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Les publications du SNES – l’US

DROITS ET LIBERTÉS

http://www.snes.edu/usencour/us.html page 17

INTERVIEW DE BERNARD RAVENEL

Président de l’Association France Palestine Solidarité et de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, agrégé d’histoire, fondateur de la revue Confluences Méditerranée,
auteur de
plusieurs ouvrages sur les problèmes de la guerre et de la paix en Méditerranée

Palestine:

les conditions de la paix

L’US : Des organisations du Collectif National Palestine pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (1) ont décidé de se joindre à l’initiative de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine de lancer une vaste campagne à partir du  29 novembre 2007. Pourquoi cette date ?

 

Bernard Ravenel : Le 29 novembre prochain correspondra au 60e anniversaire du vote par l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution – n 181 - de partager la Palestine entre un État arabe et un État juif, Jérusalem ayant un statut international. 55 % de la terre étaient affectés aux Juifs (qui représentaient un tiers de la population), 45 % aux « Arabes » (les Palestiniens) jamais consultés. Le monde arabe a considéré que l’ONU n’avait pas le droit de diviser un pays qui ne lui appartenait pas, d’où la guerre menée par les États arabes, perdue par eux. Israël a alors repoussé ses frontières et son territoire a fini par occuper non plus 55 % mais 78 % de la surface totale du pays. Ainsi s’est constitué l’État d’Israël alors que depuis 60 ans, l’État palestinien n’a pas pu naître. En 1967, les 22 % restant pour l’État arabe, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza sont occupés par Israël après une guerre de six jours, en violation des résolutions de l’ONU qui demandent le retrait d’Israël des territoires occupés. Les Palestiniens ont ensuite accepté un compromis difficile reconnaissant Israël sur 78 % de leur pays. Mais ils veulent aussi leur État indépendant sur les 22 % qui restent, ce qu’Israël refuse, d’où le drame qui se transforme en tragédie pour le peuple palestinien et en crise existentielle pour le peuple israélien. Le 29 novembre 1947 commence l’expulsion massive de Palestiniens (plusieurs centaines de milliers jusqu’aux armistices de 1949). La campagne lancée ce 29 novembre culminera le 17 mai 2008 au Parc des Expositions à Paris.

 

 L’US: Le rapport remis par Hubert Védrine le 4 septembre à Nicolas Sarkozy rappelle que pour la France, « les Israéliens ne seraient pas en paix ni en sécurité tant qu’ils n’auraient pas résolu correctement la question palestinienne ». Qu’en pensez-vous?

 

B. R. : La sécurité à laquelle a droit Israël comme tout autre État est intimement liée à la sécurité des Palestiniens. Israël ne peut fonder sa sécurité sur une insécurité totale des Palestiniens. Mais il y a dans la société israélienne une « culture de la sécurité » spécifique, liée à la survie physique de l’État-nation dans un contexte régional hostile au départ, dans une phase d’affirmation ethno-nationaliste après 2000 ans de diaspora et après le génocide juif. Aujourd’hui le danger au Moyen-Orient est la prolifération nucléaire. Ce qui pose la question vitale de sa dénucléarisation qui concerne d’abord Israël – qui a la bombe – mais aussi l’Iran et les pays arabes – qui pourraient se donner les moyens de l’avoir. Mais la société israélienne est désinformée sur la problématique nucléaire et les risques qu’elle implique.

 

L’US : Une conférence internationale pour la paix va se tenir fin novembre à Annapolis. Que peut-on en attendre ?

 

B. R. : Pour parler de cette initiative américaine, je citerai Hervé de Charrette qui, dans Le Monde du 15 septembre 2007, rappelle que les États-Unis disposent des moyens de faire respecter par Israël les trois conditions de la paix : mettre le Hamas dans le jeu, retrouver l’inspiration de Rabin, à savoir négocier malgré le terrorisme, se mettre d’accord dès le départ sur le règlement définitif du conflit ; en clair « un accord de paix et non pas un processus de paix ». Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères « l’administration américaine ne semble pas en prendre le chemin ». n

 

Entretien réalisé par Philippe Castel

  (1) Une trentaine d’ONG, des partis politiques et des organisations syndicales, dont la FSU.

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