Retour

http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemondefr_pet.gif    Article paru dans l'édition du 20 mai 2009

Edito du Monde

Dernier espoir

Barack Obama veut avancer sur le dossier israélo-palestinien. Il l'a signifié au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qu'il recevait à la Maison Blanche, le 18 mai. Le président américain ouvrait, à cette occasion, une séquence diplomatique au cours de laquelle il s'entretiendra à Washington avec le président égyptien, Hosni Moubarak, puis avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avant de prononcer au Caire, le 4 juin, un discours attendu à l'attention du monde arabo-musulman.

Cette volonté américaine de réengagement est la bienvenue, tant les deux principaux protagonistes de ce vieux conflit semblent incapables aujourd'hui d'avancer par leurs propres forces vers un règlement équitable. De même est salutaire le souci de la nouvelle équipe à la Maison Blanche d'assumer à nouveau le rôle d'arbitre et de rompre avec la politique de M. Bush qui consistait à sous-traiter le dossier à son indéfectible allié israélien.

En dépit de sa grande prudence, M. Obama prend pourtant le risque de créer une attente. Car le dossier palestinien s'est transformé en machine infernale depuis quinze ans. Les rendez-vous ratés n'ont pas manqué, à commencer par le processus d'Oslo, qui devait s'achever en 1999. Les promesses non honorées non plus, comme la création d'un Etat palestinien annoncée par la "feuille de route" (un plan de paix international) en 2005, puis en 2008 avec la conférence d'Annapolis.

Le processus de paix israélo-palestinien a perdu de ce fait tout crédit, rongé sur le terrain par des dynamiques qui démentent chaque jour les discours officiels. Comme la colonisation, qui se poursuit inexorablement, sur sa lancée, au rythme d'environ 12 000 nouveaux habitants par an.

Cette inertie fait que le temps est compté. Viendra bientôt le jour où le partage de la terre n'aura plus de sens et où il ne se trouvera plus personne, côté palestinien, pour accepter de donner le nom d'Etat à un ensemble géographiquement disparate et à la viabilité économique hypothétique.

Au cours des dernières années, les parrains internationaux du processus de paix israélo-palestinien ont fait tacitement le choix de la gestion du conflit plutôt que celui du règlement. S'il s'est gardé jusqu'à présent d'en dire plus sur les moyens qu'il entend mettre au service de son projet, M. Obama semble décidé à faire aboutir la deuxième option. Un échec emporterait, à coup sûr, les fondements chancelants d'un espoir de paix.

Retour