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International - Article paru le mardi 13 novembre 2007  page 14

http://www.humanite.fr/2007-11-13_International_Gaza-l-hommage-populaire-a-Arafat-tourne-au-drame

Gaza :

l’hommage populaire à Arafat tourne au drame

Proche-Orient .

Le Hamas a ouvert le feu faisant plusieurs morts et une centaine de blessés.
Les exigences d’Israël minent les efforts de paix en vue de la conférence d’Annapolis.

La rupture entre le Hamas et le Fatah semble plus que jamais consommée après ce qui s’est passé hier dans la bande de Gaza. Alors que plusieurs centaines de milliers de personnes se dispersaient après avoir participé à un rassemblement organisé pour commémorer le troisième anniversaire de la mort de Yasser Arafat, des tirs ont éclaté. Au moins six Palestiniens ont été tués et une centaine d’autres ont été blessés. Les responsables du Fatah ont immédiatement imputé la tuerie aux policiers du Hamas alors que ces derniers ont affirmé n’avoir fait que répliquer à des tirs qui les visaient.

Ces crimes n’entameront pas notre détermination

Quelques minutes auparavant, les manifestants scandaient des slogans anti-Hamas, qualifiant le mouvement de « chiite », allusion au soutien que lui accorde l’Iran. Dans une allocution lue avant les tirs au nom de Mahmoud Abbas, un chef du Fatah à Gaza a dénoncé « les crimes » commis par le mouvement islamiste. « Nous disons au Hamas et à ses milices armées, arrêtez vos crimes. Ces crimes n’entameront pas notre détermination. (…) Nous appelons le Hamas qui a opéré un putsch à faire marche arrière et à cesser ces agissements criminels. » La foule, qui était venue de toutes les villes de la bande de Gaza, brandissait des portraits d’Arafat, des bannières jaunes du Fatah, le parti qu’il a fondé, et des drapeaux palestiniens. Il est vrai que le Hamas a violemment réprimé ces derniers mois des manifestations similaires du Fatah à Gaza, et ne cesse de vilipender Abbas et son équipe dirigeante installée à Ramallah, en Cisjordanie.

C’est dans ce contexte de désunion que se prépare la conférence internationale sur le Moyen-Orient, prévue avant la fin de l’année à Annapolis (États-Unis). Mais si, depuis la Turquie, allié militaire d’Israël, où il est en déplacement, le président israélien Shimon Peres (qui doit - c’est une première pour un pays musulman - s’adresser aujourd’hui devant le Parlement turc, en hébreu ce qu’apprécieront les députés kurdes qui, eux, ne peuvent utiliser leur langue) s’est dit optimiste, rien ne pousse vraiment à l’être. Outre les dissensions au sein du mouvement palestinien qui ne présage rien de bon, ce qui vient d’arriver à Ahmed Qoreï, ancien premier ministre palestinien et chef de l’équipe de négociation, est tout un symbole. Alors qu’il se rendait en Israël pour une importante réunion avec son homologue, la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, il a été bloqué près d’une demi-heure à un check-point tenu par l’armée. Résultat : le rendez-vous a été annulé. Tout un symbole parce que les discussions entre Israéliens et Palestiniens sont aussi bloquées par l’intransigeance israélienne.

éradiquer

les « bases terroristes »

Ehud Olmert avait fait déjà savoir qu’il voulait que figure dans tout document soumis à Annapolis la lettre de George W. Bush à Sharon dans laquelle il réfutait les frontières de 1967 et se référait aux « réalités sur le terrain ». D’autre part, Olmert insistait pour qu’y figure la « feuille de route », élaborée par le « quartet » (États-Unis, Russie, Union européenne et ONU) fixant aux deux parties un certain nombre d’obligations graduelles et à appliquer concomitamment. Israël attend de l’Autorité palestinienne qu’elle fasse d’abord sa part, à savoir éradiquer les « bases terroristes » avant de procéder à un gel de la colonisation et au démantèlement des « avant-postes illégaux ». Olmert exige maintenant des Palestiniens qu’ils reconnaissent Israël comme « l’État du peuple juif », une façon de refuser la notion même du droit au retour des réfugiés palestiniens. Dans ces conditions, la majorité des Palestiniens, d’accords pour des négociations de paix (65 %), sont 62 % à prédire maintenant un échec du sommet d’Annapolis, selon un sondage récent. Quant aux 400 prisonniers palestiniens qu’Olmert promet de libérer, ce n’est qu’un petit geste au regard des 10 000 Palestiniens qui croupissent dans les geôles israéliennes, dont de nombreux députés, à commencer par Marwan Barghouti.

Pierre Barbancey

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