Retour

International - Article paru le 9 décembre 2008

Hymne à la vie pour une Palestine à l’agonie

Proche-Orient . Lors d’une initiative consacrée aux « droits palestiniens, droits universels »,
Stéphane Hessel dénonce l’attitude « scandaleuse » de la France.

Ambassadeur de France, grand résistant et l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont on célèbre cette semaine les soixante ans, Stéphane Hessel n’a pas mâché ses mots, dimanche soir, lors de la soirée organisée par la Délégation générale de Palestine à l’Institut du monde arabe (IMA). Invité d’honneur d’une soirée musicale et poétique magnifique, rythmée par la poésie de Mahmoud Darwich, servie par une pléiade de talents (1), Stéphane Hessel a d’abord regretté que le président de l’IMA, Dominique Baudis, n’ait pas jugé utile et important d’être là. Il s’en est pris ensuite avec vigueur au gouvernement français, représenté dans la salle par Fadela Amara, qui est restée muette. « Il est scandaleux, a-t-il dit, que le gouvernement français n’ait toujours pas réussi à faire libérer notre compatriote, le Franco-Palestinien - Salah Hamouri. Il faut rappeler ici tout le mal qu’Israël fait aux Palestiniens, tout ce que la Déclaration universelle exige qu’Israël fasse et qu’il ne fait pas. » Et d’évoquer « les yeux hagards des enfants de Gaza » où il s’est rendu le mois dernier avec son épouse.

Ces enfants « privés de tout par un siège inhumain », Hind Khoury, - déléguée générale de Palestine, les avait évoqués juste avant, demandant « qu’on leur dédie cette soirée culturelle, à eux et aux 11 000 prisonniers politiques palestiniens, que l’on chante pour eux car, comme le dit notre grand poète national, nous - aimons la vie ». La présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme, Souheir Belhassen, évoque elle aussi -

une situation intenable : « Nous étions hier avec Raji Sourani, le président de l’Association palestinienne des droits humains, venus assister à notre conseil : il avait mis dix-neuf heures à sortir de Gaza. Il nous a raconté le cauchemar des gens de Gaza. En cette veille d’Aïd, la grande fête des musulmans, il faut savoir que les gens de Gaza n’ont presque pas de nourriture, pas de feu, pas même de lumière. C’est indescriptible et c’est une honte d’être incapable de mettre fin à cette situation. »

Bernard Ravenel, qui préside la Plate-forme des ONG pour la Palestine, a noté pour sa part que « les Palestiniens sont les seuls au monde dont le malheur a pour origine une décision de l’ONU » (2), ce qui devrait accroître la responsabilité de la communauté - internationale à leur égard.

Il n’en est rien, d’évidence. Le premier de tous les droits, le droit à la vie, est bafoué chaque jour, de plus en plus gravement, à Gaza, où plus de la moitié de la population vit dans une misère absolue. Mais aussi à Hébron, où le premier ministre israélien lui-même reconnaît dans le déchaînement des colons des « pogroms anti-palestiniens ». Et partout en Cisjordanie, de l’autre côté de ce mur d’apartheid qui empêche les Palestiniens d’accéder à l’école, au travail, à l’hôpital, bref, à tout ce qui fait la vie normale d’un - humain du XXIe siècle.

C’est ce droit primordial qui a été célébré dimanche soir, autour du grand poète Mahmoud Darwich, mort l’été dernier, pour qui la Palestine et tous ceux qui l’habitent sont à compter dans ce qui « sur cette terre, mérite vie ».

(1) Les poèmes de Mahmoud Darwich étaient lus par Hala Omran, Marie-Christine Barrault et Jean Damien Barbin. La musique jouée par l’ensemble Al Adwar et le trio Khoury, avec les voix de Dima Bawad, Aïcha Redouane et Hélène Delavault.

(2) C’est une résolution de l’ONU

qui, en novembre 1947, a décidé

de partager la Palestine pour créer l’État d’Israël.

Françoise Germain-Robin

Retour