AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


-o- DOSSIER  PRISONNIERS  PALESTINIENS -o-

 

Communiqué de Nadi al-asir al-filistini, No. 091 05/10/2004

(club du prisonnier palestinien)

Histoires de Prisonniers: Mohammad Hussnee Zeidan

Rima Merriman écrit du camp de réfugiés de Jenin ,Palestine occupée, The Electronic Intifada, 16 Septembre 2004

Traduit par D.M

12 Septembre2004 -- Ahmad Zeidan avait seulement 15 ans quand son frère Mohammad (20 ans) a été arrêté et emprisonné par les forces israéliennes en  Avril 2002.

Dans sa poche, il garde deux photos de passeport, une de son frère Mohammad et une de son cousin. Surnommé Abu al-Baha', le cousin d’ Ahmad a été assassiné à l’âge de 22 ans cette année en Mai au cours d’une des fréquentes invasions que l’armée israélienne mène dans le camp de Jenine afin d’assassiner des Palestiniens accusés de « terrorisme » contre Israël.

Dans son portefeuille,  Ahmad garde aussi une lettre écrite de prison par son frère dans laquelle il raconte ce qui lui est arrivé.
Elle est soigneusement écrite sur au dos d’un papier d’emballage en aluminium:

Au nom de Dieu le Miséricordieux "Ne soyez pas triste ou effrayés si vous croyez car alors vous serez comblés »

Ma précieuse mère, mon cher père, mes frères et soeurs chers à mon coeur, je vous dis, soyez patients. Je vous dis cela alors que vous me manquez beaucoup, beaucoup. Mère, ne pleure pas pour moi. J’avais désiré le martyr mais à la place Dieu m’a donné cet emprisonnement. Je veux que vous sachiez la bonne nouvelle : le capitaine qui m’a arrêté est mort maintenant ainsi que le soldat qui m’a battu, mis un bandeau sur les yeux, attaché les mains et jeté par terre.J’ai été gardé une nuit dans la maison près de l’hôpital, puis ils m’ont emmené dans l’oliveraie de al Sa’adeh où des horreurs se sont produites. Ils nous ont battus alors que nous avions les mains attachées, mais Dieu était avec nous et nous a aidés à supporter. Ecoute, ils m’ont pris les bottes que tu m’avais achetées à  Rabesh, et je suis pieds nus. Mère, nous avons tout ce dont nous avons besoin, grâce à Dieu, et je te demande de transmettre mon souvenir à mes frères et soeurs,  Ahmad et Shuja' et Sharaf et Rasha et Hana' et Raja et Salaam et Dalal et aussi à mes cousins  Ata et Hussein et Samir et à tous. S’il te plaît envoie-moi des vêtemens par l’intermédiaire de la Croix-Rouge parce que les soldats m’ont pris mes vêtements et maintenant je porte ceux que j’ai empruntés à d’autres hommes. Je te demande d’aller au Croissant Rouge et de de leur demander de suivre les endroits où je vais me trouver par l’intermédiaire de la Croix-Rouge. Que la paix et la grâce de Dieu soient avec vous. Dans tous les cas, remerciez Dieu qu’aucun de vous ne soit blessé.

Votre fils fidèle et aimant,  Mohammad

P.S. Actuellement, je suis emprisonné à  al Jalmeh (Haifa). J’ignore la date de mon procès et quand ils m’emmèneront.


Parmi les accusations, ( ramenées de dix à sept) retenues contre Mohammad figure le fait d’être membre de  Kataeb Shuhada al-Aqsa ("Les Brigades des Martyrs d’ Al-Aqsa "), le jet de pierres contre des soldats israéliens au cours de manifestations, le jet d’un explosif contre un bulldozer, l’hébergement de terroristes chez lui. Ses parents pensent que cette dernière accusation fait référence aux visites de ses amis chez lui le soir. Le document qu’ils ont est en hébreu, qu’ils ne comprennent pas. Ils pensent que l’une des accusations est qu’il a « tiré sur un oiseau. »

Mohammad a été arrêté le 24 Avril 2002, alors qu’il menait des opérations de secours comme volontaire à Jenin avec le Coissant Rouge de Palestine. Cela se passait au cours de l’invasion israélienne du 29 Mars au 10 Mai 2002. Il était dans une ambulance quand il a vu des flammes à proximité de sa maison. Il s’est dirigé dans cette direction pour vérifier que sa famille était en sécurité. Il a été arrêté devant le magasin de  Abu al Abed . Les soldats qui l’ont arrêté ont eu la cruauté de lui dire que sa famille était sous les décombres de sa maison démolie par un bulldozer.  "Tous, tous étaient à l’intérieur," lui ont-ils dit en mauvais Arabe.

A ce moment-là, 56 personnes se cachaient l’une sur l’autre dans la petite maison. En plus de sa famille directe, il y avait ses trois oncles et leurs familles. Ils ont attendu jusqu’à ce que le bulldozer pulvérise le trosième pilier du balcon, que le bâtiment se mette à tomber et que l’incendie démarre pour sortir en courant « comme des fourmis ». Les femmes sont sorties en criant et en tenant les enfants et certains hommes ont frappé avec tout ce qu’ils avaient sur le bulldozer et les tanks.

La famille du père de Mohammad est une famille de réfugiés de Haifa. Jusqu’à la deuxième Intifada,  Hussnee faisait quotidiennement les trajets pour se rendre à son travail de jardinier pour la compagnie  Rabib à Haifa, dont le propriétaire est un juif israémien.

Après la démolition de sa maison par un bulldozer dans le camp, il a déménagé en ville avec sa famille, mais il est maintenant de retour dans le camp en attendant la reconstruction de sa mainson détruite, reconstruction rendue possible grâce à l’aide gnéreuse de  Sheikh Zaid bin Sultan et des gens des Emirats Arabes Unis.

Un an et demi après son arrestation,  Mohammad est passé en procès et a été condamné à 7 années d’emprisonnement. Il est maintenant dans la prison d’al Naqqab . Jusqu’à présent sa famille a pu obtenir la permission de lui rendre visite après trois demandes.

Rima Merriman est écrivain freelance et spécialiste en communication. Elle travaille en Cisjordanie depuis quatre mois.

Nadi al-Asir al-Filistini (Club des prisonniers palestiniens)

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