain, des émeutes éclataient, donnant le coup d’envoi d’années de violences israélo-palestiniennes.


[1] Voir aussi mardi 6 janvier : "Les forces israéliennes ont démoli ce matin l’entrée de la Mosquée Al-Aqsa après la destruction du pont menant au lieu saint musulman.

Le chef de la justice palestinienne, Sheikh Taysir Tamimi, a annoncé que cette destruction intervenait au moment où tous les regards étaient tournés vers la Mecque à l’occasion des pourparlers entre le Hamas et le Fatah. Le ministre a accusé cet après-midi les Israéliens de commettre « un nettoyage ethnique".PNN

 

Voir aussi la source de ces infos : http://french.pnn.ps/ Palestine News Network

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