AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   



"Je suis le Ministre des Affaires Etrangères de Palestine"


Ibrahim Hamami, Amin

 

Farouk Al-Qadoumi, président du département politique de l’OLP a déclaré lors d’une interview qu’il donnait au Réseau Internet des Médias Arabes (AMIN) qu’il avait soutenu la candidature de Abbas pour éviter les dissensions internes.

Il a aussi déclaré qu’il ne voulait pas être le président de l’Etat Palestinien.

Amin : Il y a eu plusieurs rapports de votre part au sujet de certaines violations du règlement au sein de l’Autorité Palestinienne en lien avec des personnes qui auraient ou non le droit de faire telle ou telle chose. Que pensez vous des rumeurs de conflit personnel entre vous et le président Mahmoud Abbas.

Qadoumi (Kaddoumi) : Le conflit entre moi et Abbas n’est pas personnel, mais légal. La loi dit : le Conseil National Palestinien nomme le Président, pas le Comité exécutif de l’OLP qui est vraiment obsolète maintenant. Donc, Abbas ne peut pas se désigner lui-même Président. A côté de cela, il ne faut pas confondre le Président de l’Autorité Palestinienne et le Président de l’Etat Palestinien. Ils sont différents. Nous ne voulons pas d’un nouveau "One Man Show", nous en avons ras le bol.

Amin : Cependant le Président Yasser Arafat cumulait les deux fonctions et vous n’aviez pas de problème avec cela.

Qadoumi : La période Arafat était spéciale. Il était un géant et un visionnaire. Et nous nous étions habitués à lui ainsi. Cependant, j’ai été à plusieurs reprises en conflit avec lui. Je ne pense pas que personne puisse le remplacer. Abbas est le président du comité exécutif de l’OLP et non celui de l’Etat de Palestine.

Amin : Pourquoi dites-vous que le comité exécutif est obsolète ?

Qadoumi : Le comité exécutif a perdu sa légitimité en perdant 7 de ses membres qui sont soit morts, ont démissionné ou ont été arrêtés. Par conséquent ses décisions ne sont pas légales et il n’a pas le légitimité pour nommer le Président. C’est une prérogative du Conseil National.

Amin : Dans une autre interview, vous avez mentionné que Abbas agit sur des directives américaines et israéliennes, puis vous avez soutenu sa candidature à la Présidence. Pourquoi cela ?

Qadoumi : Encore une fois, je veux réaffirmer qu’il n’y a pas de conflit personnel entre nous. Il y a des divergences entre nous sur certaines questions politiques que je considère comme allant dans des directions inacceptables. Mais j’ai soutenu sa candidature pour préserver l’unité du Fatah et éviter un conflit interne.

Amin : Que voulez vous dire par directions, pouvez-vous nous donner un exemple ?

Qadoumi : Nous sommes un mouvement de libération nationale, l’occupation n’est pas encore terminée, alors pourquoi acceptons nous de discuter des questions de sécurité seules, et envoyons des milliers d’officiers palestiniens à la retrait ? Ces officiers ont servi la révolution pendant longtemps, c’est inadmissible.

Amin : Certains disent que vous avez des positions dures envers l’administration américaine, pourquoi ?

Qadoumi : L’administration américaine ne remplit pas ses engagements au sujet des accords qu’ils ont soutenus entre nous et les Israéliens. L’OLP est encore sur le liste des organisations terroristes. Le Président doit demander une autorisation tous les 6 mois pour permettre la tenue de discussions avec l’OLP. Comment pouvez vous imaginer que je puisse leur faire confiance aussi longtemps qu’ils nous considéreront comme des terroristes ?

Amin : Alors que vous critiquez la politique d’Abbas, pourquoi n’avez-vous pas été candidat à la Présidence ?

Qadoumi : Je suis trop vieux pour cela et en plus je ne voulais pas, je suis contre les Accords d’Oslo et je n’accepte pas une partie d’entre eux.

Amin : Y a-t-ils des contacts entre vous et Abbas ?

Qadoumi : La communication est minimale, mais certaines personnes essayent de combler le fossé entre nous. (Voir dépêche ci-dessous)

Amin : A côté de votre critique d’Oslo, vous acceptez la feuille de route. Est-ce que la feuille de route n’est pas un prolongement des accords d’Oslo ? Est-ce que ce n’est pas pire ?

