Retour

            

        Al Hadath News             

           vendredi 23 mars 2012

 

L’échec de l’option négociations

Par Fadwa Barghouti

 

Vingt ans après la Confé­rence de Madrid, le début du pro­cessus de paix et les négo­cia­tions, il est devenu clair aujourd’hui plus que jamais que l’option des négociations est dans une impasse, et l’expérience a démontré sans aucun doute que l’échec de cette option a dépassé les pré­vi­sions les plus pes­si­mistes des scep­tiques et des adver­saires de cette voie.

Pendant deux décennies, les Pales­ti­niens ont montré une patience exem­plaire tout en sur­montant tant de dou­leurs, de bles­sures et d’humiliations. Ils ont accepté des condi­tions dif­fi­ciles et humi­liantes parfois, afin de donner une chance à la paix. Tout ceci prouve au monde entier la jus­tesse de leurs inten­tions et leur enga­gement pour la paix par les négo­cia­tions, pour que nul ne puisse les accuser de perdre du temps et de gâcher des oppor­tu­nités, ce qui serait une accu­sation fausse de toute évidence.

Dès le début, les Pales­ti­niens ont accepté de se pré­senter sous l’égide de la délé­gation jor­da­nienne, ont exclu Fayçal Hus­seini de la pré­si­dence de la délé­gation, et ont convenu à Oslo d’une auto­nomie limitée et isolée, sans aucun pouvoir, sans aucune garantie pour mettre fin à la colo­ni­sation, en reportant la question de Jéru­salem et en concédant la mise entre paren­thèse la question des pri­son­niers et des détenus. Même cet accord avec tous ces points négatifs et sa fai­blesse n’a pas été res­pecté par Israël.

Depuis 2005, et après son accession à la pré­si­dence, Abou Mazen a pris la décision de mettre un terme à toutes les formes de résis­tance armée. De sur­croît il s’est plei­nement engagé à res­pecter et mettre en œuvre les accords portant sur la coor­di­nation de la sécurité avec Israël. Il a tota­lement misé sur la seule option de la négo­ciation comme unique moyen pour l’établissement d’un Etat et mettre fin à l’occupation.

Son gou­ver­nement dirigé par le Dr. Salam Fayyad a concentré ses efforts pour ériger les ins­ti­tu­tions du futur Etat, ren­forcer la police, faire fonc­tionner l’économie, l’éducation et tous les attributs d’un sem­blant d’état. Ces efforts se sont constamment heurtés au refus officiel israélien de mener des négo­cia­tions sérieuses, claires et limitées dans le temps. Plus que cela, la judaï­sation com­plète de Jéru­salem est menée tambour battant en consa­crant un budget annuel de plu­sieurs mil­liards de dollars pour effacer le caractère arabo-​​musulman et chrétien de la ville et changer son infra­structure poli­tique, écono­mique, sociale et démo­gra­phique en la vidant de ses habi­tants palestiniens.

L’occupation israé­liennetou­jours œuvré pour saper la pos­si­bilité d’un Etat pales­tinien indé­pendant en Cis­jor­danie et à Gaza. Dans ce but, l’état hébreu a accéléré la confis­cation des terres, le démem­brement de la Cis­jor­danie avec la construction d’un nouveau réseau routier pour relier les colonies entre elles, la construction du mur de l’apartheid. Le blocus de Gaza, les check-​​points, les agres­sions et les arres­ta­tions arbi­traires des pales­ti­niens com­plètent la volonté israé­lienne de para­lyser défi­ni­ti­vement la construction de l’état palestinien.

Le peuple pales­tinien qui a résisté pendant un siècle d’invasion sio­niste, de colo­ni­sation, d’occupation et d’oppression et fait de grands sacri­fices pour sa liberté et pour le retour de ses réfugiés ne peut pas rester spec­tateur en acceptant que ses rêves, le droit au retour, la liberté et l’indépendance soient menacés indéfiniment.

Les patriotes qui sont témoins de tous les sacri­fices faits par notre peuple pour sa dignité, sa liberté et ses droits nationaux sont tenus de fournir à notre peuple des réponses claires et cou­ra­geuses sur le véri­table cours des choses. Désormais il est néces­saire aujourd’hui de faire un bilan réa­liste et objectif de l’option des négo­cia­tions, et ce, loin de toute consi­dé­ration par­tisane ou d’intérêt indi­viduel étroit ou de classe. Il nous faut nous rendre à l’évidence de la faillite des négo­cia­tions avec Israël et donner sans hési­tation ni peur de vraies réponses à notre peuple après l’échec des négociations.

