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Une maturité politique à l’œuvre 

Entretien avec Leïla Shahid - Pour La Palestine n°46

 

"En réalité, Ariel Sharon mène une politique unilatérale de faits accomplis où il refuse toute discussion, concertation ou négociation avec l’Autorité Palestinienne sous prétexte qu’elle ne combat pas assez le « terrorisme » - alibi classique pour se dérober - et il a l’impression, malheureusement vraie, que la communauté internationale cautionne sa politique unilatérale."

- PLP : La disparition de Yasser Arafat a créé une situation complètement nouvelle pour la vie politique palestinienne. On a même pu craindre un chaos. C’est en tout cas la fin d’une époque et la nouvelle direction politique aura à affronter d’énormes problèmes à la fois sur le plan intérieur et sur le plan international. Dans quelles conditions va-t-elle les aborder ? Quel premier bilan peut-on tirer de l’après- Arafat ?

-  Leila Shahid : La transition suivant la période Arafat - qui aura duré 40 ans et qui aura constitué la colonne vertébrale du mouvement palestinien - s’est passée de manière très saine et très sereine. Ce qui prouve que le Président Arafat a légué un minimum d’institutions et de structures politiques qui ont permis à cette transition de se faire malgré les quatre années de sape systématique de l’Autorité Palestinienne par le gouvernement Sharon et ce qui prouve aussi la maturité politique de la société. Le plus important est le fait que la méthode utilisée pour le choix des nouveaux dirigeants fut l’élection pluraliste et démocratique et sous surveillance internationale de tous les candidats à tous les postes, depuis le Président de l’Autorité Palestinienne jusqu’aux membres des Conseils municipaux et, bientôt j’espère, les députés et les dirigeants des partis politiques. Il faut reconnaître aux Palestiniens leur mérite parce qu’après tout ce ne sont que les secondes élections démocratiques en Palestine (les premières ont eu lieu en 1996) et elles sont venues à l’improviste : le décès du Président Arafat, survenu de manière brutale, nous a pris de court. On peut se féliciter que, malgré toutes les entraves mises par les autorités israéliennes, surtout à Jérusalem où l’on a empêché les électeurs de voter pour affirmer l’annexion de la ville et des habitants, les autorités palestiniennes ont réussi ces élections dans le respect de la pluralité des candidats, de la liberté des programmes politiques défendus par chacun et dans la mobilisation et la participation citoyennes, démocratiques. C’est un bilan très positif et encourageant pour l’avenir, au moins à cette étape.

- PLP : Au niveau du contenu, à votre avis qu’ont exprimé les élections présidentielle et municipales ?

-  L.S. : L’élection présidentielle exprime un choix démocratique très clair de retour à la négociation politique pour la mise en oeuvre du processus de paix, plus précisément du processus de décolonisation, et pour la mise en oeuvre de la « Feuille de route » et le rejet clair du recours à la violence, en particulier contre les civils. C’est la preuve que le débat qui a occupé l’opinion publique politique pendant quatre ans sur les bienfaits et les méfaits de la militarisation de l’Intifada, a abouti à un choix clair. Cette militarisation était une réaction inévitable à l’excès de force militaire dans la répression israélienne, mais aussi une dérive de certains groupes palestiniens qui sont tombés dans le piège de Sharon, en particulier dans les actions inadmissibles contre les civils israéliens. Le choix d’un candidat, Mahmoud Abbas qui, de manière très claire, a invité les gens à le suivre sur ce chemin, est significatif de la maturation de la pensée politique palestinienne qui tire les leçons de ses succès mais aussi de ses échecs durant les dix années du processus d’Oslo. Deuxième point sur le contenu de ces élections : la réussite du débat sur l’unité nationale palestinienne. Mahmoud Abbas est très soucieux d’intégrer dans le jeu politique national toutes les composantes de la société palestinienne, y inclus les derniers nés des partis politiques qui ne font pas partie de l’OLP, comme le Hamas fondé en 1987, le Djihad Islamique, fondé en 1988, et qui, jusqu’à ces élections, se situaient à l’extérieur du système politique palestinien.