Qadoumi : Non, la feuille de route repose sur des bases internationales et appelle au retour à la situation avant le 28 septembre 2000, ce qui est différent des accords d’Oslo (le 28 est le jour du début de la seconde Intifada).

Amin : Cependant vous pouvez trouver les mêmes courants [que ceux d’] Oslo dans la feuille de route, comme le fait de repousser les questions essentielles comme les réfugiés, les frontières, Jérusalem et les colonies à la dernière étape des négociations.

Qadoumi : C’est vrai, mais c’est différent des Accords d’Oslo et la feuille de route a des côtés positifs.

Amin : Nous avons entendu parler de difficultés au sujet de la responsabilité de nommer et déplacer les ambassadeurs et de votre opposition à la réunion organisée par Nasser Al-Kidweh à cette occasion, qu’en est il exactement ?

Qadoumi : Al-Kidweh n’a pas autorité pour nommer les ambassadeurs, tant qu’il suivra les règles de l’Autorité Palestinienne. Je veux vous rappeler que l’Autorité Palestinienne n’a pas la responsabilités des affaires internationales selon les Accords d’Oslo. Le paragraphe 2A de l’article 6 dit : "En accord avec la déclaration de principes, l’Autorité Palestinienne n’exercera pas de pouvoir ni de responsabilités dans les affaires extérieures, ce qui inclut l’ouverture d’ambassades et de consulats ou tout autre type de représentations et de commissions étrangères, ni même d’autoriser l’ouverture de celles-ci à Gaza et à Jéricho. Elle n’est pas autorisée à nommer des missions consulaires et diplomatiques, ni même de les accréditer". Donc, Al-Kidweh n’est pas autorisé à mettre en oeuvre des changements.

Amin : Avez-vous été consulté avant la réunion des ambassadeurs à Ramallah ?

Qadoumi : Non, je ne l’ai pas été et je le répète, personne n’a le droit de recruter, déplacer ou renvoyer des ambassadeurs, à part le Ministre élu des Affaires étrangères de l’Etat de Palestine qui est Abu All-Lutuf (Al-Qadoumi).

Amin : Mais Arafat avait l’habitude de faire ce qu’il voulait quand il était Président.

Qadoumi : Permettez moi de vous corriger, Arafat le faisait en tant que Président de l’OLP et non en tant de Président de l’Autorité Palestinienne, de plus, il avait l’habitude de me consulter à ce sujet à chaque fois.

Amin : Donc, vous et seulement vous êtes le Ministre des Affaires Etrangères de Palestine

Qadoumi : Oui, bien sur, c’est ce qui a été approuvé par le Conseil National Palestinien à Alger le 15 novembre 1988. A cette date, Arafat a été nommé Président et moi Ministre des Affaires étrangères, par le Comité Central et nous avons établi des ambassades et des représentations diplomatiques à travers le monde.

Amin : Est-ce que le Comité Central peut vous remplacer ?

Qadoumi : A ce moment là, le Comité Central était un cas exceptionnel. Le Conseil National a mandaté le Comité Central pour nommer le Président et le Ministre des Affaires Etrangères, par conséquent, c’est le Conseil National qui est l’instance de nomination.

Amin : Cependant, étant donnés ces conflits, ne pensez vous pas que le monde considère l’Autorité Palestinienne comme l’instance supérieure et la référence en matière de décisions politiques ?.

Qadoumi : Vous devez revoir les décisions du Conseil Central qui précisent que l’OLP est la seule référence légale de l’Autorité Nationale Palestinienne. Mais vous devez remarquer que les décisions du Conseil Législatif Palestinien sont dictées par Israël selon les accords d’Oslo.

Amin : Que voulez vous dire ?

Qadoumi : Selon les accords d’Oslo, Israël peut contester toute décision prise par le Conseil Législatif Palestinien, dans un délai de 1 mois et de l’annuler.

Amin : Cependant je suppose que les annexes et les compléments qui ont suivi les accords ont éclairci ce point et ont donné plus de privilèges au Conseil.

Qadoumi : Non ce n’est pas vrai, les précisions sont triviales et chaque accord était suivi d’explications et d’annexes diaboliques.

