AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


 
Jéricho, Palestine occupée
Claude Léostic
 
L’opération de retrait, si elle a une portée symbolique limitée d’acceptation de discussions bilatérales par les Israéliens, ne doit pas cacher la réalité politique et celle de l’occupation sur le terrain.

Jéricho est la seule ville palestinienne qui n’a jamais été vraiment occupée pendant cette deuxième Intifada. Les soldats israéliens en ont bloqué les accès mais n’y ont fait "que" des incursions rares et rapides. Isolée mais tranquille dans son oasis, Jéricho est sous contrôle palestinien depuis Oslo, et les policiers palestiniens y circulaient en uniforme quand ailleurs, à Jénine, Ramallah ou Naplouse et Hébron, ils étaient contraints par les autorités d’occupation israéliennes à être en civil et sans armes.

Aussi ce retrait si médiatisé, "nouveau signe de paix" après le démantèlement de 24 des quelque 100 colonies "sauvages" (présenté avec délectation par les médias comme l’engagement israélien à la Feuille de Route, respecté par Sharon, mais qui légitime en fait implicitement les centaines d’autres alors qu’elles sont toutes illégales), n’en est pas un.

Cette opération, si elle a une portée symbolique limitée d’acceptation de discussions bilatérales par les Israéliens, ne doit pas cacher la réalité de terrain.

De même il faut placer dans la réalité du contexte politique l’accord survenu au Caire entre les groupes de la résistance palestinienne, avec l’Autorité nationale palestinienne, et présenté par nos antennes nationales comme une acceptation par "les factions palestiniennes" de renoncer enfin à la violence contre Israël. Les mouvements de la résistance, qui avaient depuis des semaines accepté une pause dans la lutte armée, comme ils l’avaient déjà fait à plusieurs reprises avant que des attaques militaires israéliennes n’assassinent certains de leurs dirigeants, ont confirmé ce choix SI Israël arrête ses attaques militaires contre le peuple palestinien et SI les prisonniers sont tous libérés.

Il ne s’agit pas d’un renoncement à la résistance, mais de tester la volonté de négociations des dirigeants israéliens et le respect de leurs engagements. La balle est , si l’on peut dire, dans le camp de l’occupant.

En ce sens le "retrait de Jéricho" est inquiétant, car selon des dépêches, d’après ce qui a été conclu entre le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, et le ministre palestinien de l’Intérieur, Nasser Youssouf, la route 90 qui longe la vallée du Jourdain restera sous contrôle sécuritaire israélien, y compris le village d’Oudja.

En ce qui concerne les barrages, ils seront tous maintenus sauf le barrage situé à l’ouest de la ville . Il sera déplacé afin de permettre la libre circulation des Palestiniens de Jéricho à Ramallah.

Qu’en est-il sur le terrain, ailleurs en Palestine Occupée ?

16 mars Hébron, Ramallah,Jérusalem, Jénine, Naplouse.... [1]

"Alors que les Palestiniens et leurs organisations respectent toujours l’accalmie, les forces sionistes poursuivent leurs agressions : La jeune Palestinienne, Nibal Fawzi Abdel Mu’ti Fakhoury, 8 ans, de la ville de Hébron, vient d’être sauvagement agressée par les colons près du Haram al-Ibrahimi, dans la vieille ville. Et le jour même, un citoyen palestinien de la ville de Qalqylia, Khaled Abdel Aziz Daoud, 23 ans, a été blessé par les soldats d’occupation, près du mur israélien situé à Habla, au sud-est de la ville. Les témoins ont affirmé que les soldats d’occupation se trouvant près de la porte en fer à l’entrée du village de Habla ont tiré sur Daoud en le blessant à la jambe. Les forces d’occupation ont ensuite emmené le blessé au-delà de la Ligne verte.

A l’hôpital de la ville d’Hébron (al-Khalil), les sources médicales affirment que la petite Nibal a été transportée d’urgence, ayant subi plusieurs fractures et des traumatismes à la poitrine, victime d’un acte d’agression délibéré, écrasée par une voiture de colons. La directrice de l’école fréquentée par la jeune enfant, Munira Badr, a affirmé que Nibal a été agressée sur le chemin de l’école à sa maison, située tout près. Elle a fait part de sa crainte que les agressions pareilles se poursuivent, tous les abords de l’école étant infestés de colons.

Par ailleurs, les forces d’occupation ont arrêté un jeune Palestinien dans le village Sawahira, au sud-est de Jérusalem (al-Quds), avant de l’emmener à Kfar Atzion, colonie où se trouve un centre militaire. Une force militaire sioniste avait encerclé la maison de Nimr Isma’îl, semant la panique au sein de la famille, fouillant la maison, détruisant son contenu, avant d’arrêter Hadi, 16 ans. Le père du jeune homme est directeur du conseil de la solidarité sociale dans la ville sainte.

A Ramallah et à el-Bireh, les forces d’occupation ont kidnappé deux jeunes hommes de Shaqba, à l’ouest de Ramallah, au barrage qu’elles ont installé près de la colonie Naale, proche du village. Les deux jeunes hommes sont Asid Yhabet, 22 ans, étudiant à l’université de Birzeit, et l’enseignant Khamis Qadah, 30 ans, arrêté alors qu’il rentrait du travail. Les deux ont été emmenés vers un lieu inconnu.

Au niveau des barrages, les forces d’occupation ont fermé mardi soir, 15 mars, la route principale de Jénine à Naplouse, empêchant les Palestiniens d’y circuler, et des témoins ont vu les occupants installer des barrages militaires à l’embranchement des villages Arraba et Anza. A Toubas, au nord de la Cisjordanie, les forces d’occupation ont installé de nouveaux barrages surprise au nord de la ville, afin de séparer Toubas de Zababda. Les étudiants de l’université arabo-américaine ont eu des difficultés à participer au vote qui se déroule à l’université pour élire le conseil des étudiants. De même, les forces d’occupation ont investi ce mercredi matin très tôt la région de Asharin, à l’ouest du village de Tamoun, en y installant un barrage afin de gêner la circulation de la population."

[1] dépêche palestinienne

Claude Léostic, Afps

 

Source : AFPS
http://www.france-palestine.org/article1301.html


Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62,  parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue."

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