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L I B E R T É - H E B D O • n ° 8 9 2

 

Citoyens du monde, ensemble, pour la Palestine

Par Elsa GRIGAUT

 

Les quinze marcheurs lillois partis rejoindre les 1360 internationaux pour manifester leur soutien aux Gazaouis et dénoncer le blocus imposé par Israël ont été contraints de rester au Caire.

 

Le 27 décembre 2008, Israël menait une opération militaire appelée « Plomb durci » contre le peuple palestinien de Gaza. Vingt-deux jours de massacre, vingt-deux jours où un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants ont vu pleuvoir sur leur terre du phosphore blanc et des gaz à l’uranium. Depuis, les Gazaouis meurent lentement, asphyxiés par un blocus illégal imposé par Israël.

 

Mille trois cent soixante citoyens venus du monde entier et animés par la même volonté de voir briser les murs de cette prison à ciel ouvert se sont retrouvés durant une semaine en Egypte. L’idée était de marcher tous ensemble et d’entrer dans Gaza pour manifester leur soutien aux Palestiniens de cette région. Ils caressaient l’espoir que cesse l’immobilisme international et celui de faire lever le blocus. L’association France-Palestine solidarité Nord-Pas-de-Calais et une quinzaine de Nordistes étaient du voyage.

 

Le gouvernement français collabore avec Israël

 

Il y a deux semaines, Mireille Gabrelle, membre de cette association, nous confiait : « Actuellement, le contexte sur place s’est encore durci. L’Egypte est en train de construire un mur souterrain de trente mètres de profondeur à la frontière. La question est de savoir si nous pourrons atteindre Gaza ». Ses craintes étaient justifiées puisque le gouvernement égyptien a interdit aux marcheurs de passer la frontière. Arrivés le 26 décembre au Caire, les trois cents marcheurs français ont appris le lendemain que les autocars qui devaient les emmener à Rafah ne viendraient pas les chercher malgré le paiement de 50% de la facture. Pourtant, l’ambassadeur  de France en Egypte, Jean Félix-Paganon, leur avait assuré que le gouvernement égyptien les laisserait partir sans pour autant leur promettre de pouvoir entrer dans Gaza.

 

Loin d’entamer leur détermination, cette annonce a renforcé la volonté des marcheurs. Ils ont alors occupé une des artères principales de la ville devant l’ambassade de France. « On a complètement paralysé la capitale. Très vite, les forces de l’ordre sont intervenues. On s’est retrouvés encerclés par des barrières. Cela a duré une semaine », raconte Claude Dancette, un des marcheurs lillois, membre de l’association médicale franco-palestinienne.

 

Ce petit blocus symbolique devant l’ambassade de France a, selon lui, « attiré l’attention du Quai d’Orsay (en liaison avec l’ambassade de France) et du gouvernement égyptien qui ont pris des mesures de rétorsion à l’égard des marcheurs, limitant l’accès aux toilettes et ne permettant pas de recharger les téléphones portables à l’ambassade ».

 

A force de détermination et de dialogue, les marcheurs ont obtenu que les délégations d’internationaux de tous pays venus pour les encourager puissent entrer dans le campement improvisé. Cela leur a permis d’établir une coordination efficace et d’organiser plusieurs actions.

 

Le 31 décembre, plus de cinq cents internationaux se sont réunis devant le Musée Egyptien (lieu le plus fréquenté du Caire) faisant ainsi la une de tous les journaux du pays. Le lendemain, un autre rassemblement a eu lieu devant l’ambassade d’Israël. Inspirées par l’initiative porteuse d’espoir des Français devant leur ambassade, les délégations des autres pays ont à leur tour organisé des rassemblements similaires devant leurs ambassades avant d’être délogées.

 

« La presse égyptienne nous a très bien couverts malgré la répression et nos actions ont été relayées par les médias du monde entier. Il faut savoir qu’en Egypte, les regroupements de plus de six personnes sont interdits ainsi que le déploiement du drapeau palestinien, alors là, on s’en est donné à coeur joie ! Nos banderoles étaient visibles de loin et nous n’avons cessé de dénoncer la collaboration honteuse des grandes puissances et donc du gouvernement français au siège de Gaza. Nous avons cependant remarqué l’absence de la presse française », explique Claude Dancette.

 

Il est évident que les citoyens venus de toute la planète pour la marche de la liberté regrettent de n’avoir pas pu pénétrer à Gaza, mais, les organisateurs palestiniens leur ont transmis ce message : « Les actions spectaculaires et très médiatisées que vous avez menées au Caire sont bien plus efficaces pour nous que la visite programmée de la bande de Gaza ».

 

Claude Dancette ajoute : « Aucune pression, aucun geste n’a été fait par le gouvernement français pour nous aider dans notre démarche. Mais en tant que citoyens du monde, nous ferons tout pour qu’Israël ne puisse pas développer son projet d’élimination des Palestiniens. Nous appelons tous ceux qui sont épris de liberté et de justice à se joindre aux actions qui peuvent être menées pour soutenir le peuple de Palestine ».

 

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