La décision du Hamas, du Djihad Islamique et de tous les autres partis, laïques, (Fatah, Front Populaire, Front Démocratique, Parti du Peuple palestinien) de participer aux élections municipales est le résultat du dialogue entrepris par Mahmoud Abbas depuis 2003, lorsqu’il était Premier ministre et qu’il a poursuivi depuis son élection comme Président, le 9 janvier 2005.

Le principe du respect du pluralisme politique et du droit de toutes les forces politiques, qui font partie intégrante de la société palestinienne, est la base de la Constitution démocratique citoyenne. Le fait que le Hamas ait remporté un tiers des sièges des Conseils municipaux est la preuve de l’engagement réel de ces forces dans un système politique parlementaire qui se dirige vers la mise en place d’institutions nationales légitimes et démocratiques. C’est aussi le meilleur bouclier contre la guerre civile dans laquelle Israël voudrait nous entraîner. Cela fait aussi partie du legs du Président Arafat qui a réussi la sauvegarde de l’unité nationale du peuple palestinien depuis la fondation de l’OLP en 1964. La transition a aussi montré l’unité de la société palestinienne dans le respect du pluralisme et la capacité de l’Autorité Palestinienne à respecter cette diversité. En même temps, elle a démontré la maturité des choix de la société dont environ les deux tiers sont laïques et un tiers proche des islamistes. C’est ce que disent les urnes et il faudra les respecter.

- PLP : Mais restent encore les élections législatives qui sont déterminantes. Or, celles-ci viennent d’être reportées, apparemment sine die.

-  L.S. : Il y a bien sûr aujourd’hui le défi d’élections majeures, celles internes aux partis politiques, à commencer par le Fatah, mais aussi tous les autres partis et il y a les élections du Conseil législatif. Leur report était inévitable mais non, comme la presse l’a suggéré, par peur d’affronter les urnes mais parce qu’il fallait choisir une loi électorale qui donne la possibilité aux partis politiques d’assumer un jeu parlementaire. Ce qui suppose la remise en cause de la loi actuelle qui impose le vote par circonscription. Il faut la modifier pour permettre la participation des différents partis politiques. Le report de la date était inévitable. Les élections auront lieu après le retrait de Gaza ce qui donnera le temps de les préparer dans des conditions plus satisfaisantes. En particulier : la consolidation de la trêve respectée en gros par tous les partisans de la lutte armée mais non par l’armée israélienne. Mahmoud Abbas est persuadé que par le dialogue interne, par l’amélioration des conditions de vie sociales et économiques, par l’application de la « Feuille de Route » et le travail du Quartet, il peut consolider la trêve beaucoup plus que par toute tentative de désarmement par la force des groupes armés. D’abord, parce qu’une tentative de désarmement par la force peut vite dégénérer en guerre civile et, ensuite et surtout, parce qu’il est très facile de se reprocurer des armes sur le marché israélo-palestinien local. Il faut donc assurer les conditions politiques de la trêve intérieure et extérieure avant de se lancer dans la campagne électorale pour les législatives où le débat sera passionné car il opposera pour la première fois laïques et religieux.

- PLP : En attendant, quels sont les rapports avec le pouvoir israélien ?

-  L.S. : Sur le plan des relations bilatérales, le bilan est beaucoup moins positif. Depuis le 9 janvier 2005, le Président Mahmoud Abbas n’a rencontré Ariel Sharon que deux fois : au sommet de Charm-El-Cheikh, le 8 février, sous l’égide du Quartet et en présence du roi de Jordanie et du Président égyptien et, le 21 juin, à Jérusalem-Ouest, dans un sommet bilatéral. Les deux sommets du 8 février et du 21 juin ont été un échec total. Dans le premier, les engagements pris par Sharon pour la libération des prisonniers politiques, le retrait de l’armée israélienne de cinq villes occupées, la levée des bouclages des villes et des villages, n’ont jamais été mis en oeuvre réellement. Au deuxième sommet, malgré la visite de la Secrétaire d’Etat américain Condoleezza Rice et les engagements qu’elle avait assurés à Mahmoud Abbas quelques jours plus tôt, le 18 juin, à Ramallah même, Ariel Sharon a refusé toute concertation ou coordination avec l’Autorité Palestinienne sur le retrait de la bande de Gaza en août prochain. Toutes les questions sur le contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes de Gaza, le passage entre Gaza et la Cisjordanie ainsi que sur le port et l’aéroport sont restées sans réponse ainsi que les demandes sur la libération des prisonniers politiques à laquelle Sharon s’était engagé à Charm el-Cheikh en février.

