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logohuma-small.gif  Tribune libre - Article paru le 13 novembre 2008

idées

Parution

Un bouleversant chant d’adieu à la Palestine

Je serai parmi les amandiers,

d’ Hussein Al Barghouti, récit traduit de l’arabe (Palestine) par Marianne Weiss.

Éditions Sindbad / Actes Sud, 2008, 108 pages, 15 euros.

Ce n’est pas un poème, c’est un chant poétique splendide et fulgurant. Un chant d’adieu écrit par un poète à l’agonie. Un chant d’amour aussi, au pays, à la terre de Palestine, aux ancêtres, aux maisons écroulées et aux champs d’oliviers enracinés dans cette terre pierreuse, aux pierres elles-mêmes. À cette « beauté qui a été trahie » vers laquelle Hussein Al Barghouti (1) est revenu vivre ses dernières années après être resté longtemps, trop longtemps au loin. Émigré, exilé volontaire aux États-Unis, il revient au pays de son enfance quand il apprend qu’un cancer du poumon ne lui laisse plus guère de temps. Ce sont ces retrouvailles qu’il raconte. Avec les siens et le berceau de la famille, Deir Al Jouwani. Avec les mythes et les contes de l’enfance, les djinns, les fées, les hyènes, la lumière de la lune et le parfum des amandiers. Cette amanderaie que ses parents ont plantée près de leur maison en 1948, année de leur mariage, celle que les Palestiniens appellent la « nakba », la « catastrophe » que fut pour eux la création de l’État d’Israël, le partage de la Palestine et l’exode forcé de huit cent mille Palestiniens. Le récit ne s’appesantit pas sur l’histoire et n’évoque la colonisation que par touches - les changements d’un paysage, le champ d’oliviers disparu ou la vigne saccagée. Il se développe comme une élégie écrite dans une langue infiniment poétique, superbement traduite par Marianne Weiss qui a réalisé là un travail d’une subtile délicatesse.

(1) Né en 1954 près de Ramallah,
en Cisjordanie occupée, Hussein Al Barghouti y est mort le 1er mai 2002.
Il avait créé la revue de poésie Al-Shu’ara (les Poètes) et écrit un premier roman :
Lumière bleue, également traduit par Marianne Weiss pour Sindbad / Actes Sud.

Françoise Germain-Robin

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