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Le Monde.fr

Les Palestiniens suspendent leur participation aux négociations avec Israël

Laurent Zecchini

 

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/03/11/les-palestiniens-suspendent-leur-participation-aux-negociations-avec-israel_1317618_3218.html#xtor=AL-32280340

 

A peine lancées, les négociations de paix indirectes entre Israéliens et Palestiniens ont été brutalement interrompues. Saëb Erakat, principal négociateur palestinien, a confirmé au Monde, jeudi 11 mars, les propos tenus la veille au soir, au Caire, par Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, selon lequel le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, l'a informé de sa décision "de ne pas participer à ces négociations maintenant". "La partie palestinienne n'est pas prête à négocier dans les circonstances présentes. Les discussions ont déjà cessé", a ajouté M. Moussa.

Cette décision est la conséquence de celle des autorités israéliennes de construire 1 600 nouveaux logements dans la colonie ultraorthodoxe de Ramat Shlomo, à Jérusalem-Est. Annoncée mardi, alors que le vice-président américain, Joseph Biden, se trouvait à Jérusalem pour officialiser la reprise des discussions, cette escalade de la colonisation juive a déclenché un net refroidissement entre Israël et les Etats-Unis.

Dissensions au gouvernement

Mahmoud Abbas attend désormais "une réponse américaine à notre demande que les Israéliens renoncent à la construction" des logements de Ramat Shlomo, nous a précisé M. Erakat. Sans une réponse positive, a-t-il ajouté, "il nous sera très difficile de poursuivre des négociations avec les Israéliens".

Or, il est quasiment exclu que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, annule la décision de son ministre de l'intérieur, Eli Yishaï, président du parti ultraorthodoxe Shass.

M. Nétanyahou a réuni ses ministres pour souligner à quel point le moment choisi pour annoncer de nouvelles constructions était fâcheux. Dans ce qui apparaît de plus en plus comme un règlement de comptes au sein de la coalition gouvernementale, plusieurs ministres travaillistes, dont Ehoud Barak, ministre de la défense, ont estimé qu'il eut été préférable, au minimum, d'attendre le départ de M. Biden de Jérusalem.

Sur le fond, en revanche, M. Nétanyahou a réaffirmé que les constructions à Jérusalem-Est devaient aller de l'avant. L'Autorité palestinienne, de son côté, capitalise manifestement sur la colère américaine vis-à-vis de l'Etat juif, espérant convaincre Washington d'adopter une attitude plus ferme envers Israël. Dans ce match politique entre Israéliens et Palestiniens, où chaque camp s'efforce d'abord de faire porter à l'autre la responsabilité des errements du processus de paix, les seconds viennent de prendre l'avantage.

D'autant qu'il n'est pas exclu que cette énième crise du processus de paix ait des conséquences politiques. Selon Shalom Simhon, ministre travailliste de l'agriculture, "les travaillistes ont de plus en plus de difficultés à participer à la coalition gouvernementale dans laquelle ils sont entrés pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens".

Si cette phase délicate est dépassée, les relations israélo-américaines ne devraient pas être durablement affectées. La liste est longue des visites de responsables américains ayant coïncidé avec une relance de la colonisation : Washington manifeste avec plus ou moins de force son mécontentement, et les bulldozers israéliens reprennent invariablement les travaux de construction dans les colonies.

 

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