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Article paru dans l'édition du 13.09.08

PALESTINE UN RAPPORT D'ONG ISRAÉLIENNES

Israël réduit les déplacements entre Gaza et la Cisjordanie

Les autorités israéliennes ont, depuis le mois de novembre 2007, renforcé les mesures destinées à séparer totalement la bande de Gaza de la Cisjordanie en rendant de plus en plus difficiles les déplacements entre les deux territoires.

Cette politique se traduit, selon deux organisations israéliennes de défense des droits de l'homme, B'Tselem et Hamoked, par l'obligation, pour les résidents de Gaza, d'obtenir un permis pour se rendre ou vivre en Cisjordanie. Ceux qui sont enregistrés dans la bande de Gaza mais habitent en Cisjordanie sont, pour leur part, considérés comme des « étrangers illégaux » même dans leur propre maison. Ils peuvent, de ce fait, être transférés à Gaza. Israël contrôle les registres d'état-civil des territoires occupés et de la bande de Gaza et tout déplacement, regroupement familial, mariage ou visite est devenu un casse-tête. « Ces pratiques violent les principes internationaux des droits de l'homme », s'inquiètent les deux organisations, qui demandent à la communauté internationale d'intervenir pour faire cesser ces agissements qui conduisent à créer « deux entités séparées », ce qui constitue une violation des accords d'Oslo conclus en 1993.

Pour Sarit Michaeli, porte-parole de B'Tselem, il est impossible de savoir combien de personnes sont affectées par ces mesures de restriction à la liberté d'aller et venir, mais « cela peut être des centaines, voire des milliers ». Les deux organisations humanitaires expliquent que cette politique a été décidée par l'administration chargée des territoires et que c'est seulement une lettre du porte-parole qui a informé Hamoked de la création d'un permis valable pendant trois mois à condition d'avoir vécu pendant huit ans en Cisjordanie. Le requérant ne doit faire l'objet d'aucune suspicion en matière de sécurité et le permis ne peut être accordé que pour des raisons humanitaires, ce qui n'interdit cependant pas aux autorités militaires de le refuser sans avancer de motif. Les organisations de défense des droits de l'homme affirment qu'elles obtiennent les informations au compte-gouttes et dénoncent un « manque de transparence ».

DES DIZAINES DE CAS

Depuis le début de l'Intifada, en septembre 2000, il est impossible pour les Palestiniens, note le rapport, de faire procéder à un changement d'adresse. Ce qui dénie aux Palestiniens le « droit de vivre où ils veulent ». Même le mariage n'est pas une condition nécessaire et suffisante pour que les jeunes mariés puissent vivre ensemble. Certains attendent depuis un an ou plus. Une fiancée qui voulait se rendre en Cisjordanie pour la cérémonie s'est vu réclamer la somme de 20 000 shekels (4 000 euros) comme garantie de son retour dans la bande de Gaza. Mais si un habitant de Ramallah veut rejoindre son épouse à Gaza, il ne peut le faire qu'à condition de renoncer à toute possibilité de retour. Au bout du compte, note le rapport, « toute personne résidant dans la bande de Gaza n'a plus la possibilité d'en sortir et a perdu son droit de se rendre ou de s'installer en Cisjordanie ».

B'Tselem et Hamoked ont fourni plusieurs témoignages à l'appui de leurs affirmations. Des dizaines de cas ont été soumis aux tribunaux. Mais « depuis le mois d'avril 2007, la Haute Cour de justice applique la politique des autorités israéliennes de dénier aux Palestiniens le droit de vivre où ils le souhaitent, appuyant ainsi les décisions de l'armée », constatent-elles. Dans un arrêt rendu le 24 juillet, les magistrats indiquent que « les Palestiniens n'ont pas de droit acquis d'entrer en Israël pour quelque motif que ce soit, y compris pour transiter par la Cisjordanie ».

Michel Bôle-Richard

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