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      http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-08-11-Mahmoud-Darwich

lundi 11 août 2008

Mahmoud Darwich, la voix des vaincus

Le poète palestinien Mahmoud Darwich, considéré comme l’un des plus grands écrivains arabes, est mort samedi à Houston, aux Etats-Unis, où il venait de subir une opération à cœur ouvert. Il était né en 1941 dans le village de Birwa, en Galilée, qui fut rasé lors de la guerre de 1948. Jeune adulte, il milite au Parti communiste israélien ; il s’exile à plusieurs reprises, à Moscou, au Caire, à Beyrouth ou à Paris. Un temps membre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), auteur de discours pour Yasser Arafat, il démissionne au moment des accords d’Oslo, auxquels il est opposé. Il était revenu s’installer en Palestine en 1996 et vivait à Ramallah, où il dirigeait la revue Al Karmel.

Ses poèmes, qui, lors de ses années à l’étranger, entraient en Palestine, dit-on, « sur un nuage », et dont les plus célèbres sont Identité, Rita ou Je me languis du pain de ma mère, marquent profondément des générations entières, dans son pays et au-delà. Ils ont fait l’objet d’adaptations théâtrales et ont été mis en musique par le chanteur libanais Marcel Khalife. Ses vers sont parfois devenus des slogans, l’amenant à développer des réflexions fines et souvent empreintes d’humour sur les liens qu’entretiennent poésie et politique. Il se définissait comme un « poète troyen », c’est-à-dire comme « l’un de ceux à qui on a enlevé jusqu’au droit de transmettre leur propre défaite  »(« Palestiniens, le peuple de l’absurde », entretien au quotidien Il Manifesto, mai 2007).  Mais il refusait d’être réduit au rôle de porte-parole de la cause palestinienne, ou de subordonner son art aux exigences de la lutte de libération nationale - ce qui, à terme, assurait-il, n’aurait pu que desservir l’un comme l’autre.

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