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http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemondefr_pet.gif Article paru dans l'édition du 22 octobre 2009

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Les motifs de friction se multiplient entre la France et Israël

Bernard Kouchner annule une visite en Israël, officiellement pour des raisons de calendrier

Bernard Kouchner ne se rendra pas en Israël et dans les territoires palestiniens à l'occasion de sa visite dans la région, prévue initialement du 23 au 25 octobre. Le porte-parole du Quai d'Orsay a expliqué, mardi 20 octobre, que ce report est dû à « des raisons de construction du programme [ministériel], de compatibilité d'horaires de rendez-vous, etc. » « Les étapes israélienne, palestinienne et syrienne sont reportées », a-t-il ajouté, ce qui signifie que le ministre français des affaires étrangères ira seulement au Liban.

Cette explication est succincte. M. Kouchner avait l'intention de profiter de sa visite en Israël pour aller à Gaza, afin de donner le coup d'envoi de la réhabilitation de l'hôpital Al-Qods, partiellement détruit lors de la guerre de l'hiver 2008. Pour ce projet de caractère humanitaire, le président Sarkozy avait obtenu l'accord personnel du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

De là à laisser M. Kouchner se rendre dans la bande de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas, il y a un pas que les autorités israéliennes ont du mal à franchir. D'autant qu'elles ne sont pas sûres de la nécessité de « reconstruire » cet hôpital. De source israélienne, on affirme que le bâtiment n'a été que partiellement endommagé par un feu qui s'est propagé depuis un immeuble voisin, lui-même détruit par les bombardements.

Il semble d'ailleurs que les diplomates français aient autant de mal à entrer à Gaza qu'à... en sortir. Cela fait plusieurs semaines que le vice-consul de France à Gaza, Majdi Shakoura, qui souhaite se rendre en France pour des raisons médicales, attend en vain que les autorités israéliennes lui délivrent un permis de sortie.

La position française à propos du rapport du juge Richard Goldstone, qui a stigmatisé les « crimes de guerre » commis, notamment par Israël à Gaza a, d'autre part, fortement déplu à Jérusalem. Sont en cause à la fois le fait que la France a choisi de ne pas participer au vote du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui a entériné ce rapport le 16 octobre, et la lettre que Nicolas Sarkozy a cosignée avec le premier ministre britannique, Gordon Brown, enjoignant à M. Nétanyahou de créer une commission d'enquête « indépendante et transparente » sur la guerre de Gaza.

« Ultimatum »

L'attitude de Paris a provoqué de l'irritation. « Nous avons été très déçus que la France ait choisi de ne pas soutenir Israël dans un moment aussi important », indique-t-on de source autorisée. S'il n'a pas été question, officiellement, d'annuler un rendez-vous de Bernard Kouchner avec M. Nétanyahou, c'est uniquement, ajoute-t-on, parce que la visite du ministre français a été elle-même annulée.

« Le ton de cette lettre était un langage d'ultimatum, et cela a beaucoup agacé dans l'entourage du premier ministre. Cette démarche était surtout destinée à l'opinion publique internationale », insiste un haut fonctionnaire israélien, qui ajoute : « On a évité l'incident, puisque M. Kouchner ne vient pas, mais ceci montre une certaine tension. » Côté français, on reconnaît que le contexte de la visite de Bernard Kouchner en Israël n'était « pas très porteur ».

Le Quai d'Orsay, indique un diplomate israélien, a expliqué que M. Kouchner était obligé d'annuler sa visite en raison de la réunion des ministres européens des affaires étrangères. Il est vrai que la tournée de M. Kouchner dans la région devait s'achever le 25, et qu'il est attendu par ses homologues européens, à Luxembourg, pour le dîner du... 26 octobre.

Laurent Zecchini

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