Retour

 

Mercredi 10 octobre à Hellemmes

Projection-Débat «Razan, une trace du papillon»

 

 

 

La salle de l’Espace Marx à Hellemmes est pleine, plus de 100 personnes. Un public varié dont des jeunes, des Palestiniens…

 

Mireille de l’AFPS 59/62 débute la soirée par une présentation des intervenants et le rappel de la tournée organisée dans le cadre de « 2018 le temps de la Palestine » en ces 70 ans de Nakba par l’AFPS et l’UJFP avec le soutien de BDS-France et des associations de Palestiniens en France.

 

C’est Mme Sabreen al-Najjar qui prend la parole en premier. Elle évoque les Marches du Retour qui ont lieu tous les vendredis depuis le 30 mars à Gaza pour réclamer l’application du Droit au Retour des réfugiés et descendants de réfugiés palestiniens selon la résolution 194 de l’ONU. Razan, sa fille ainée de 21 ans s’est portée volontaire comme secouriste dès ce jour là. Alors qu’elle portait une blouse blanche, un badge du Ministère de la Santé et la veste spécifique des secouristes, bien repérable, elle est visée et assassinée de sang froid le 1er juin. Son costume était censé la protéger mais les snipers ont choisi de violer les accords internationaux et la Convention de Genève envers le personnel médical pour abattre cette innocente juste coupable d’être Palestinienne et face à eux. Mme al-Najjar nous fait tout de suite part de sa profonde douleur, de son incompréhension, de sa révolte et de son besoin de réclamer un tant soit peu justice en demandant à l’Europe et à la France d’arrêter de fournir des armes à Israël et d’œuvrer à lever le blocus de la bande de Gaza pour qu’enfin les Palestiniens puissent vivre comme tous les autres peuples !

 

C’est ensuite son mari, Ashraf al-Najjar qui confie qu’il ressent notre présence ce soir comme un soutien très appréciable. S’ils sont venus de Gaza, c’est pour la mémoire de Razan, mais aussi au nom de tous les martyrs et blessés et c’est au Tribunal International qu’il veut s’adresser.

 

Le réalisateur du documentaire prend alors la parole. Le projet de Iyad Alasttal, jeune Palestinien francophone de Gaza, a été monté avec Samir Abdallah. Il s’agit d’un témoignage sur les Marches du Retour et sur le ressenti de la maman de Razan qui a décidé de reprendre la place qu’occupait sa fille dans les équipes de secours et qui reste inconsolable… Ce film nommé «Razan, une trace du papillon» en référence à un poème de Mahmoud Darwich sert de support pour des rencontres et échanges pour trouver des soutiens dans une tournée de plusieurs mois en France, Allemagne et Suisse.

 

Bertrand Heilbronn, président national de l’AFPS fait un petit rappel historique sur cette dernière année qui a connu des attaques terribles contre les Palestiniens, l’accélération de la colonisation du territoire palestinien occupé, la nouvelle loi d’apartheid dite de « l’Etat nation » et cet impitoyable blocus de Gaza qui sévit depuis 11 ans contre une population de qualité qui ne demande qu’à vivre. Il rappelle que les Marches du Retour portent 3 revendications principales : le retrait du « plan Trump », la levée du blocus et l’application du droit au retour des réfugiés. Pour lui, les criminels de guerre sont désignés : les snipers, Netanyaou qui les dirige, les USA qui le soutiennent et utilisent leur veto à l’ONU pour assurer l’impunité d’Israël. Un soutien international est nécessaire pour dénoncer et condamner les assassinats délibérés contre la jeunesse de Gaza et en finir avec l’impunité par des mesures concrètes telles qu’un arrêt immédiat de toute relation militaire avec Israël et le soutien à la Cour Pénale Internationale. Il faut que les valeurs humaines triomphent de la barbarie.