Amin : Ce que vous dites est très grave, pensez-vous que les prochaines élections vont changer quelque chose.

Qadoumi : Les élections sont illégales, et les référendums sont aussi illégaux sous occupation. La décision du Conseil Législatif Palestinien d’augmenter le nombre de sièges est aussi illégale, parce que le Conseil Législatif Palestinien n’aurait pas du exclure le Conseil National.

Amin : Donc, selon ce que vous dites, pensez-vous que la solution serait de mettre fin aux accords d’Oslo ?

Qadoumi : Les Accords d’Oslo sont déjà morts.

Amin : Hier, on vous a demandé si vous voudriez contrôler le pays de loin.

Qadoumi : Personne ne peut dire ça, ce que je demande c’est l’application des règles et des lois de l’OLP, c’est que personne ne soit autorisé à être au dessus de ces règles et c’est que les institutions de référence soient réactivées.

Amin : Donc quelle est la solution selon vous ?

Qadoumi : En mars dernier, j’ai fait circuler un programme politique qui serait comme un plan de travail qui établit un front national. Certains principes de ce plan sont :

-  1 : L’OLP est le seul représentant légal des Palestiniens
-  2 : Réactiver tous les départements de l’OLP
-  3 : Tenir une session du Conseil National Palestinien avant la fin 2005
-  4 : Réenforcer l’unité nationale en accord avec les décisions du CNP
-  5 : Renforcer la solidarité et le travail commun avec les Arabes afin de faire face aux difficultés extérieures et préserver la sécurité de la Nation Arabe.
-  6 : Renforcer et développer les liens avec les organisations des Pays Islamiques pour soutenir la cause calestinienne, afin de trouver une solution juste et équitable à cette cause, de préserver les sites religieux de l’occupation israélienne.
-  7 : D’appeler les Nations Unies à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de Sécurité au sujet de la question palestinienne, y compris la résolution 465 qui déclare illégales les colonies israéliennes et exige leur démantèlement.
-  8 : Réactiver les initiatives arabes dans les réunions internationales
-  9 : Les décisions politiques doivent être basées sur les 10 points approuvés par le CNP en 1974
-  10 : Augmenter la conscience nationale et d’éduquer les Palestiniens de la Diaspora au sujet de leur droit au retour selon la résolution 194 de 1949
-  11 : De soutenir la résistance populaire tant que l’occupation est présente et tant que le processus politique est stoppé
-  12 : De presser la communauté internationale à mettre en oeuvre les résolutions de l’ONU pour démanteler le Mur de l’Apartheid et à prendre les mesures nécessaires à cette fin
-  13 : De permettre à toutes les factions palestiniennes de faire partie de l’Autorité Palestinienne pour partager les responsabilités de gérer les affaires internes du Peuple Palestinien, de promouvoir le pluralisme et d’empêcher la corruption, prenant en considération que l’Autorité Palestinienne est une institution temporaire.

-  14 : D’œuvrer à la libération de tous les membres du Comité exécutif et des secrétaires généraux des partis politiques qui sont dans les prisons israéliennes.
-  15 : D’œuvrer pour les affaires sociales, médicales et culturelles dans les camps de réfugiés de la Diaspora
-  16 : D’enquêter sur les cas de corruption et de prendre des mesures strictes contre les personnes dont la corruption a été prouvée.

Amin : C’est très bien, mais y a-t-il des étapes pratiques pour la mise en œuvre de ce plan ?

Qadoumi : Nous travaillons très dur pour organiser une session du Conseil National. Je vais commencer par une série de visites afin de faire pression pour mettre en œuvre l’organisation de cette conférence. Mais le problème va être le lieu. Actuellement aucun pays arabe ne sera d’accord pour la recevoir, et la tenir en Palestine est impossible.

Amin : Et au sujet de la 6ème Conférence du Fatah en août prochain ?

Qadoumi : La Conférence ne va pas avoir lieu parce que Sharon a retardé le retrait de Gaza. Donc nous ne pouvons pas tenir cette conférence sous occupation.

Amin : Est-ce que ça ne va pas accroître les tensions au sein du Fatah, étant donnés les cas de corruption révélés au sein du mouvement ?.

