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logohuma-small.gif                                     Article paru le 2 Juillet 2010 – Page 5

Après la flottille pour Gaza, les « alters » continuent

Par Thomas Lemahieu

 

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À la suite des bains de sang perpétrés par l’armée israélienne, certains participants au FSE s’interrogent sur l’opportunité de nouer une alliance avec la Turquie.

Istanbul (Turquie),  envoyé spécial.

Envoyer une «flottille de la liberté» pour briser l’embargo sur la bande de Gaza. L’idée avait été émise en septembre 2008, à Malmö (Suède), lors d’un Forum social européen (FSE): l’écrivain suédois Henning Mankell avait immédiatement promis d’y participer, des militants de toute l’Europe et des eurodéputés allemands de Die Linke se sont lancés dans l’aventure, et l’ONG turque Fondation d’assistance humanitaire IHH s’est ensuite chargée de fournir la logistique et d’élargir largement la flottille. C’est cette idée devenue action qui s’est terminée, comme on le sait, dans un véritable bain de sang, le 31 mai: neuf militants turcs ont été abattus par les soldats israéliens, la plupart des corps ayant été criblés de balles selon des rapports d’autopsie qui ont été rendus publics, il y a deux jours, en Turquie; et l’indignation internationale a été énorme, au point d’embarrasser des États traditionnellement peu regardants.

Pour de nombreux militants des droits des Palestiniens de toute l’Europe, rassemblés jusqu’à dimanche à Istanbul (Turquie), à l’occasion du FSE, la boucherie sur le « Mavi Marmara » s’est déroulée dans le cadre d’une « nouvelle donne » qui doit être prise en compte. Selon José Luis Moraguès, représentant de la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (Ccipp), « sur fond de fin de l’hégémonie des États-Unis, les puissances régionales comme la Turquie et l’Iran prennent la parole. Ici, le pays change, et l’AKP mène une politique étrangère exigeante sur son autonomie et ses alliances avec différentes parties du monde ».

Militant dans une petite organisation marxiste-léniniste turque, Kar Bereket occupe le terrain en l’absence des militants turcs de l’IHH au FSE, et appelle dans une même veine « les forces démocratiques à apprécier l’action de la Turquie », qui, « en dépit de son alliance stratégique avec les États-Unis et Israël, est en train de changer de position ». Mais, au sein de ce FSE, certains se montrent beaucoup plus sceptiques sur la réalité du « tournant » dans la politique extérieure turque. « En fait, le gouvernement néolibéral et conservateur utilise cette crise avec Israël pour consolider sa base électorale en interne, et il se fiche pas mal des Palestiniens », considère, par exemple, une féministe turque.

Président du centre d’information alternative de Jérusalem, Michel Warchawski voit d’abord, lui, dans la crise causée par le crime de l’armée israélienne, « un immense appel à tous les acteurs de la société civile »: « Le prix payé ici est énorme, rappelle-t-il. Mais cela prouve que les initiatives des mouvements sociaux, de la société civile, peuvent bouleverser le monde. Même des États comme la Turquie, qui ont un compte à régler avec Israël, hésitent encore à prendre des sanctions, c’est tout le sens de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS)… »

 

 

 

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