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25 décembre 2008

Quand la Mairie de Paris honore une armée d'occupation!

par Brahim Senouci

http://www.lequotidien-oran.com/files/spacer.gifBertrand Delanoë et le Conseil de la Ville de Paris viennent de se distinguer, une nouvelle fois, dans le registre, désormais habituel, de l'ignominie. Ils viennent, en effet, d'élever un certain Gilad Shalit au rang de citoyen d'honneur de la Ville. Gilad Shalit est ce jeune soldat israélien, par ailleurs détenteur de la citoyenneté française, capturé par le Hamas, il y a deux ans et détenu depuis par ce mouvement. Une vaste campagne internationale a été lancée pour appeler à sa libération, campagne relayée notamment par Ingrid Betancourt.

Les autorités de la République française déploient une intense activité diplomatique pour y parvenir.

Concomitamment, Salah Hamouri, résident à Jérusalem, de père palestinien et de mère française, était jeté en prison par les autorités israéliennes. Son crime: être passé en voiture devant le domicile du rabbin Ovadia Yossef et «avoir ralenti» à sa hauteur. On peut comprendre que, poussé par la curiosité, il ait éprouvé l'envie de jeter un coup d'oeil à la porte derrière laquelle sévit ce personnage, surnommé «le rabbin exterminateur» par une journaliste française. Qu'on en juge. Chef spirituel du parti Shass (parti regroupant des juifs sépharades), Ovadia Yossef a proposé une méthode radicale pour en finir avec la question palestinienne et l'Intifada. «Il faut, a-t-il dit, depuis la chaire de sa synagogue de Jérusalem, anéantir les Arabes. Il ne faut pas avoir pitié d'eux, il faut leur tirer dessus avec des super-missiles, les anéantir, ces méchants, ces maudits.» Par ailleurs, il assimile les Arabes à des «serpents, êtres nuisibles et venimeux». Pour autant, aucune preuve d'un projet d'assassinat d'Ovadia Yossef n'a pu être établi contre Salah. Pas d'arme, pas de document. L'accusation d'appartenance à un mouvement interdit, en l'occurrence le FPLP de feu Georges Habbache, a, elle aussi, fait long feu. La justice militaire (qui est, selon le mot de Clémenceau, à la justice ce que la musique militaire est à la musique) l'a, cependant, condamné à sept ans de prison aux termes d'un chantage odieux. Salah a été contraint d'«avouer» l'intention de meurtre faute de quoi il aurait été soumis à une peine de quatorze ans! C'est une démarche coutumière dans la belle démocratie israélienne. 95 % des détenus palestiniens sont obligés, ainsi, à confesser des délits imaginaires pour voir «allégées» leurs peines.

Quid de l'attitude des autorités françaises à l'égard de Salah, leur ressortissant? Seul, le mot «indigne» peut la qualifier. Bernard Kouchner, le chantre des Droits de l'Homme, reprend, point par point, le discours israélien. Au lieu de dénoncer le scandale que constitue son emprisonnement, il se contente d'appeler à une solution «humanitaire»!

Denise, la maman de Salah, a écrit une lettre émouvante aux parents de Gilad Shalit, leur demandant d'intercéder pour son fils auprès des autorités israéliennes et françaises puisqu'ils y avaient accès. Le père de Gilad Shalit a, en retour, formé le voeu d'une libération de leurs deux enfants. Voilà une démarche humaine qui aurait mérité d'être entendue par les politiques, ce qui n'a pas été le cas.

Bien au contraire, le Conseil de la Ville de Paris, dans sa majorité, a choisi de mettre à l'honneur un soldat d'une armée d'occupation et d'ignorer le déni de justice dont fait l'objet un civil innocent, citoyen français. Le choix de la Ville de Paris n'est plus simplement d'aider un jeune conscrit à retrouver la liberté. Il se veut un soutien à l'armée israélienne dans son œuvre de destruction méthodique de la société palestinienne, ce qu'un sociologue israélien, Baruch Kimmerling, a qualifiée de politicide et un sociologue palestinien, Salah Abdeljawad, de sociocide. Quel contraste, note Jean-Claude Lefort, député honoraire, membre du comité de soutien à la libération de Salah Hamouri, avec les fortes paroles du Général De Gaulle, prononcées à la mairie de Paris, haut lieu de la Résistance à l'occupation allemande: «Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré!»  

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