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Article paru dans l'édition du 19 avril 2007 (page 12)
www.humanite.presse.fr/journal/2007-04-19/2007-04-19-849825

Israël serait disposé à parler de paix

Selon le premier ministre israélien, Ehud Olmert, Washington envisage un sommet à 10 pour discuter du plan de paix arabe adopté au sommet fin mars, à Riyad.

Depuis hier, une commission de la Ligue arabe a commencé à plancher sur la création de plusieurs groupes de travail chargés de promouvoir l’initiative de paix adoptée par le sommet des chefs d’État arabes de Riyad, les 28 et 29 mars. Les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, du Bahreïn, de l’Égypte, de la Jordanie, du Liban, du Maroc, de l’Autorité palestinienne, du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Syrie, de la Tunisie, du Soudan et du Yémen, ont débuté hier leurs travaux. L’initiative arabe, en question, propose à Israël des relations normales avec les pays de la région en échange des territoires occupés par l’État juif depuis la guerre des Six-Jours, en 1967, de la création d’un État palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale et une « juste » solution pour les réfugiés palestiniens.

vers un tournant dans la crise israélo-arabe ?

Hier, le site Internet du quotidien israélien Ha’aretz, faisait état qu’à la suite de cette réunion du Caire, une délégation de la Ligue arabe devrait se rendre en Israël dans les prochains jours. Si cette information venait à être confirmée, elle constituera sans nul doute un tournant dans la crise israélo-arabe, car ce serait la première fois qu’une délégation de la Ligue arabe se déplacerait en Israël. Sans doute est-ce pour cette raison que le premier ministre israélien, Ehud Olmert, intervenant hier devant le comité des affaires étrangères et de la Défense du Parlement israélien, a annoncé que les États-Unis envisagent d’accueillir un sommet à 10 sur le Moyen-Orient, sommet qui regrouperait le « quartet » (États-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies), Israël, l’Autorité palestinienne, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et l’Arabie saoudite. Alors que lundi, le même Olmert ne s’est prononcé que mollement en faveur du plan de paix arabe, considérant que « le fait d’accepter de parler d’une initiative ne signifie pas qu’Israël s’engage à l’accepter telle quelle ».

les raisons de l’initiative américaine

Cette proposition américaine n’est sans doute pas étrangère au fait que le chef du département d’État américain à la défense se trouvait hier au Caire. Washington semble, pour une fois, désireux, de battre le fer pendant qu’il est chaud, trois semaines après le sommet arabe de Riyad. Bien que l’on ne soit pas en mesure d’affirmer que l’organisation d’un sommet à dix constitue une réelle percée diplomatique sur une crise qui n’a que trop duré - près de soixante ans -, il ne fait aucun doute que la proposition américaine fait suite à l’engagement ferme des pays arabes, initiative qui n’a en réalité fait que réactiver le plan de paix adoptée à Beyrouth en 2002, dfinir avec la crise proche-orientale. D’autant que l’engagement arabe est intervenu dans un contexte où la donne géopolitique n’est plus tout à fait la même qu’en 2002.

À l’époque, un an après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis étaient au fait de leur arrogance et pensaient être en mesure de remodeler la région selon leurs intérêts. Aussi avaient-ils fait la sourde oreille au plan arabe de Beyrouth. Cette fois-ci, changeant apparemment de fusil d’épaule, non seulement ils l’ont favorablement accueilli, mais ils ont pressé leur allié israélien de ne pas lui opposer une fin de non-recevoir.

En effet, enferrés en Irak dans une guerre qui a amoindri leur influence dans la région - c’est le moins qu’on puisse dire- ayant pris acte de l’échec d’Israël à venir à bout de la résistance du Hezbollah au Liban, et ne parvenant pas à faire plier l’Iran sur le dossier nucléaire, Washington avait plus que besoin de rebondir au Proche-Orient et de reprendre l’initiative. Aussi a-t-il fait pression sur l’allié israélien pour qu’il n’y fasse pas obstacle, afin de concentrer ses efforts sur le dossier irakien et le nucléaire iranien. Pour la Maison-Blanche, il importe - c’est le sens de la tournée qu’effectue en ce moment le chef du Pentagone, Robert Gates - de mobiliser ses alliés arabes sur

le danger que représenterait un Iran disposant de l’arme nucléaire et qui de surcroît, est suspecté d’alimenter en armes la guérilla irakienne et, partant, sur le risque que ferait peser sur les pays de la région un effondrement de l’Irak.

Hassane Zerrouky

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