AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


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Destructions dans le Naqab (Neguev)

 

Al-Mkymen, 
village non reconnu dans la région du Naqab

L'histoire de la lutte pour la terre commence en 1953 pour la tribu à laquelle appartient la famille de Hussayn Abi Brash. La terre sur laquelle elle se trouve actuellement lui revient du temps des Ottomans. La tribu vivait là, cultivait la terre. Les Anglais sont venus, puis les hordes sionistes qui ont fondé l'Etat d'Israël sur les terres volées aux paysans et les biens de la population palestinienne.

En 1953, l'armée sioniste chasse la tribu en entier et l'installe du côté de Tel Arad, à l'ouest, du côté des monts d'al-Khalil (Hébron), en Cisjordanie. La population résiste, les martyrs tombent pour la défense de leur terre, les jeunes et moins jeunes sont arrêtés. Hussayn ajoute : « c'était le gouvernement, ils sont forts, nous n'avions rien. Nous sommes partis ».

Puis c'est le régime militaire appliqué aux Palestiniens dans tout l'Etat sioniste. La population ne peut se déplacer qu'avec des autorisations spéciales, au compte-goutte, pour servir de main d'ouvre aux usines et chantiers que les colons ont mis en place.

Lorsque le gouvernement militaire prend fin, en 1966, ils reviennent au village et s'installent de nouveau sur leurs terres. Ils la cultivent, comme ils le faisaient avant leur expulsion.

Mais l'Etat sioniste, Etat juif créé pour les Juifs, craint cette population palestinienne qui résiste sur sa terre. Le mythe sur lequel se fonde l'Etat, mythe auquel les populations européennes ont cru, est celui d'un « peuple qui cultive le désert », alors que le « désert » du Naqab est cultivé depuis des générations. Le Naqab était peuplé, surtout dans la région de Beer Saba', centre commercial régional servant de lieu de passage entre al-Khalil en Cisjordanie et Gaza, sur la Méditerranée. Selon les cartes établies par Selman Abu Sitte, originaire du Naqab et chercheur de renommée internationale qui lutte pour le droit au retour des réfugiés, toute la zone couvrant la région de Beer Saba' était en 1948 une zone peuplée et cultivée, avec des puits d'eau, des écoles, des mosquées, des marchés régionaux et locaux actifs tout le long de la semaine. Pour les sionistes, qui ont su manier la propagande en leur faveur en direction des populations occidentales, c'est le désert qu'ils ont prétendu cultiver.

Pour en faire un réel désert, ils ont expulsé la population. En 1998, selon Selman Abu Sitte, 556.000 réfugiés sont originaires de la région de Beer Saba', et la population palestinienne du Naqab, région de Beer Saba' et autres régions plus au sud, s'élèverait à 150.000 environ. Plus de la moitié de cette population, soit environ 80.000 personnes vivent dans des villages non-reconnus, comme le village de Hussayn Abi Brash. Ces villages n'existent pas sur les cartes établies par les autorités sionistes. Et pourtant, les Palestiniens y vivent et y travaillent ce qui leur reste de terres.

Pour le village d'Al-Mkymen, les terres ont été confisquées en 1987 pour être données à des kibboutz, colonies juives installées du côté de la Mer morte. Des terres riches, cultivées de pommes de terre, pour l'exportation. Les colons ne sont pas là. Sur la terre volée, un tracteur conduit par un colon fait le travail. L'eau y arrive, sans peine. Une large étendue de terres cultivées situées entre la route asphaltée et le village. Les Palestiniens n'ont plus accès à leurs terres.

 Pour se rendre au village, il faut emprunter une route en terre. 200 familles vivent dans des maisons construites en zinc, avec des tentes pour se couvrir. Quelques animaux, des moutons, des chameaux, des poules. Un village fantôme, qui n'a pas accès à l'eau, à l'électricité, à la ligne téléphonique. Il n'y pas d'écoles, pas de maternelles, pas de dispensaires. Il n'y a rien, que la population qui refuse de s'en aller.

