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Dr Al-Hindi, un des dirigeants du Jihad Islamique en Palestine :

"Israël crée un fait accompli en Cisjordanie et les Palestiniens sont occupés par des élections comme si nous avions un Etat"

 

Dans une interview accordée au site arabs48.com, dr Muhammad al-Hindi a expliqué quelques-unes des positions de son mouvement par rapport à la situation en Palestine.

 

Concernant les élections municipales, il a affirmé que ces élections "ne doivent pas nous détourner de notre but premier, et ne doivent pas créer une faille dans nos priorités palestiniennes. Les élections municipales se déroulent dans le cadre de l'occupation israélienne, et nos priorités sont de chasser l'occupant".

Commentant l'idée que les élections municipales visent en premier lieu à modifier la situation palestinienne interne, il a déclaré que les Palestiniens ne doivent pas se préoccuper d'eux-mêmes, le mouvement du Jihad Islamique ayant mis en garde contre l'exacerbation des problèmes internes suite à la première phase des élections municipales. Il a ajouté que le mouvement a demandé le report de ces élections jusqu'au départ des troupes de l'occupation. Mais comme elles ont eu lieu selon la loi palestinienne, il est demandé de préserver l'unité interne palestinienne, et de ne pas se préoccuper d'une petite bataille au dépend de la bataille principale contre l'occupation.

La construction ne peut être menée à bien qu'après la fin de l'occupation, lorsque la patrie deviendra libre, pour ses propriétaires. La gravité de ces dernières élections muncipales est qu'elles ont préoccupé les Palestiniens alors que l'occupation est toujours là. Les Palestiniens ont mené des batailles illusoires, partielles, les contradictions internes palestiniennes ont été exagérées au cours de ces élections, l'occupant observait le mouvement palestinien et les réactions palestiniennes.

 

Il a affirmé que l'unité nationale palestinienne est une priorité, comme l'est la fin de l'occupation israélienne. Le mouvement du Jihad Islamique n'a pas participé aux élections municipales, au cours de leur première phase, par crainte de leurs conséquences sur la situation palestinienne. Bien qu'ayant participé à la seconde phase, le mouvement ne considère pas ces élections comme étant une bataille pour les Palestiniens, il a seulement participé pour éviter qu'on ne dise que le mouvement refuse les élections municipales, le mouvement n'est pas intéressé par des conflits internes surtout dans une telle situation.

 

Concernant la manière de combattre l'état issu des élections municipales et leurs répercussions négatives sur la rue palestinienne, il a déclaré : "le mouvement du Jihad Islamique a proposé la formation d'un comité national palestinien, accepté par toutes les parties, pour garantir le bon déroulement des élections. Le mouvement a appelé à la nécessité de stopper les campagnes réciproques de dénigrement, les manifestations de force et de contrôle de la rue palestinienne. Si les forces nationales et islamiques acceptent cette proposition, les relations inter-palestiniennes pourront reprendre leur voie normale. La proposition du Jihad Islamique vise à ce que la crise n'arrive pas à un stade inacceptable dans la rue palestinienne, surtout que les priorités qui sont la préservation de l'unité nationale et le maintien de la pression sur l'occupation, risquent d'être déviées. Une petite bataille a été ouverte concernant les résultats des élec tions municipales. Le comité a pour but de donner à ces élections leur place effective, les replaçant dans leur dimension inter-partis. La préoccupation nationale géénrale est plus importante que la préoccupation des conflits entre partis politiques.

 

Concernant le document du Caire, M. al-Hindi a affirmé qu'il n'a pas seulement approuvé l'accalmie, mais il a aussi inclus plusieurs questions palestiniennes internes, comme les élections, le dialogue comme seul moyen pour résoudre les conflits internes ainsi que le droit du peuple palestinien à résister et se protéger. L'accalmie n'est qu'un des points du document du Caire mais l'insistance se fait actuellement sur l'accalmie. Israël a violé plusieurs fois cette accalmie, et depuis la rencontre du Caire, il y a eu 33 martyrs. Ce document accorde au peuple palestinien le droit à la résistance. Les organisations palestiniennes ont respecté leurs engagements pris au Caire, mais c'est Israël qui ne respecte pas l'accalmie. Il veut ramener la situation à ce qu'elle était avant l'accalmie, il veut maintenir une situation "chaude", mais Israël a cependant besoin du maintien de l'accalmie, pour préparer son retrait unilatéral, afin de paraître qu'il ne se retire pas sous la pression des armes.

 

Concernant le report des élections législatives, dr. al-Hindi a déclaré : la loi palestinienne accorde trois mois au comité central des élections pour se préparer, à partir de l'approbation de la loi sur les élections. La loi a été approuvée en troisième lecture et a été déposée au président de l'Autorité, Mahmoud Abbas. Le président la présentera de nouveau au conseil législatif car elle n'est pas conforme à l'accord conclu au Caire. Cela va exiger une nouvelle discussion au conseil législatif, ce qui peut prendre du temps.

 

Il a ajouté que le peuple palestinien a besoin de procéder à des élections pour mettre de l'ordre dans sa situation interne, mais il a besoin de réelles élections, non pas dans le cadre d'Oslo, et non pour une partie seulement du peuple palestinien. Les élections doivent avoir lieu après la libération du pays. L'occupant régit les élections et contrôle le déplacement des candidats. Actuellement, l'occupant empêche les membres du conseil législatif palestinien élus de se déplacer entre la Cisjordanie et la bande de Gaza. L'occupant israélien a arrêté deux membres du conseil législatif, Marwan Barghouty et Hussam Khadr. Israël profite du temps pour exécuter sa politique en Cisjordanie, tout en essayant de montrer à l'opinion mondiale que des élections palestiniennes se déroulent, qu'il y a un retrait de Gaza. Il est en train de créer des faits accomplis en Cisjordanie en poursuivant la colonisation, la construction du mur, et pendant ce temps, les Palestiniens sont occupés par des élections, comme s'il y avait un pays libre dans lequel de réelles élections sont en train de se dérouler.

