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Lettre de J.C.Lefort à 3 ministres au sujet de « Soda Club »

 

 

Madame Christine Lagarde

Ministre de l’économie

Madame Anne-Marie Idrac

Secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur.

Monsieur Eric Woerth

Ministre du budget (et des douanes)

 

 

Paris, le 12 octobre 2009

 

Mesdames et Monsieur les Ministres,

 

Les circonstances ont voulu que notre association soit alertée par la présence annoncée aux « Fêtes des Vendanges » à Paris de la société « Soda Club » qui produit des appareils à gazéifier l’eau et une série d’autres produits connexes.

Cette société, qui se présente sur son site Internet comme étant « d’origine israélienne », qui se félicite d’avoir été présente à Paris au « Salon Planète durable 2009 », indique clairement s’être implantée en France en 2008 et être distribuée par un importateur exclusif : la société OPM, « spécialiste de la distribution des accessoires électroménagers auprès des GSA, GSS et des spécialistes ».

La société « Soda Club » est en vérité une société installée dans la plus grande des colonies israéliennes : à Ma’ale Adumin, non loin de Jérusalem, en pleine Cisjordanie. Le droit international, maintes fois réitéré par la France, ne reconnaît aucune légalité aux colonies israéliennes en Territoires palestiniens occupés.

L’Accord d’association conclu entre l’Union-Européenne et Israël en vigueur depuis l’an 2000 tient compte de cette donnée : l’article 83 de cet accord, ratifié par les parlements puisque c’est en réalité un Traité, dispose explicitement que les importations israéliennes vers le territoire européen pouvant bénéficier des avantages liés à l’Accord d’association ne sauraient en aucun cas provenir autrement que du « territoire israélien ». Cette clause est impérative et ne saurait subir la moindre dérogation.

Ainsi par définition, la société « Soda Club » ne saurait donc être présente dans l’espace européen. Sa présence en France ou ailleurs en Europe est totalement prohibée par les termes de l’Accord dont vous avez notamment la charge qu’il soit appliqué en toutes ses dispositions.

Suite à notre « découverte » de sa présence aux « Fêtes des Vendanges », nous sommes intervenus auprès de la Mairie de Paris, spécialement de la Mairie du 18ème arrondissement organisatrice de l’événement, qui a eu in fine la sagesse d’interdire la présence de cette société illégalement présente en France et, par voie de conséquence, à ces fêtes.

Cela aurait en effet entraîné des perturbations diverses, comme nous l’avions signalé fortement et honnêtement auprès des autorités parisiennes. L’annonce de cette présence de « Soda Club » a provoqué une grande colère parmi les partisans de la paix au Proche-Orient, spécialement les nombreuses organisations et associations réunies dans le « Collectif national pour une Paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens ».

Ces dernières, et à bon droit, estiment – et elles ne sont pas seules – que l’existence et le développement des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens au mépris du droit et des accords signés est non seulement l’une des causes de l’insupportable situation qui prévaut au Proche-Orient ensanglanté durement depuis plus de 40 ans, mais l’un des obstacles principaux à la paix.

Notons, et ce point n’est pas second, que l’Allemagne s’est tout récemment opposée à l’introduction des produits de cette société et les a bloqués aux frontières de ce pays européen ami.

Cette situation décrite ici rapidement pour vous dire que, selon les affirmations de cette société rappelées plus haut, la présence en France de « Soda Club » depuis 2008 est totalement illégale.

Par voie de conséquence sa présence dans quelque magasin ou salon que ce soit est un outrage absolu au droit, non seulement au droit du commerce international mais au droit à la paix qui doit figurer en haut de tous les agendas politiques.

En conséquence, puisque à un titre ou à un autre vous êtes aux premières lignes concernant cette affaire d’Etat, je vous demande instamment de faire appliquer dans toute sa rigueur le droit international, et plus particulièrement l’article 83 de l’Accord d’association.

Cela suppose d’interdire aux frontières l’introduction des produits de cette société mais aussi des produits de toutes les sociétés israéliennes installées dans les colonies ou vivant de l’occupation illégale et condamnée des Territoires palestiniens.

Vous êtes en charge aujourd’hui de faire respecter le droit qui, en cette matière sensible, va bien au-delà que le droit des affaires qui est contredit en l’espèce et de surcroît.

J’ai en vue à ce propos, et tout particulièrement, la décision prise par Président de la région Languedoc-Roussillon d’installer dans le ville de Sète la puissante société israélienne « Agrexco » qui exporte des quantités considérables de produits frais qui ne sont rien de moins que volés aux Palestiniens, spécialement à ceux, agriculteurs, de la Vallée du Jourdain.

Un Président de région ne saurait en aucun cas se placer au dessus du droit et le gouvernement ne saurait en aucune manière fermer les yeux : il s’agit de ses attributions régaliennes impératives que de faire en sorte, et par tous les moyens appropriés, que le droit international ou européen auquel il a souscrit s’impose à tous. Sans autre considérant.

Nous tenant à votre disposition pour toute autre information complémentaire, nous vous indiquons notre ferme volonté de faire en sorte que le droit s’applique dans toute sa rigueur en ce domaine et que, agissant ainsi, nous avons la ferme conviction d’agir utilement pour la paix au Proche-Orient.

Nous attendons donc une rapide décision de votre part sur l’ensemble de ces « dossiers », depuis « Soda Club » à « Agrexco ».

Plus généralement nous vous demandons formellement une application stricte de l’ensemble des clauses de l’Accord d’association, des articles 2, 10 et 83 en particulier.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, Mesdames et Monsieur les Ministres, en l’expression de mon clair respect.

 

Jean-Claude Lefort, Président de l’AFPS

 

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