En réalité, Ariel Sharon mène une politique unilatérale de faits accomplis où il refuse toute discussion, concertation ou négociation avec l’Autorité Palestinienne sous prétexte qu’elle ne combat pas assez le « terrorisme » - alibi classique pour se dérober - et il a l’impression, malheureusement vraie, que la communauté internationale cautionne sa politique unilatérale. Pendant quatre ans, il a prétendu qu’Arafat n’était pas un partenaire parce qu’il était « un terroriste  ». Maintenant, il soutient que Mahmoud Abbas n’est pas un partenaire parce qu’il est trop faible. En fait, il ne veut pas de partenaire palestinien. Ceci aura des conséquences graves : il est évident qu’il sera pratiquement impossible pour l’Autorité palestinienne de bien assurer le transfert des responsabilités de l’armée israélienne et des colons des régions contrôlées par eux à Gaza sans un minimum de coordination préalable. Toutes les tentatives des Commissions mixtes israélo-palestiniennes mises en place sur le plan formel, ont échoué à ce jour, même celle du représentant du Quartet, l’ancien Président de la Banque Mondiale James Wolfensohn. C’était l’une des revendications les plus importantes du voyage officiel de Mahmoud Abbas à Washington en mai, plaçant le Président Bush devant ses responsabilités quant au caractère unilatéral des mesures prises par le gouvernement israélien pour le retrait au mois d’août. L’attitude du Président Bush durant ce voyage a manifesté sur le plan formel une certaine ouverture, mais il reste à traduire les prises de positions politiques (la nécessité d’intégrer le retrait de Gaza dans la « Feuille de Route », le refus de la colonisation à Jérusalem-Est, le retrait des forces militaires sur les positions de septembre 2000), dans des actes réels sur le terrain. La visite de Mme Rice n’a malheureusement pas donné les résultats escomptés.

Plus grave encore, Sharon semble vouloir détruire la crédibilité de Mahmoud Abbas aux yeux de son opinion publique et de ses interlocuteurs internationaux. Face à un effort réel de « trêve » du côté palestinien, l’armée israélienne a poursuivi les assassinats ciblés des dirigeants palestiniens, les incursions militaires dans les villes et le bouclage des villes est toujours aussi dur. Tout porte à penser que Sharon, profitant de la trêve décidée par l’Autorité palestinienne, mène une politique unilatérale de poursuite de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est et de la construction du Mur - ce qui constitue une politique de faits accomplis et de facto d’annexion de la majeure partie de la Cisjordanie. Au discours de paix de Mahmoud Abbas répond la politique d’annexion d’Ariel Sharon. Cette stratégie de Sharon est d’autant plus grave qu’elle se fait à l’ombre des promesses de retrait de Gaza, ce qui lui vaut les félicitations et les applaudissements de la diplomatie internationale qui feint de ne pas voir que ce retrait se fait aux dépens de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie. C’est, en particulier, la position de la diplomatie américaine qui semble avoir donné un chèque en blanc à Sharon au moins jusqu’à la fin du retrait de Gaza. Car, dit Condoleezza Rice, il faut le soutenir dans son affrontement avec l’opposition - une partie du Likoud et du mouvements des colons - qui fragilise son gouvernement.

L’Union européenne, qui s’inquiète des réalités irréversibles à Jérusalem-Est et en Cisjordanie avec l’extension des colonies et la construction du Mur, semble incapable de faire bouger l’administration américaine ou de prendre des mesures sérieuses spécifiquement européennes pour obliger le gouvernement Sharon à geler ses actions. L’importance prise par le débat sur la Constitution Européenne et la surprise suscitée par le « non » de plusieurs pays européens ont monopolisé l’intérêt de l’U.E., laissant la voix libre à la diplomatie américaine, elle-même piégée par la situation en Irak et la chute de popularité du Président Bush.