 

Après la projection il est difficile de se défaire de la grande émotion procurée par les images de la vie de Mme al-Najjar et par ses déclarations, suite à l’assassinat de sa fille; une minute de silence est observée. Et la salle prend la parole pour essayer de communiquer toute la sympathie et le soutien possibles, puis poser quelques questions.

 

Razan était l’ainée de 6 enfants, 3 filles et 3 garçons. Sa sœur de 20 ans désirait faire des études de Droit mais elle a maintenant décidé d’être infirmière pour suivre la voie de sa sœur.

 

Suite à une question au sujet d’une campagne internationale dans un souci de « comment aider ? » Mme al-Najjar déclare que le but des Israéliens est d’en finir avec le rêve du peuple palestinien mais qu’ils n’y réussiront jamais, même si un autre secouriste a été assassiné après Razan, même si les soldats utilisent des armes interdites dont des balles explosives… L’équipe dont faisait partie Razan reste sur place, leur but qui était celui de Razan et qui est celui de sa mère maintenant qu’elle l’a remplacée sur le terrain, est de continuer le chemin jusqu’à obtenir leur « droit au retour ». Elle souligne que par sa présence ici, elle représente tous les Palestiniens et parle en leur nom, et en particulier le nom de toutes les mères des martyrs.

« Après la mort de Razane les assassinats n’ont pas cessé : des secouristes, des journalistes, des enfants… Gaza est devenu un champ d’expérience où les nouvelles armes sont testées… La population est privée de tout mais quel est son crime ?  En tirant sur un journaliste Israël veut tuer la vérité, en tirant sur un secouriste Israël veut tuer la miséricorde, en tirant sur un enfant Israël veut tuer l’innocence, en tirant sur une femme ou une mère Israël veut tuer le monde entier ! »

« Il est vrai que nous ressentons de votre part, de l’affection, de la sympathie, de la dénonciation mais on a besoin de mettre en œuvre une stratégie pour pouvoir défendre ces enfants qu’on tue de sang froid… alors que pour un seul Israélien blessé, le monde entier se lève ! Je suis assez surprise par la solidarité dont témoignent des Français et cela m’apporte un peu de plaisir malgré ma douleur. »

« Israël ne respecte rien, ni loi ni convention, une grande mobilisation est nécessaire pour faire pression. J’espère qu’on va trouver une solution pour sortir de cette situation de misère qu’on vit à Gaza avec chaque jour de nouveaux martyrs, de nouveaux blessés, de nouveaux prisonniers… Il faut mettre la pression sur les gouvernements, sur les politiciens afin qu’ils arrêtent leur coopération militaire avec Israël et amener les assassins devant le Tribunal International ».

 

Camille de l’AFPS 59/62 prend alors la parole pour signaler que c’est justement pour des solutions concrètes que l’AFPS agit et qu’il existe des moyens d’action à tous les niveaux. « Nous disposons d’un grand pouvoir en tant que citoyen et comme consommateur, principalement par le moyen de BDS. ».

 

Une question est posée sur le dépôt d’une plainte aux tribunaux internationaux par la famille de Razan. En effet, la famille s’est tournée vers les associations palestiniennes des Droits de l’Homme, al-Mezan, pour témoigner et enquêter, elle attend les suites mais quelqu’un fait remarquer qu’à la CPI il n’y a pas de demande individuelle, mais plainte d’un Etat…

 

Bertrand Heilbron souligne le travail remarquable fait par ces associations palestiniennes et indique alors que Mr et Mme al-Najjar ont été reçus à l’Assemblée Nationale et au Sénat français. Il déclare qu’au sujet de l’impunité dont jouit Israël, nous ne sommes pas seuls et que des organisations travaillent à établir les faits sur le terrain. Médecins du Monde a rédigé un rapport officiel des attaques à Gaza contre le personnel médical. De plus, on annonce le jeudi 11 octobre une émission "Gaza, une jeunesse blessée" sur France 2.

La question est : Qu’est ce qu’on peut faire pour sortir de cette impunité, de cette barbarie qui se manifeste dans cette situation qui est de type coloniale, non pas de type religieux, où leur seule façon de se justifier est de nier le caractère humain de ceux en face ?

