Retour

 

 

Les deux faces de l'immonde

Par Rudolf Bkouche (d’Union Juive Française pour la Paix)

Le 9 mars 2013

 

Certains ont le courage de leur ignominie.

Il faut reconnaitre cette qualité à Prasquier et consorts, ils ne cachent pas leur ignominie. Stéphane Hessel mort, ils continuent à cracher leur venin sur son cadavre. Hessel est un traître, ce Juif qui refuse de défendre son vrai pays, c'est-à-dire Israël, ce Juif qui défend les assassins de Juifs, mais peut-être ce faux-juif car les Juifs professionnels que sont les notables du CRIF remettent en question la judéité de cet homme qu'ils haïssent.

 

Tout cela n'est que normal. Ceux qui ont transformé une association née de la Résistance contre le nazisme en une officine sioniste ne peuvent accepter qu'un notable, juif de surcroît, refuse d'être un inconditionnel du sionisme. Ils en ont dit pis que pendre pendant sa vie et ne peuvent que continuer, une fois Stéphane Hessel mort.

 

Mais l'ignominie a une autre face, ceux qui, pour montrer leur belle image, vont faire assaut d'éloges pour mieux confisquer le cadavre. Rien n'est plus dangereux pour eux qu'un symbole mort, alors quoi de mieux, pour l'aseptiser, que d'honorer sa mort. Il est mort, donc il est à nous.

Qu'un notable de la diplomatie française soit honoré nationalement après sa mort, quoi de plus naturel. Mais ici honorer le défunt est une façon de le tuer une seconde fois. Honneurs militaires au Invalides, quoi de plus contradictoire au message de Stéphane Hessel.  Mais l'oraison funèbre du Président de la République a pour objectif moins d'honorer le défunt que de montrer François Hollande honorant de défunt. On peut ainsi occulter la contradiction entre le refus de toute xénophobie de Stéphane Hessel et la chasse aux métèques organisée par le ministre de l'intérieur de ce même François Hollande. On peut aussi oublier la contradiction entre le dénonciateur de la politique israélienne et le soutien apporté à cette politique par un gouvernement français qui reçoit dans quelques jours Shimon Peres, président de l'Etat d'Israël. On peut aussi espérer que, sous les hommages, on oublie la politique d'austérité imposée par l'Union Européenne et acceptée par le président de la République française. Mieux honorer la mémoire de Stéphane Hessel pour oublier ses idées.

 

Deux formes de l'immonde se rencontrent autour d'un cadavre pour mieux l'éliminer :

Ceux qui crachaient sur l'homme depuis longtemps et qui continuent à cracher, l'homme une fois mort.

Ceux qui jouent à honorer le défunt pour mieux le faire taire.

 

 

Retour