 

Concernant les relations entre organisations palestiniennes, il a déclaré qu'il y a actuellement une tension entre le Hamas et le Fateh, à propos des élections municipales, la réelection dans certaines circonscriptions. En réalité, il n'y a pas de vrais dialogues dans la scène palestinienne. Le mouvement du Jihad Islamique essaie de combler le fossé entre Hamas et Fateh, surtout que ce qui les réunit est plus important que ce qui les divise. Des efforts sont menés pour rechercher les facteurs communs, pour colmater les brèches et les amener à s'entendre. Tous souhaitent arriver à une solution acceptable pour tous, pour poursuivre le dialogue inter-palestinien afin de discuter des questions essentielles, notamment le retrait de la bande de Gaza.

 

Concernant les rencontres et discussions avec la délégation égyptienne, Muhammad al-Hindi a affirmé qu'elles ont porté sur les différends entre Hamas et Fateh, sur les violations israéliennes de l'accalmie et sur la question des détenus palestiniens dans la prison d'Ariha (Autorité Palestinienne).

 

Il a ajouté que le mouvement Fateh vit actuellement une crise interne, et que le Jihad souhaite que ces problèmes internes soient résolus, car ils ont des répercussions sur la situation du peuple palestinien dans son ensemble. Il ne faudrait que Fateh ressente que le mouvement islamique est une alternative au Fateh, et toute organisation voulant s'approprier seule la scène palestinienne ne pourra qu'aboutir à des résultats négatifs. Les expériences passées des organisations palesitniennes ont abouti à des conséquences négatives, mais ce qui est préoccupe actuellement tous les Palestiniens, c'est le maintien de la cohésion de la situation interne, que le Fateh maintienne sa cohésion qui a des répercussions positives sur la situation générale des Palestiniens, il y a une complémentarité des rôles entre Fateh et le mouvement islamique.

 

Il a appelé le négociateur palestinien à ne pas se soumettre au chantage isaélo-américain, les gens réclamant que le négociateur palestinien ne se soumette pas à la volonté israélienne, qui cherche à marchander le retrait de la bande de Gaza comme s'il faisait partie de la feuille de route, tout en sachant que le Jihad islamique est hostile à la feuille de route. Le négociateur palestinien devrait insister dans les négociations sur la nécessité de démanteler les colonies mais les négociations n'ont encore abouti à rien de concret . Par ailleurs, Israël n'a pas libéré les prisonniers, ne s'est pas retiré des villes palestiniennes, ce qui montre qu'il n'y a pas de vraies négociations. Israël essaie d'imposer son point de vue sur le négociateur palestinien, c'est pour cela que la résistance palestinienne doit conserver ses armes, la bataille n'est pas finie, et ne finira pas avec les étapes des négociations.

 

Il a déclaré que le vrai critère de l'accalmie reste la question des prisonniers. Les prisonniers et les détenus constituent la plus grande préoccupation du peuple palestinien, le Jihad islamique a demandé d'ailleurs que la question des prisonniers et détenus soit la première à être soulevée lors de toute rencontre avec la partie américaine ou européenne ou israélienne. Il faut poursuivre l'action sans relâche pour faire libérer les prisonniers et détenus palestiniens.

Il a précisé que tous sont occupés actuellement par le plan de Sharon de "désengagement unilatéral" qui signifie en réalité le renforcement de la mainmise sur la Cisjordanie. L'autorité palestinienne et le quartet essaient de faire passer le plan de désengagement comme s'il faisait partie de la feuille de route, et personne ne se préoccupe des décisions internationales et de la légalité internationale, et ce, depuis bien longtemps.

 

Il a déclaré que les Etats-Unis ne sont pas préoccupés par les décisions de la légalité internationale, d'ailleurs ils les interprètent selon leur vision et leur attitude, surtout lorsqu'ils ont décrit la résistance palestinienne comme étant terroriste, à partir du 11 septembre 2001. Sharon essaie de dire que sa lutte contre la résistance palestinienne est semblable à celle des Etats-Unis contre le "terrorisme islamique". Les Etats-Unis voient le problème du Moyen-Orient et la question palestinienne d'un point de vue israélien. La politique américaine est en parfaite correspondance avec celle de la droit sioniste, ce qui lui cause d'ailleurs d'importantes difficultés au Moyen-Orient.

 

Il a précisé que la résistance palestinienne fait face actuellement à l'occupation israélienne. Tant que l'occupation demeure, il est normal que la résistance demeure la priorité du peuple palestinien. Israël refuse d'accorder les droits politiques minimum au peuple palestinien. Il essaie d'imposer une situation de fait sur le terrain, selon ses intérêts, qui nient le droit palestinien de vivre libre dans sa patrie. Ceux qui appelent à l'arrêt de l'Intifada et de la résistance se font des illusions, car le peuple palestinien a essayé les négociations, pendant de longues années, et est parvenu à la conclusion que ce ne sont que des illusions, elles n'aboutissent à rien. Seule la résistance mène à des résultats sur le terrain. Le peuple palestinien n'est pas défait, il réalise des avancées, à cause de la résistance. Le retrait de Gaza n'est qu'une des facettes de ces réalisations, car le retrait israélien est le résultat de la résistance .

 

Centre d'Information sur la Résistance en Palestine