- PLP : Venons-en à la situation intérieure. Elle semble réellement préoccupante.

-  L.S. : La situation interne palestinienne est le résultat de quatre années de destructions systématiques du tissu social palestinien par la fragmentation du territoire national et par l’atomisation de la société à travers les 730 barrages militaires. Ceux-ci ont constitué les frontières des nouveaux espaces sociaux palestiniens depuis 2001. Cette réalité géopolitique et sociale a des conséquences très graves. En premier lieu, elle impose à la société un fonctionnement sur la base d’un dénominateur commun familial, clanique et tribal. La gestion des crises sociales, des conflits internes et de la violence sociale, n’est plus du ressort des instances officielles de l’Autorité Palestinienne détruites par les forces d’occupation (police, renseignement, tribunaux) mais du système de vendetta, de lois non inscrites où les familles règlent entre elles, parfois par la vengeance meurtrière, les problèmes de la société.

C’est une menace très sérieuse à la paix sociale qui inquiète profondément l’opinion publique et les instances dirigeantes de l’Autorité palestinienne. Il n’y a pas de réponses faciles pour contrecarrer les effets pervers de la politique volontariste des forces d’occupation. Cellesci visent à détruire la légitimité nationale de l’Autorité palestinienne qui avait réussi, entre 1994 et 2000, à créer un recours légitime et reconnu des instances régulatrices de la société dans les territoires occupés et qui se dirigeait vers un Etat de droit.

Aujourd’hui, le défi de Mahmoud Abbas et du gouvernement d’Ahmed Quoreï consiste à reconstruire rapidement les structures de gestion de la société et à leur redonner une légitimité nationale en remisant dans « la lampe d’Aladin » le mauvais génie des références traditionnelles, locales, claniques et tribales qui alimentent l’insécurité ambiante où les citoyens se font justice eux-mêmes. C’est une tâche difficile mais dont l’Autorité palestinienne a totalement conscience et qu’elle doit mener parallèlement aux autres tâches, les élections, le transfert de son autorité à Gaza, etc. La difficulté principale est de réaliser tout cela simultanément sans avoir le temps de reconstruire les institutions pour mettre en oeuvre une juridiction qui assure l’état de droit et condamne ceux qui le violent. Un grand travail a été réalisé sur le plan juridique mais il ne peut être mis en oeuvre que dans une situation de souveraineté.

- PLP : Quel rôle joue, par exemple, le Fatah dans ce contexte social ?

-  L.S. : A côté de cet aspect sécuritaire il y a, bien sûr, l’aspect politique de l’évolution et du développement historique des partis politiques. C’est vrai pour tous, mais il est évident que celui qui assume le rôle de colonne vertébrale dans la société et au sein de l’Autorité est le Fatah. Donc sa mutation légitime, prévisible, a des conséquences très importantes sur la société en général et sur l’Autorité palestinienne en particulier. Le Fatah est un mouvement né en exil parmi les réfugiés, fondateur du mouvement national et dont tous les congrès ont eu lieu en exil. Le dernier en date, le cinquième, s’est tenu en 1989 à Tunis. Depuis, il n’a pas renouvelé ses instances dirigeantes, en particulier le Comité Central (16 membres) et le Conseil Révolutionnaire (environ 125 membres). Or, depuis 1989, il y a eu la première Intifada, les Accords d’Oslo, le retour en Palestine et la seconde Intifada. Ces événements fondamentaux ont bien sûr permis l’expression de toute une nouvelle génération de dirigeants palestiniens qui n’ont pas été reconnus dans les instances dirigeantes et qui, aujourd’hui, revendiquent leur place à la direction du Fatah et des réformes essentielles au fonctionnement d’un parti responsable de la construction d’un Etat de droit. Ce qui est tout à fait légitime. En même temps, il est très difficile d’organiser un congrès qui ne prenne pas aussi en compte les réfugiés à l’extérieur du territoire et qui représente toute la diaspora palestinienne.

Donc, depuis plusieurs mois, se réunissent les instances du Conseil Révolutionnaire et du Comité Central pour organiser les élections primaires internes qui doivent précéder les élections parlementaires.

