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                                                      article paru le 9 juillet 2009

 

 

 

Oxfam appelle Israël à démanteler le mur

 

 

Il y a cinq ans jour pour jour, le 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice (CIJ) déclarait illégale l’édification par Israël du mur dans les Territoires palestiniens occupés, et appelait au démantèlement immédiat de cette construction.

« Cet avis reste aujourd’hui encore lettre morte. Une situation dramatique pour les Palestiniens, le processus de paix et la crédibilité du droit international », estime l’organisation non gouvernementale Oxfam International, dans un rapport intitulé « Cinq ans d’illégalité ».

En 2002, l’État hébreu avait entamé la construction d’un mur autour de la Cisjordanie pour assurer la sécurité de ses concitoyens. Blocs de béton ou barrières de grillage électrifié, ce dispositif devait empêcher les kamikazes de passer en Israël et donc prévenir les attentats. De fait, ceux-ci ont presque cessé.

La longueur totale du mur sera comprise entre 726 et 790 kilomètres. Environ 57 % de la construction sont terminés, 9 % sont en cours et 34 % sont planifiés. Mais ses conséquences sont dramatiques pour la population palestinienne. « Le mur fragmente de facto la Cisjordanie en trois parties et crée 22 petites enclaves isolées. Il met en question la viabilité potentielle d’un futur État palestinien », écrit Oxfam.

 

Les agriculteurs palestiniens sous le seuil de pauvreté

 

Outre les conséquences pour la vie économique, sociale et humanitaire des Palestiniens, il crée une situation de fait qui aura un impact sur un éventuel règlement politique, car le mur est souvent érigé au-delà de la « ligne verte », la ligne de cessez-le-feu établie à la fin de la guerre de 1948, qui reste la frontière internationalement reconnue entre Israël et la Cisjordanie.

En juin 2008, la construction avait entraîné la confiscation de 4 929 hectares de terres palestiniennes, la privation de 27 460 hectares et le déplacement de 3 880 ménages, soit 27 841 personnes, note Oxfam dans son rapport. L’ONU estime que dans le nord de la Cisjordanie, 80 % des Palestiniens qui ont des terres de l’autre côté du mur n’obtiennent pas de permis de la part des autorités israéliennes, et sont donc dans l’impossibilité de cultiver leurs champs.

Oxfam a recueilli plusieurs témoignages sur les humiliations des Palestiniens aux check-points. Elle cite les pertes économiques subies par les producteurs d’olives à la coopérative de Beit Jala, dans la région de Bethléem. « Avant la construction du mur, nous récoltions 3 000 tonnes d’olives par an, à présent nous n’avons plus que 500 à 1 000 tonnes selon les années, explique Youssef Salim, oléiculteur de Beit Jala. Nous étions autosuffisants. Aujourd’hui, nous sommes obligés d’en acheter ailleurs. Résultat, la plupart des agriculteurs palestiniens vivent désormais sous le seuil de pauvreté. »

 

 

"Labyrinthe des interdits"

 

Jeremy Hobbs, directeur exécutif d’Oxfam International, dénonce « ce labyrinthe des interdits » qu’est devenue la Cisjordanie occupée : « Comment soigner ses oliviers lorsqu’ils sont isolés derrière un mur infranchissable ? Comment accoucher à l’hôpital lorsque son village est bouclé ? Comment gagner sa vie sereinement en ignorant si son permis de circuler sera accordé ou renouvelé ? Et comment entrevoir un avenir meilleur lorsque le chemin de l’école devient un périple quotidien ? Aujourd’hui, l’édification du mur se poursuit, bien au-delà de la ligne verte, privant les Palestiniens de leurs moyens de subsistance et de leur accès aux services de base. Des droits fondamentaux qu’Israël, en tant que puissance occupante, se doit pourtant de garantir. Qu’Israël veuille assurer la sécurité de ses citoyens est légitime. Mais elle ne peut en aucune façon l’obtenir au détriment du droit international humanitaire. »

Jeremy Hobbs appelle la communauté internationale à « mettre sur le tapis la question du mur en territoire occupé et son régime associé, la colonisation, la confiscation et le contrôle des ressources naturelles (comme la terre et l’eau), qui modifient de facto la composition démographique des territoires occupés et violent le droit international humanitaire ».

Agnès ROTIVEL

 

http://www.la-croix.com/photo2/index.jsp?docId=2381500&rubId=4085



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