Le plan sioniste vise à s'emparer de toute la terre située entre Lqiyya et Omer. La colonie Omer s'étendrait jusque là, et la population palestinienne devrait rejoindre le village reconnu de Lqiyya. Or, qui visite Lqiyya comprend la résistance de la population d'Al-Mkymen. Tout autour de ce village reconnu, des baraquements s'amoncellent, pires que ceux du village non-reconnu. Ces baraquements construits avec des épaves de voitures cassées sont habités par les Palestiniens de cette partie du Naqab qui ont perdu toutes leurs terres, qui ont été expulsés de leurs villages tout au long de ces dernières années, pour être rassemblés dans le village de Lqiyya. C'est ce qui attend les habitants d'Al-Mkymen s'ils cèdent aux menaces des autorités de l'occupation.

Le village est installé sur la partie non cultivable des terres du village. Mais depuis quelques années, une nouvelle menace pèse sur la population. De l'autre côté, le KKL (fonds national Juif), organisme actif dans la colonisation et soi-disant la protection de la nature, a couvert de forêt une partie de leurs terres. La population se trouve actuellement coincée entre le projet du KKL et celui de la colonie de Omer.

En France, une tournée récente du KKL a suscité des remous à cause de l'aide que cet organisme accorde à l'armée sioniste. Mais la réaction n'a pas assez pris en compte que cet organisme sioniste, qui se présente comme défenseur de la nature, contribue de façon significative à l'expulsion et à la destruction de la société palestinienne du Naqab. Le KKL, organisme sioniste et raciste, est un des piliers de la colonisation juive de la Palestine. Sa prétendue défense de la nature n'est qu'une couverture pour accentuer le vol des terres palestiniennes. Le mythe du sionisme auquel ont cru les peuples européens se poursuit grâce à sa propagande mensongère : « planter le désert » et « couvrir de verdure une terre abandonnée ».

Aujourd'hui, la population du village non reconnu d'al-Mkymen souffre de toutes les privations, mais elle souffre surtout parce que les enfants du village n'ont que l'école de Lqiyya pour y aller. Ils se lèvent à 6 heures du matin, s'entassent dans un vieux bus, à près de 100 élèves, avec des sièges cassés, âgés de 6 à 16 ans, pour se rendre à l'école, pour un trajet qui fait le tour de plusieurs villages non-reconnus avant d'arriver à l'école. Ce bus, qui a dû servir il y a plusieurs années à l'armée israélienne, ne s'arrête bien évidemment que sur la route asphaltée. Aux élèves de faire le trajet sur le chemin de terre, dans la boue, pour y accéder, soit environ un km, mais c'est encore mieux que les élèves d'autres villages qui en font trois. Les enfants se rendent dans des écoles publiques, où ils ne reçoivent aucune éducation nationale : ils apprennent l'histoire juive, la littérature juive. Leur propre histoire, celle des Palestiniens, est totalement ignorée, ou complètement tr ansformée. Dans ces écoles, les Palestiniens sont des étrangers dans leur propre pays. Seule la langue arabe est enseignée dans les écoles publiques arabes de l'Etat sioniste.

Aujourd'hui , les villageois d'al-Mkymen, enfermés entre l'élargissement de la colonie de Omer et le plan du KKL sont repoussés vers le village reconnu de Lqiyya, surpeuplé. Le plan sioniste d'occupation des terres dans le Naqab veut anéantir toute présence arabe éparpillée sur les terres du Naqab, pour rassembler les Palestiniens dans les 7 agglomérations qu'il a autorisées entre les années 70 et 80, sans leur donner cependant les moyens d'y vivre dignement.

Mais les habitants des villages non-reconnus sont déterminés à résister, car ils n'ont aucun autre moyen de survie. Quitter leurs villages signifie perdre ce qu'ils ont encore, le bout de terre qu'ils ont conservé et qui ne représente au fond que deux pour cent de la surface globale du Naqab. Ils se sont organisés au sein du Conseil régional des villages non-reconnus, où chaque village a son délégué, pour réclamer la reconnaissance définitive de leurs villages par l'Etat sioniste, ce qui leur permettra d'équiper leurs villages en eau, électricité, lignes téléphoniques, routes, écoles, dispensaires, etc..

Source : 

 

Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62,  parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue."

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