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Al-Oufok

 

vendredi 30 octobre 2009  http://www.aloufok.net/spip.php?article1018

La face sombre de Tel-Aviv la blanche

1909 - 2009 : centième anniversaire de la fondation de Tel-Aviv, cette ville qui exprime la modernité d’Israël, ville née du sable et de la mer, ville qui serait, selon l’imagerie israélienne, pure de toute spoliation des Palestiniens.

L’histoire est loin d’être aussi belle que le dit cette présentation.

Tel-Aviv s’est construite contre la ville palestinienne de Jaffa qui fut l’un des centres de la vie culturelle palestinienne et les sables sur lesquels elle s’est édifiée portaient des villages palestiniens qui ont été détruits pour faire place à la nouvelle ville. Tel-Aviv est loin d’être aussi pure qu’on la présente et s’inscrit dans la conquête de la Palestine. Il faut ici rappeler que 1909 se situe à l’époque de la deuxième alyah (vague d’immigration), celle des cadres du mouvement sioniste qui viennent s’établir en Palestine pour y construire l’Etat des Juifs. En ce sens on peut considérer Tel-Aviv comme le symbole de la conquête.

La construction de Tel-Aviv marque ainsi une étape importante dans la mise en place de l’Etat juif.

La cité née des sables Symbole de la modernité israélienne et marquée par le développement de sa vie culturelle, Tel-Aviv occulte une réalité plus sombre, celle de la dépossession des Palestiniens. Son inscription au Patrimoine Mondial par l’UNESCO en 2003 ne saurait faire oublier cette réalité.

Construite à côté de la ville de Jaffa, Tel-Aviv étouffera ce centre de la culture palestinienne qui, après la proclamation de l’Etat d’Israël, deviendra l’un des faubourgs pauvres de la ville, où vivent encore quelques Palestiniens.

La ville de Jaffa fut conquise en 1948 par les organisations paramilitaires juives et soixante quinze pour cent de la ville a été détruite. Le nombre de ses habitants est alors passé de 60.000 à 4.000, ces derniers autorisés à résider dans deux quartiers de la ville, Ajame et Jeballah. Quant à la Vieille Ville, elle a été vidée de ses habitants pour devenir un centre touristique, où les propriétaires palestiniens des galeries d’art ont été dépossédés au profit des artistes israéliens. Ainsi disparaît toute trace de la culture palestinienne pour laisser la place aux conquérants. Quant aux noms arabes des rues, ils ont été effacés et remplacés par des noms plus "présentables". Ce qui permet d’occulter que la vie culturelle tant vantée de Tel-Aviv s’est construite sur l’élimination de la culture palestinienne.

Ainsi disparaît une ville, Jaffa, et tout son passé pour laisser place à la ville nouvelle de Tel-Aviv.

L’ONG israélienne Zochrot qui s’est donnée pour objectif de retrouver les vestiges des villages palestiniens détruits, rappelle que de tels villages existaient autour de Jaffa et qu’ils ont été détruits. Parmi ces vestiges, le village de Summeil dont une partie a été recouverte par la "Century Tower".

La municipalité essaie de détruire les quelques vieilles maisons qui constituent un noyau de pauvreté pour construire un quartier résidentiel et des centres commerciaux modernes. Des architectes membres de Zochrot rappellent que Tel-Aviv n’est pas née des sables mais qu’elle s’est construite sur les villages palestiniens détruits de Sheikh Muwannis, (sur sa terre est bâtie une partie de l’Université de Tel Aviv), Jammusin, Salame, Summeil et bien d’autres.

Nous rappelons que, au coeur de cette même ville, se trouve le QG du Ministère de « défense », le centre névralgique d’où partent les ordres pour bombarder, massacrer, expulser, torturer Célébrations En septembre 2009, le cinquième Festival International de Film de Toronto a annoncé qu’il allait inaugurer son programme City to City avec un "pleins feux" sur Tel-Aviv. Cette annonce a provoqué la réaction de cinéastes et d’acteurs qui ont publié une lettre ouverte adressée aux organisateurs du Festival. "Nous ne protestons pas contre les cinéastes israéliens inclus dans le programme City to City, et nous ne suggérons en aucune façon que le cinéma israélien devrait être exclu de TIFF.

Toutefois, en particulier à la suite de l’assaut brutal de cette année sur Gaza, nous nous opposons à l’utilisation d’un festival international aussi important pour promouvoir une campagne de propagande au nom d’un régime que l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, l’ancien président des États-Unis Jimmy Carter, et le président de l’Assemblée Générale des Nations-Unies Miguel d’Escoto Brockmann ont appelé un régime d’apartheid."

Cette lettre est signée par des personnalités aussi éminentes que Udi Aloni, Elle Flanders, John Greyson, Naomi Klein, Kathy Wazana, Cynthia Wright, B. H. Yael ...

La Mairie de Paris, toujours prête à louer les mérites d’Israël tout en se donnant une image d’ouverture aux pluralités d’opinions, s’apprête à célébrer le Centenaire de Tel-Aviv du 4 novembre au 6 décembre 2009 et apporte son soutien à une exposition qui a lieu du 13 octobre au 17 novembre 2009 à la Cité Internationale des Arts.

Dans le cadre de cette célébration, le Forum des Images organise à Paris le cycle Tel-Aviv, Le Paradoxe.

De même qu’à Toronto, plusieurs cinéastes dont Eyal Sivan, Hany Abu-Assad et Shai Carmeli Pollak ont décliné l’invitation à projeter leurs films dans le cadre du cycle Tel-Aviv, Le Paradoxe.

Eyal Sivan a envoyé sa propre lettre qui comprend l’extrait suivant : "La politique raciste et fasciste du gouvernement israélien et le silence complice de la plupart de ses milieux culturels pendant le récent carnage opéré à Gaza comme face à l’occupation continue et aux violations des droits humains et aux multiples discriminations à l’égard des Palestiniens sous occupation, ou ceux citoyens palestiniens de l’Etat israélien – toutes ces raisons justifient que je maintienne une distance vis-à-vis de tout événement qui pourrait être interprété comme une célébration de la réussite culturelle en Israël ou un cautionnement de la normalité du mode de vie israélien. Puisque votre rétrospective fait partie de la campagne internationale de célébration du centenaire de Tel-Aviv et qu’elle bénéficie, à ce titre, du soutien du gouvernement israélien, je ne peux que décliner votre invitation".

Dans un geste citoyen, nous, membres de la campagne BDS France, solidaires de l’ « Initiative palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël » (PACBI = Palestinian Campaign for the Academic & Cultural Boycott of Israël), nous vous adressons cette lettre ouverte de protestation. Nous nous associons en cela aux cinéastes et artistes ayant refusé de participer à une telle manifestation, ainsi qu’aux nombreux artistes et citoyens palestiniens qui nous ont demandé de dénoncer cette opération de marketing d’un Etat décidé à faire oublier sa face sombre.

Nous refuserons de participer à cette indigne célébration et nous ferons notre possible pour informer les habitants de Paris sur la véritable nature de la ville que cette exposition est censée glorifier, afin qu’ils ne participent pas non plus à cette complicité d’apologie de crimes coloniaux.

Campagne BDS France
21 ter rue Voltaire 75011 Paris

Pétition

Non au terrorisme de l’Etat d’Israël

http://www.aloufok.net/spip.php?article2

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