Parallèlement, des réunions ont lieu dans les camps de réfugiés à l’extérieur pour les élections au Conseil National Palestinien, avec les autres organisations de l’OLP. Nous pouvons dire la même chose sur les élections du Front Populaire (FPLP) dont le dirigeant est encore en prison, du Front Démocratique (FDLP) et du Parti du Peuple Palestinien. Les élections internes sont nécessaires pour accompagner l’évolution historique du mouvement national, qui passe du stade de la libération nationale au stade de la construction étatique.

Il y a une sorte de crise, mais une crise saine, une mutation interne naturelle. Le Congrès du Fatah et les élections sont reportés mais le Congrès se tiendra nécessairement avant les élections législatives. Il est évident qu’il y a polarisation sur les deux grands courants, d’un côté le courant laïque représenté par le Fatah, le FPLP, le FPDLP, le PPP, mais aussi par les « indépendants » qui ont été représentés par Mustapha Barghouti à la présidentielle, et d’autre part, les Islamistes représentés par le Hamas allié à d’autres mouvements comme le Djihad Islamique.

- PLP : Comment envisager l’avenir de toutes les organisations alors que la libération du territoire national n’est pas achevée et qu’en même temps il faut construire l’Etat ?

-  L.S. : C’est la difficulté de la situation palestinienne depuis le début des négociations d’Oslo. La décolonisation et la souveraineté n’ont pas été assurées par l’occupant d’une manière définitive comme en Algérie, au Vietnam ou dans d’autres pays anciennement colonisés. Depuis le début, c’est un processus par étapes avec un pas en avant et deux pas en arrière parce que la Communauté internationale a renoncé à assumer sa responsabilité  : surveiller et assurer la mise en oeuvre des accords signés sous son égide. Principalement à cause de sa lâcheté face à Israël qu’elle traite comme un Etat au-dessus du droit. Ces deux poids, deux mesures alimentent la frustration, la colère et la violence dans la région.

Mais l’avenir est riche en potentiels et en même temps très inquiétant parce qu’il est évident que la seule proposition d’Ariel Sharon est la création d’un territoire carcéral à Gaza, où l’Autorité palestinienne devra gérer la situation intérieure et où le contrôle aux frontières par Israël empêchera toute souveraineté réelle et tout développement économique. En Cisjordanie, la seule proposition d’Ariel Sharon est la création de bantoustans sur les 40% du territoire qui resteront une fois que Jérusalem- Est et les grands blocs de colonies et le Mur auront été intégrés dans le territoire d’Israël. Le Mur qu’il construit a pour fonction réelle non la sécurité des citoyens israéliens, mais les frontières des bantoustans palestiniens qu’Israël aura imposées, de fait.

Ceci ne constitue aucun processus réel de paix ou de construction d’un Etat indépendant. Pour cette raison, il est évident que la responsabilité de la communauté internationale va consister à permettre à l’Autorité palestinienne d’assurer la vie sociale, économique et politique de la population palestinienne, en attendant une direction israélienne prête à négocier sérieusement. La communauté internationale doit être consciente de ses responsabilités politiques vis-à-vis des Palestiniens. Notre peuple a droit à la protection du droit international.

Aujourd’hui, la priorité est de reconstruire les moyens d’existence des Palestiniens, sur le plan local, national et régional. La coopération avec l’Autorité palestinienne est donc primordiale. L’évolution du système démocratique palestinien est la seule garantie de la construction in fine d’un Etat palestinien - le jour où l’on fera respecter par les autorités israéliennes les résolutions les obligeant à retirer leur armée des territoires occupés en 1967 et à respecter le droit des Palestiniens à la souveraineté nationale. Nous payons malheureusement la facture d’un agenda mondial qui a faussé le jeu en mettant en avant la guerre anti-terroriste à la place de la construction de la paix. En fait, cette stratégie a alimenté le terrorisme dans le monde. Espérons qu’aujourd’hui la communauté internationale a compris ses erreurs d’analyse.

Propos recueillis par Bernard Ravenel, juin 2005.


Source : AFPS
http://www.france-palestine.org/article2090.html


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