Retour

logo_lacroix.jpg vendredi 16 décembre 2011

Israël libérera dimanche le prisonnier franco-palestinien

Salah Hamouri Prisonnier franco-palestinien en Israël

Ø  Salah Hamouri, 26 ans, figure parmi les 550 détenus palestiniens libérables dimanche dans le cadre de l’accord qui a permis la libération de Gilad Shalit le 18 octobre.

Ø  Le jeune homme aura passé près de sept années en prison.

Le Franco-Palestinien Salah Hamouri aura accompli la quasi-totalité de sa peine de sept années de prison. Il devrait être libéré dimanche par les autorités israéliennes, avec 549 autres détenus palestiniens, dans la deuxième phase de l’accord d’échange de prisonniers qui a permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit par le Hamas, le 18 octobre dernier.

Qui est Salah Hamouri ? Un jeune homme de 26 ans, né d’un père palestinien résident de Jérusalem-Est, et d’une mère française originaire de Bourg-en-Bresse, venue visiter la Ville sainte et qui n’en est jamais repartie. « Salah a été arrêté une première fois lorsqu’il était au lycée, chez les Frères de La Salle. C’était pendant la deuxième Intifada, il avait 17 ans et était actif dans une association d’étudiants proche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), raconte sa mère, Denise Hamouri. Il a passé trois mois en prison pour avoir collé des affiches anti-israéliennes. »

Salah Hamouri entreprend ensuite des études de sociologie à l’université de Bethléem, lorsqu’il est interpellé à un check-point israélien sur la route de Ramallah, le 13 mars 2005. « On ne s’y attendait pas du tout, poursuit Denise Hamouri. Une heure plus tard, les soldats sont venus fouiller notre appartement. Et nous n’avons appris qu’un mois plus tard, par la presse israélienne, pourquoi notre fils était détenu. »

Le jeune militant est accusé d’avoir mené un complot contre le rabbin Ovadia Yossef, le chef spirituel du parti ultra-orthodoxe séfarade Shas, et d’appartenir au FPLP. Après trois années de détention administrative, sans inculpation ni jugement, Salah Hamouri décide de plaider coupable, et se voit condamné à une peine de sept années d’emprisonnement.

« La conscience politique qu’il a toujours eue ne va
pas s’envoler, surtout après sept ans de prison. »

« Salah a toujours dit qu’il était innocent. Il a plaidé coupable sur les conseils de son avocate, ce qui a permis de revoir à la baisse les charges retenues contre lui, et de diviser par deux la peine de prison encourue. C’est ce que font la majorité des prisonniers palestiniens », justifie Denise Hamouri. En effet, selon l’ONG palestinienne Addameer, sur les 7 563 dossiers traités par les tribunaux militaires israéliens en 2007, seuls 93 ont fait l’objet d’un procès complet (avec audition de témoins et examen de preuves).

Dans leur combat pour obtenir la libération du Franco-Palestinien Salah Hamouri, ses soutiens ont souvent dénoncé la différence d’attention des autorités françaises entre son cas et celui du Franco-Israélien Gilad Shalit. Il est vrai que Gérard Longuet, ministre de la défense, a bien dû reconnaître en direct sur France Inter, le 19 octobre dernier, qu’il n’avait encore jamais entendu parler de Salah Hamouri.

Ces dernières années, la France a néanmoins tenté de se mobiliser un peu plus ouvertement. Ainsi, en 2009, le président Nicolas Sarkozy a demandé, en vain, au premier ministre israélien Benyamin Netanyahou une libération anticipée du jeune homme. Et le 2 juin dernier, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a rencontré à Jérusalem ses parents, Hassan et Denise Hamouri. Cette dernière confie que ces derniers jours qui la séparent des retrouvailles avec son fils « vont être les plus longs ». « La conscience politique qu’il a toujours eue ne va pas s’envoler, surtout après sept ans de prison », mais, assure-t-elle, « il veut reprendre ses études et passer à autre chose ».

Véronique Chocron

(à Jérusalem)

L’échange de prisonniers

Le soldat franco-israélien Gilad Shalit a été libéré le 18 octobre, après plus de cinq ans de détention dans la bande de Gaza, dans le cadre d’un échange de prisonniers entre Israël et le mouvement islamiste Hamas. Selon l’accord conclu avec le Hamas grâce à une médiation égyptienne, Israël a relâché un premier contingent de 477 détenus palestiniens le 18 octobre et doit en libérer 550 autres dimanche.

Retour