Vis-à-vis des pouvoirs politiques on peut se mobiliser comme on l’a fait ici, en allant dans la rue, en criant !. Mais d’abord il y a le poids des mots : déclarer et condamner les actes de l’armée israélienne à Gaza. Il y a du boulot et il ne s’agit pas de baisser les bras.

Ils expérimentent des armes, un embargo militaire est nécessaire, non seulement de ne pas vendre des armes mais aussi ne pas en acheter… ainsi que l’arrêt de toute coopération militaire.

Pour ce qui est de la CPI, c’est aux organisations palestiniennes des Droits de l’homme de déposer des plaintes mais il y a aussi un travail politique à mener car les Palestiniens ont besoin d’un soutien politique. Depuis plusieurs années, Amnesty International réclame l’arrêt de la coordination militaire avec Israël.

 

Jean-François Larosière, président de l’AFPS 59/62 intervient pour indiquer que des élus sont intervenus auprès du ministre Le Drian suite à des manœuvres de l’armée française effectuées en commun avec l’armée israélienne et que l’AFPS mène campagne contre la collaboration de la France et de l’UE avec Israël. Il ne faut pas oublier que la coopération existe aussi dans le domaine du renseignement. Il s’agit donc pour nous de mener un combat collectif rassemblant largement, en s’appuyant sur ce qu’a déclaré Salah Hamouri sortant de la détention administrative grâce à la mobilisation collective contre Israël. Il faut se rendre compte que nous pouvons marquer des points par l’action collective. Nous en avons déjà marqué : Dexia s’est retiré des colonies, de même que Orange après nos mobilisations.

 

Said Bouamama prend la parole pour expliquer que le plus grand danger serait de s’habituer au mal. Les sionistes s’autorisent des choses de pire en pire donc la mobilisation doit s’amplifier. Pour faire bouger la classe politique française il faut jouer là où ça fait mal : les élections. Il serait possible aux prochaines élections européennes de faire une campagne « Je vote Palestine » en allant de ville en ville…

 

Après encore 2 ou 3 interventions ponctuelles, Said Nakhil s’est accompagné de son oud pour interpréter quelques chansons en arabe non sans en avoir lu la traduction en français auparavant. Et c’est autour du buffet que les participants se sont retrouvés pour s’adresser directement à Mme al-Najjar et lui faire part de leur sympathie et compassion… Avant de nous quitter, nous avons pu nous restaurer de sandwiches de falafel et de manakiches que certains ont découverts et tous ont appréciés !

 

Tous reconnaissent le remarquable travail des militants-es de l'association dans la préparation de la soirée et la communication, ceux qui ont installé le matériel technique, tenu le stand et la restauration, ceux qui ont participé aux traductions (merci Rima !), ... et contribué ainsi à la grande réussite de cette soirée. Sans oublier le rangement de la salle...

 

Le stand a connu une belle activité dans la vente des produits palestiniens, les signatures des pétitions (BDS-banques, BDS-tramway et circulaire Alliot-Marie), plusieurs nouveaux contacts se sont enregistrés.

 

Et merci pour l’hébergement militant qui a permis à Sabreen, Ashraf, Iyad et Bertrand de se reposer dans la capitale du Nord avant de retrouver la capitale nationale!

 

Flyer : >>

 

IMG_5314.JPG

 

 

IMG_5326.JPG

 

 

IMG_1638.JPG

 

 

IMG_5322.JPG

 

 

IMG_1639.JPG

J.F. Larosière, Iyad Alasttal et Ashraf al-Najjar

 

IMG_1640.JPG

Sabreen  al-Najjar, Mireille Gabrelle et Bertrand Heilbronn

 

d8cb2844-1477-490c-ab6a-2b70ea63bcb9.JPG

 

 

IMG_1637.JPG

Said Nakhil

 

 

Retour