Retour

lemondefr_pet.gif     Article paru dans l'édition du 22 février 2009

L'épuisement de la méthode d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens

 

Une coalition de droite et d'extrême droite dirigée par Benyamin Nétanyahou ne saurait être une bonne nouvelle pour le processus de paix israélo-palestinien. Selon la presse israélienne, citant un ancien ambassadeur des Etats-Unis à Tel-Aviv, Daniel Kurtzer, proche de Barack Obama, l'administration américaine et le responsable de la diplomatie européenne, Javier Solana, auraient déjà discrètement exprimé leurs réticences face à une telle combinaison.

Les plus optimistes mettront en avant le fait que le chef du Likoud avait signé pendant son premier passage au pouvoir, de 1996 à 1999, un plan de partage de la ville palestinienne d'Hébron au grand dam de la droite et des colons radicaux qui s'y sont enkystés. Les plus réalistes se souviendront que "Bibi" Nétanyahou avait contribué à briser la dynamique des accords israélo-palestiniens d'Oslo auxquels il s'était violemment opposé au moment de leur signature, en 1993.

Avec une nouvelle équipe ancrée à droite, la perspective d'un règlement du dossier palestinien s'estompe définitivement au profit de la gestion, selon des critères sécuritaires, des territoires palestiniens.

L'émergence du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et sa rivalité avec le Fatah de Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, avaient déjà porté un coup sérieux au cadre politique qui prévalait jusqu'à présent pour le dossier israélo-palestinien. Avec un premier ministre israélien otage de factions radicales toutes hostiles à un partage de Jérusalem et dont certaines nient la légitimité même d'un éventuel Etat palestinien, l'illusion de poursuivre comme si de rien n'était se dissipe.

Quinze ans après le début d'un processus de paix fondé sur une politique de "petits pas" et des échéanciers rarement respectés, il appartient aux parrains politiques (les Etats-Unis) et financiers (les Européens) de dresser le bilan d'une méthode qui n'a pas produit les résultats escomptés.

La possibilité de créer un Etat palestinien à Gaza et en Cisjordanie est maintenant ouvertement discutée, en Israël comme dans les territoires palestiniens. Elle demeure pourtant l'objectif de la communauté internationale, comme l'a rappelé vendredi 20 février Susan Rice, la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, après la désignation de M. Nétanyahou. Les parrains internationaux du processus israélo-palestinien doivent donc trancher entre deux alternatives. Soit accepter le statu quo qu'ils entretiennent en grande partie par le soutien financier à l'Autorité palestinienne. Soit forcer à la paix deux camps trop faibles pour parvenir par leurs propres moyens à un accord de paix.

Gilles Paris

Retour