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logohuma-small.gif               Article paru le 3 Octobre 2011 – Page 28

 

Les colons s’en prennent aux « arbres de lumière »

Par Rosa Moussaoui

 

Samedi, des colons israéliens ont encore arraché deux cents oliviers appartenant à des Palestiniens.

Entre les oliviers et les ronces, les colons israéliens de Cisjordanie ont choisi les ronces. Samedi, des colons venus de l’implantation de Yitzhak, près de Naplouse, ont arraché deux cents oliviers appartenant à des Palestiniens dans les environs des villages de Hawwara et Ein Nabous. Les mêmes avaient déjà mis le feu à une oliveraie, le 19 septembre, près d’Ein Nabous, après que les autorités israéliennes eurent ordonné la destruction de trois logements dans une de leurs colonies. Cinq cents arbres étaient partis ce jour-là en fumée, sous le regard impassible de soldats israéliens qui avaient empêché toute intervention des pompiers palestiniens venus de Naplouse pour éteindre l’incendie.

Mercredi dernier encore, plusieurs dizaines d’oliviers ont été déracinés et brûlés près du village de Chouweikeh, au sud d’Hébron. En guise de signature, les colons juifs à l’origine de ce raid ont tracé sur un rocher l’étoile de David, accompagnée de l’inscription : « le prix à payer ». Ces extrémistes israéliens entendaient ainsi venger la mort d’un colon et de son enfant de dix-huit mois, décédés dans un accident de voiture provoqué, selon eux, par des jets de pierres palestiniens. Alors que la demande d’adhésion palestinienne à l’ONU et la poursuite de la colonisation attisent la tension, les colons entendent généraliser cette politique de représailles. D’où la multiplication des attaques antipalestiniennes et des destructions d’oliveraies.

Si les oliviers sont ainsi pris pour cibles, c’est que cet « arbre de lumière », comme le nomment les paysans de Cisjordanie, tient une place centrale dans l’économie, la vie quotidienne et la culture des Palestiniens. « Les Israéliens s’attaquent à l’olivier comme ils s’attaquent au peuple palestinien. Cet arbre est partie intégrante de la terre et de l’identité palestiniennes. Détruire les oliviers, c’est détruire les Palestiniens », expliquait récemment, au micro de Radio Orient, Nasser Soumi, auteur de l’Olivier et la Palestine, une relation charnelle (Actes Sud/Sindbad). Au total, depuis 1967, plus d’un million et demi d’oliviers ont été arrachés ou brûlés sur la terre de Palestine. La région de Naplouse, où se trouvent des oliveraies parmi les plus denses du bassin méditerranéen, a payé un lourd tribut dans ce domaine. Ces dernières années, la construction du sinistre « mur de séparation » fut fatale à d’innombrables « arbres de lumière », dont certains étaient millénaires. Des arbres déracinés au bulldozer furent replantés de l’autre côté du mur, ou firent l’objet d’un juteux commerce.

Au-delà de l’enjeu économique, cette politique destructrice est bien destinée à frapper les imaginaires. Déraciner ou incendier un olivier, c’est détruire un symbole de paix, de longévité, de fécondité.

 

 

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