Qadoumi : Des tensions existent, mais le Fatah est une grande organisation et sera capable de les surmonter.

Amin : Pensez-vous que les dernières victoires électorales du Hamas menacent le Fatah ?

Qadoumi : Au contraire, nos liens avec le Hamas sont très forts, ils font partir de cette nation et nous les accueillons avec plaisir au sein des institutions de l’Autorité Palestinienne et l’OLP.

Amin : Et au sujet des problèmes de corruption ?

Qadoumi : Je demande que tous les dossiers soient ouverts et que toutes les personnes corrompues soient punies conformément à la loi.

Amin : Vous avez répété que le Président Arafat est mort empoisonné, pourquoi ne demandez vous pas à ouvrir une enquête sur sa mort ?

Qadoumi : J’ai déjà demandé une enquête auprès de tous ceux qui étaient proches de Abu Amar pendant la dégradation de son état de santé, afin de pouvoir faire toute la vérité sur cette affaire.

Amin : Quel a été le sort de l’argent de l’OLP après la mort d’Arafat ?

Qadoumi : Le Ministre des Finances est en train de préparer le bilan financier et nous saurons à quoi nous en tenir quand ce travail sera fini.

Amin : Il y a plusieurs tentatives pour abolir le Droit au retour au travers de plusieurs déclarations et initiatives. Que pensez vous de cela ?

Qadoumi : Personne n’a le droit d’abolir le Droit au retour. Il y a un droit au retour sur sa terre d’origine et tout ce qui ne sera pas conforme à ce droit sera rejeté.

Amin : Une dernière question : avez-vous l’intention de rédiger votre biographie, notamment votre expérience au sein de la Révolution Palestinienne ?

Qadoumi : Oui un livre de 40 pages a déjà été publié. Je travaille actuellement à mettre sur le papier mon expérience de témoin pour les générations futures.

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Mahmoud Abbas et Farouk Kaddoumi se rencontrent à Tunis

La visite effectuée mardi 31 mai par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (Abou Mazen) en Tunisie a donné lieu à une rencontre très attendue avec le chef du Fatah, principale composante de l’OLP, Farouk Kaddoumi (Abou Lotf), qui réside en permanence dans la capitale tunisienne.

Cette rencontre devait marquer la réconciliation entre les deux hommes qu’opposaient de profondes divergences sur plusieurs questions. Selon des témoins oculaires, ils se sont donné l’accolade et se sont ensuite entretenus pendant deux heures et 20 minutes.

MM. Abbas et Kaddoumi, dont la dernière rencontre remonte aux funérailles de Yasser Arafat en novembre 2004 au Caire, étaient en désaccord sur le rôle devant être imparti à l’OLP dans la conduite de la politique palestinienne, et singulièrement à celui du département politique de l’organisation, dirigé par M. Kaddoumi.

Un autre point de désaccord portait sur l’Intifada. Alors que Mahmoud Abbas était pour l’arrêt du soulèvement populaire, Farouk Kaddoumi prônait sa poursuite parallèlement aux efforts politiques.

Le fait que cette rencontre ait pu avoir lieu est déjà en soi "un succès", analysaient des observateurs palestiniens sur place.

Qualifiée de "difficile", l’entrevue a été précédée par plusieurs contacts destinés à préparer le terrain aux retrouvailles Abbas-Kaddoumi. C’est dans ce but que, peu après l’arrivée lundi soir à Tunis de la délégation palestinienne, le Premier ministre palestinien Ahmed Qorei avait rendu visite au chef du Fatah [Farouk Kaddoumi].

Alors que des informations circulaient dans la matinée de mardi laissant entendre que la rencontre "n’était pas sûre", M. Abbas s’est finalement rendu au domicile de M. Kaddoumi au terme de son entretien avec le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.

Un des points sur lesquels devaient se pencher les deux dirigeants était la convocation d’urgence du comité central du Fatah, dont une réunion prévue le 30 avril pour "mettre de l’ordre des les affaires palestiniennes" a été reportée sine die.

AP

Mercredi 25 mai Ibrahim Hamami

Traduit de l’arabe en anglais par George Rishmawi IMEMC

traduction Nathalie Ollat, Afps

dépêche Associated Press


Source : AFPS
http://www.france-palestine.org/article1805.html


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