L’échec de l’option des négo­cia­tions nécessite la mise en place d’une nou­velle stra­tégie claire portée et par­tagée par notre peuple, ses forces poli­tiques et ses ins­ti­tu­tions et les moyens pour l’atteindre :

·   La pre­mière étape serait de déclarer fran­chement au peuple pales­tinien l’échec de l’option des négociations.

·   Deuxiè­mement : mettre fin à toutes les formes de coopé­ration et de coor­di­nation avec l’occupation, que ce soit dans le domaine sécu­ri­taire, civil et écono­mique. Il n’est pas rai­son­nable, ni accep­table que notre peuple continue à vivre sous occu­pation et lui demander de sur­croît de garantir et pro­téger la sécurité de l’occupant, de consommer ses pro­duits et de contribuer à l’essor de son économie.

·   Troi­siè­mement : Favo­riser une résis­tance popu­laire active et mettre tous les moyens pos­sibles et néces­saires pour la sou­tenir afin de couvrir tout le ter­ri­toire et dans lequel s’implique notre peuple avec toutes ses forces et ses dirigeants.

·   Qua­triè­mement : Boycott total et efficace de tous les pro­duits israé­liens en favo­risant le produit national.

·   Cin­quiè­mement : Aller à l’Organisation des Nations Unies et exiger du Conseil de sécurité l’adhésion de la Palestine en tant que membre à part entière et avec déter­mi­nation. Si cela n’est pas pos­sible en raison du véto des États-​​Unis ou à cause de la pression amé­ri­caine sur les États membres pour entraver les voix néces­saires pour voter la réso­lution, les Pales­ti­niens devront se rendre immé­dia­tement à l’Assemblée Générale des Nations Unies et demander le vote sur l’adhésion de l’Etat de Palestine, qui lui per­mettra l’adhésion dans toutes les agences inter­na­tio­nales de l’Organisation des Nations Unies et cela sans hési­tation ni consi­dé­ration pour les menaces des Etats-​​Unis de sus­pendre le finan­cement de l’Autorité. Aussi et sans attendre, aller à la Cour pénale inter­na­tionale pour demander l’application des lois et des Conven­tions de Genève sur les ter­ri­toires palestiniens.

·   Sixiè­mement : Inviter les Arabes à mettre fin aux rela­tions diplo­ma­tiques, écono­miques et sécu­ri­taires avec Israël et la fer­meture des ambas­sades et des bureaux de liaison ainsi que les bureaux com­mer­ciaux ou autres. 

·   Encore une fois et pour mémoire : Par le passé et tout au long des der­nières décennies, la seule fois ou un gel des colonies a été observé avec même une baisse de 30% de colons qui ont quittés les colonies c’était au cours des quatre pre­mières années de l’Intifada. Aussi le boycott des pro­duits israé­liens a été scru­pu­leu­sement suivi et des pertes sans pré­cédent ont été enre­gis­trées dans l’économie israélienne.

·   Aussi et pour la pre­mière fois, Israël a été obligé de fermer des colonies sur une partie du ter­ri­toire pales­tinien, et d’autres ce sont effon­drées à Gaza sous les coups de la résis­tance et grâce à l’intifada alors que plus de vingt ans de négo­cia­tions n’ont pas pu geler la colo­ni­sation ne serait-​​ce que pendant une semaine. Bien au contraire, les négo­cia­tions ont fourni à Israël toutes les raisons pour accé­lérer l’expansion des colonies qui ont triplé au cours des années de négociation.

·   Dans tous les cas, nous devons compter que sur notre peuple et placer tous nos espoirs en lui. Ce grand peuple qui lutte depuis plus d’un demi-​​siècle, ce grand peuple qui a mené des révo­lu­tions et des sou­lè­ve­ments, qui a payé de sa vie, de son sang et de ses enfants. Il est une source inépui­sable de résis­tance de volonté et de com­bat­tivité pour la liberté et la dignité, pour le retour de ses réfugiés et pour son droit à l’indépendance. Un mou­vement popu­laire pales­tinien actif et sérieux à la lumière des chan­ge­ments dans le monde arabe entraînera les forces révo­lu­tion­naires arabes vers Jéru­salem qui demeure la boussole de la nation et le point focal de son histoire.

 

 

Retour