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Logo-LeMonde.jpg    Article paru dans l'édition du 08 mai 2009

Editorial

Plan Lieberman

Le nouveau gouvernement israélien a une nouvelle approche pour faire la paix avec les Palestiniens. Avigdor Lieberman, le ministre des affaires étrangères de Benyamin Nétanyahou, l'a exposée cette semaine lors d'une tournée européenne. Il faut prendre cette approche au sérieux. Qu'a-t-il dit ?

Trois choses. D'abord, le temps n'est pas venu d'établir un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza ; la priorité est à la consolidation du pouvoir du Fatah et à l'amélioration des conditions économiques dans les territoires.

Ensuite, la vraie source de tensions régionales ne serait pas le conflit israélo-palestinien. M. Lieberman, habitant lui-même une implantation en Cisjordanie, assure que ni l'occupation ni la poursuite de la colonisation ne posent problème. Non, la question stratégique numéro un, le vrai obstacle à la paix, la seule priorité, c'est l'Iran. Avec ses deux "filiales" arabes (Hamas palestinien et Hezbollah libanais), sa volonté de se doter de l'arme nucléaire et son président, Mahmoud Ahmadinejad, qui, cette semaine encore, qualifiait Israël de "microbe destructeur", la République islamique est au cœur de la question de la paix. Il faut l'affaiblir, l'isoler, l'empêcher de devenir une puissance nucléaire et de diffuser son radicalisme islamique pour pouvoir faire - après, après seulement, dans cinq ou sept ans, dit-on à Jérusalem - la paix avec les Palestiniens.

Enfin, dans ce combat, poursuit M. Lieberman, Israël trouvera à ses côtés bien des Etats arabes qui se sentent aussi menacés que lui par les ambitions régionales de l'Iran.

Même si l'on pense, comme nous, que la question palestinienne relève de l'urgence absolue, prenons cependant M. Lieberman au mot. Après tout, ce qu'il dit de l'Iran n'est pas dépourvu de réalité. Mais alors, si l'affaire de l'heure est pour Israël de tenir la République islamique en respect, avec l'aide des Etats-Unis, de l'Europe et de nombreux Etats arabes, si c'est, là, LA priorité, le gouvernement israélien a un geste à faire, dans son propre intérêt : l'arrêt complet de la colonisation et le démantèlement des implantations sauvages en Cisjordanie.

Seul ce geste témoignerait de sa bonne foi et favoriserait l'alliance suggérée pour "contenir" l'Iran. Il ne coûterait rien en termes de sécurité. En revanche, si les implantations progressent au rythme actuel, la nouvelle approche israélienne apparaîtra comme un leurre destiné à masquer l'objectif réellement poursuivi : interdire à jamais, par la colonisation, la possibilité d'un Etat palestinien.

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