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logohuma-small.gif                                            Article paru le 22 Janvier 2011 – Page 6

Gaza : MAM conspuée

Par Pierre Barbancey

 

La ministre française des Affaires étrangères a rencontré la famille du soldat Shalit, qui lui a tenu des propos extrêmes, et elle a une nouvelle fois ignoré celle de Salah Hamouri.

L’espace d’un instant, la ministre française des Affaires étrangères, Michèle ­Alliot-Marie, en visite à Gaza, a dû se prendre pour George W. Bush. D’un geste réflexe elle a évité une chaussure que venait de lui lancer – insulte suprême en terre arabe – un manifestant palestinien venu, avec des dizaines d’autres, protester contre des déclarations rapportées par la radio israélienne: la capture du soldat franco-israélien Gilad Shalit ne serait rien d’autre qu’un « crime de guerre ». Une phrase qui s’est répandue comme une traînée de poudre et a provoqué la colère d’une population meurtrie par l’embargo israélien et qui pleure toujours ses 1500 morts, triste bilan de l’offensive de l’armée de Tel-Aviv, fin décembre 2008 et début janvier 2009. Que ces paroles aient en réalité été prononcées par le père de Gilad Shalit et non par la ministre française (les médias israéliens ont peut-être pris leurs désirs pour une réalité) ne change rien à ce qui était inscrit sur une banderole devant l’hôpital de Gaza City, où se rendait Michèle Alliot-Marie: « Il y a Gilad Shalit, mais aussi 7000 prisonniers palestiniens. »

 un simple rappel du droit international

 Or, de ceux-là, la France ne parle pratique ment jamais et pas publiquement. Pourquoi, par exemple, Michèle Alliot-Marie n’a-t-elle pas tenu à rencontrer les parents de Salah ­Hamouri, ce Franco-Palestinien emprisonné depuis cinq ans en toute illégalité? La réponse est à chercher dans le courrier qu’elle a adressé à Jean-Claude Lefort, président de l’Association France-­Palestine solidarité (AFPS) et par ailleurs initiateur du comité pour la libération de Salah. « Les autorités françaises accordent une attention constante à la situation de Salah Hamouri et ne se satisfont pas de son maintien en détention. Il ne leur appartient pas, néanmoins, d’intervenir ou même de commenter les procédures judiciaires d’un État souverain », écrit la ministre. En revanche, la France intervient et agit en Iran (Clotilde Reiss), au Mexique (Florence Cassez) et même au Tchad, au moment de l’affaire de l’Arche de Zoé!

Au-delà des déclarations, c’est bien la politique pro-­israélienne de la France que dénonçaient les manifestants palestiniens. Qu’Alliot-­Marie, lors de son déplacement au Proche-Orient, ait appelé ­Israël à lever le blocus de Gaza et redit que les négociations de paix doivent prendre pour base les frontières de 1967, c’est simplement rappeler le droit international, la justice et les droits de l’homme. Mais, hormis ces déclarations, Paris ne fait rien. Pis, Sarkozy a nommé, comme représentante spéciale de la France pour le processus de paix au Proche-Orient, Valérie Hoffenberg, qui, depuis 2004, était la représentante dans notre pays de l’American Jewish Committee. Au côté de la ministre, à Gaza, elle s’est dite « surprise de la haine »…

 

 

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