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L I B E R T É - H E B D O n° 824 d u 19 au 25 septembre 2008

 Affaire Salah Hamouri :
pourquoi ce silence de l’Élysée?

La maman du jeune franco-palestinien
a rendu visite aux soutiens régionaux cette semaine.
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La France va-t-elle longtemps fermer les yeux sur le sort d’un de ses jeunes citoyens, toujours détenu dans une prison israélienne dans des conditions douteuses ? Le peu d’intérêt consacré par les autorités françaises à la situation de Salah Hamouri, étudiant palestinien condamné à sept années de prison scandalise des hommes et des femmes qui ont décidé de créer un comité de soutien pour sensibiliser l’opinion publique sur cette affaire. Pour eux, Salah n’a rien à faire en prison. Sa condamnation est basée sur « de vagues soupçons », et s’inscrit surtout dans une stratégie de peur en direction de ceux qui agissent pour faire valoir les droits du peuple palestinien. « Il s’agit d’une injustice majeure » affirme François Leroux, membre de la direction nationale de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), à l‘origine du comité de soutien. Celui-ci était de passage dans la région, ce lundi, en compagnie de la maman de Salah, Denise Hamouri. L’occasion de rappeler les circonstances dans lesquelles le jeune homme a été condamné. Car en réalité, rien de concret ni de directement répréhensible ne lui est reproché. La justice se contente de relever qu’il est passé devant le domicile du rabbin Yossef Ovadia, chef du parti d’extrême droite Shas. Sa conclusion ? Il a eu « l’intention » d’attenter à la vie du religieux. Or, souligne François Leroux, « l’accusation n’a pu, dans toutes ses auditions, recueillir le moindre témoignage à charge ». « Même le juge a reconnu que la peine de sept années était très sévère », ajoute Denise Hamouri.

Deux poids deux mesures

Au-delà de l’injustice, l’attitude de la France et de ses représentants officiels n’est pas sans poser de questions. «Nicolas Sarkozy a rencontré les parents de Ghilad Shalit (soldat israélien détenu par des militants du Hamas - NDLR), mais n’a pas répondu aux courriers de Denise Hamouri », fait savoir François Leroux, qui dénonce une politique du « deux poids, deux mesures ». « La France a demandé une issue humanitaire. Mais Nicolas Sarkozy nous évite », regrette Denise Hamouri. L’AFPS est particulièrement mobilisée pour que le jeune homme ne se sente pas abandonné. Un enjeu essentiel. Pour sa mère, en effet, l’objectif des autorités israéliennes est de chercher à « démoraliser » les militants de la cause palestinienne. L’association transmet les courriers de ses soutiens, lui envoie des livres… Le comité de soutien national comprend des élus de tous bords, mais aussi des personnalités comme Henri Alleg, Rony Brauman, Stephane Hessel... Lors de la visite dans la région, la sénatrice (PCF) Michelle Demessine a déclaré que « le silence de l’Élysée n’est pas acceptable ». Elle a appelé à « faire connaître le cas de Salah Hamouri plus largement dans la population ».

Bruno CADEZ

Pour plus de renseignements : http://www.france-palestine.org/

NB : A l’occasion de son passage dans la région (elle a tenu une conférence de presse à Lille, avant d’être reçue en mairie de Lille, par Marie-Pierre Bresson, adjointe au maire, puis de Douai, par Marie Delcambre, adjointe au maire, et enfin, de rencontrer des membres de l’AFPS de Seclin) Denise Hamouri a reçu le soutien de plusieurs élus et responsables politiques : Marie-Christine Blandin, sénatrice (Verts), Michelle Demessine, sénatrice (PCF), les députés Marc Dolez (PS), et Jean-Jacques Candelier (PCF), Georges Hage (ancien vice-président de l’Assemblée nationale), Jean-Claude Willem (ancien maire de Seclin), Eric Corbeaux (PCF 59)…

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