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logohuma-small.gif   International - Article paru le 16 décembre 2008

Les calculs meurtriers de Tel-Aviv

La situation se détériore dans les territoires palestiniens. Le Hamas se renforce.

Il y a très exactement un an se tenait la conférence de Paris, censée être le prolongement économique de la conférence d’Annapolis, politique celle-là. Nicolas Sarkozy affirmait alors qu’il fallait « oeuvrer tous ensemble à la création, avant la fin 2008, d’un État palestinien (…) ». Voire !. À Paris, les donateurs internationaux se sont ainsi engagés à verser à l’Autorité palestinienne 7,7 milliards de dollars, dont 3,4 milliards pour la seule année 2008.

L’année se termine, l’heure est donc au bilan. Côté -économique, en octobre 2008,

seulement 1,62 milliard de dollars avaient été transférés mais il manque toujours 1,78 milliard. Côté politique, la création d’un État palestinien, but ultime de la conférence d’Annapolis, avant la fin du mandat de Bush, n’a pas vu le début de commencement de sa mise sur pied. Pis, la colonisation se poursuit dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est.

À Gaza, le blocus meurtrier organisé par Israël tue les Palestiniens et renforce le Hamas. À l’occasion du 21e anniversaire du mouvement islamiste, plus de 100 000 de ses partisans se sont rassemblés. Presque au même moment, la direction du mouvement islamiste, par la voix de Khaled Mechaal, de son exil de Damas, annonçait qu’elle ne reconduirait pas la trêve de six mois conclue le 19 juin dernier.

Le Hamas a déjà fait savoir qu’il ne reconnaîtrait plus Abbas comme président de l’Autorité palestinienne à compter du 9 janvier prochain, date de la fin de son mandat actuel. Abbas affirme pouvoir rester en place. Il a menacé d’organiser des élections présidentielle et législatives au début de l’an prochain, ce que refuse évidemment le Hamas. Une véritable aubaine pour Israël, qui fait d’une pierre deux coups en affaiblissant l’OLP, son ennemi de toujours, contraint de se déployer sur deux fronts politiques.

Quant au renforcement du Hamas, c’est un véritable coussin de sécurité politique pour les Israéliens vis-à-vis de leurs amis européens et américains. Tel-Aviv a bien compris qu’on ne saurait rien lui refuser du côté de l’Occident, tout en faisant croire à sa bonne volonté : elle libère quelques prisonniers. Selon le quotidien israélien Haaretz, Barack Obama compte proposer un pacte stratégique pour l’aider

à repousser une éventuelle

attaque nucléaire iranienne. Quant à l’Union européenne (UE), si pressée de faire une place à Israël en son sein, elle compte passer outre le vote des députés européens qui ne souhaitent pas qu’un rehaussement d’Israël se fasse tant que ce pays ne change pas d’attitude, notamment concernant Gaza.

Peu importe donc. Tzipi Livni, qui voudrait bien gagner les élections du mois de février et devenir premier ministre, fait maintenant dans la surenchère concernant les Arabes israéliens. Une fois l’État palestinien créé, « nous pourrons dire aux citoyens palestiniens d’Israël, ceux que nous appelons les Arabes d’Israël : la solution à vos aspirations nationales se trouve ailleurs », a-t-elle dit. Ce qui n’est rien d’autre qu’un transfert de population, pourtant interdit par les conventions internationales.

* Stains. Demain à 18 h 30, espace Paul-Eluard (place Marcel-Pointet), débat : « 60 ans après la Naqba, quelles perspectives de paix pour la Palestine ? ». Avec la participation de Hind Khoury, déléguée générale de Palestine en France, Fernand Tuil, coprésident de l’AJFP (association des villes françaises jumelées avec les camps de réfugiés palestiniens), Michel Beaumale, maire de Stains, Jeihad Tomaley, député au Parlement palestinien et responsable du camp de réfugiés d’Al Amari, Mireille Mendès-France, membre de l’UJPF (Union juive pour la paix) et Azzedine Taibi, conseiller - général de Stains.

Pierre Barbancey

 

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