Retour

Logo-LeMonde.jpg   Article paru dans l'édition du 18 novembre 2008

GAZA Situation humanitaire critique

Israël menace le Hamas d'une opération d'envergure

JÉRUSALEM CORRESPONDANT - Michel Bôle-Richard

Accusant le Hamas d'avoir "brisé le calme et créé une situation de violences continues dans le sud d'Israël", le premier ministre israélien de transition, Ehoud Olmert, a demandé, dimanche 16 novembre, lors du conseil des ministres, "aux services de sécurité de présenter au plus vite un plan d'action afin de rétablir le calme".

Pour le moment, il ne semble pas qu'une opération d'envergure soit envisagée à l'encontre des islamistes qui ont pris le pouvoir dans la bande de Gaza en juin 2007. Mais la dégradation de la situation préoccupe les autorités civiles et militaires israéliennes après cinq mois de trêve instaurée entre les deux camps, le 19 juin. En principe, ce cessez-le-feu tacite devait durer au moins six mois mais une incursion de Tsahal dans la bande de Gaza le 5 novembre, à la suite de la découverte d'un tunnel, a de nouveau mis le feu aux poudres.

Depuis cette date, quinze militants armés palestiniens ont été tués et près de 170 roquettes ou obus de mortiers (selon le décompte de l'armée) ont été lancés vers le sud d'Israël, notamment en direction des villes de Sderot et d'Ashkelon, sans toutefois faire ni de dégâts ni de victimes à part quelques blessés légers. Mais le retour de cette insécurité dans les villes frontalières et l'utilisation par le Hamas ou les comités de la résistance populaire de roquettes de type Grad, d'une portée supérieure et avec une charge explosive plus importante que les Qassam artisanales, inquiètent les autorités israéliennes.

Eli Yishaï, vice-premier ministre, a demandé "la destruction du quartier général du Hamas par voie aérienne". Shaul Mofaz, ministre des transports, a proposé la reprise des assassinats ciblés. Avigdor Lieberman, leader d'Israël Beiteinou (Israël notre maison), a reproché au ministre de la défense, Ehoud Barak, d'être trop timoré.

Ce dernier estime en effet que la trêve n'est pas tout à fait compromise et que "si l'autre camp veut l'accalmie, (nous) considérerons cela sérieusement". "La poursuite de la trêve est conditionnée à l'arrêt de la machine de guerre sioniste qui tue des Palestiniens et à la fin du siège injuste", a fait savoir Ismaïl Haniyeh, premier ministre du gouvernement Hamas.

Quelle décision va prendre M. Olmert ? Le premier ministre sur le départ n'a jamais caché son hostilité au cessez-le-feu, estimant que l'accalmie est mise à profit par le Hamas pour renforcer ses capacités opérationnelles et son armement. Lors d'une visite dans le sud d'Israël, le 11 novembre, il avait affirmé : "La confrontation avec le Hamas est inévitable. C'est seulement une question de temps."

Les islamistes sont officiellement favorables à une poursuite de la trêve mais font remarquer qu'en échange les Israéliens n'ont pas permis un desserrement du blocus auquel est soumis la bande de Gaza depuis dix-sept mois.

Le regain de tension a entraîné une fermeture totale de tous les points de passage, qui a occasionné une pénurie de denrées alimentaires et l'arrêt de l'unique centrale électrique de la bande de Gaza en raison du manque de carburant. Cette centrale fournit 32 % de la consommation. Ce territoire de 360 km2 et son 1,5 million d'habitants sont totalement coupés du monde. Plus rien, ni personne ne rentre ou ne sort de la bande de Gaza, interdite aux diplomates et aux journalistes. La noria d'une centaine de camions qui, chaque jour, permet de maintenir la population sous perfusion a été stoppée. Seuls les cas humanitaires sont autorisés à franchir le point de passage d'Erez, situé au nord de la bande de Gaza. La raison invoquée est la sécurité. Pour le moment, les appels venus de toutes parts pour desserrer l'étau du siège n'ont eu aucun écho.

Michel Bôle-Richard

Retour