Histoires
        de Prisonniers: Mohammad Hussnee Zeidan
        
        Rima
        Merriman écrit du camp de réfugiés de Jenin ,Palestine occupée, The
        Electronic Intifada, 16 Septembre 2004
        
        Traduit
        par D.M
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        Septembre2004 -- Ahmad Zeidan avait seulement 15 ans quand son frère
        Mohammad (20 ans) a été arrêté et emprisonné par les forces israéliennes
        en  Avril 2002.
        
        Dans sa poche, il garde deux photos de passeport, une de son frère
        Mohammad et une de son cousin. Surnommé Abu al-Baha', le cousin d’
        Ahmad a été assassiné à l’âge de 22 ans cette année en Mai au
        cours d’une des fréquentes invasions que l’armée israélienne mène
        dans le camp de Jenine afin d’assassiner des Palestiniens accusés de
        « terrorisme » contre Israël.
        
        Dans son portefeuille,  Ahmad garde aussi une lettre écrite de
        prison par son frère dans laquelle il raconte ce qui lui est arrivé.
        Elle est soigneusement écrite sur au dos d’un papier d’emballage en
        aluminium:
        
        Au nom de Dieu le Miséricordieux "Ne soyez pas triste ou effrayés
        si vous croyez car alors vous serez comblés »
        
        Ma précieuse mère, mon cher père, mes frères et soeurs chers à mon
        coeur, je vous dis, soyez patients. Je vous dis cela
        alors que vous me manquez beaucoup, beaucoup. Mère, ne pleure pas pour
        moi. J’avais désiré le martyr mais à la place Dieu m’a
        donné cet emprisonnement. Je veux que vous sachiez la bonne nouvelle :
        le capitaine qui m’a arrêté est mort maintenant ainsi que le soldat
        qui m’a battu, mis un bandeau sur les yeux, attaché les mains et jeté
        par terre.J’ai été gardé une nuit dans la maison près de l’hôpital,
        puis ils m’ont emmené dans l’oliveraie de al Sa’adeh où des
        horreurs se sont produites. Ils nous ont battus alors que nous avions
        les mains attachées, mais Dieu était avec nous et nous a aidés à
        supporter. Ecoute, ils m’ont pris les bottes que tu m’avais achetées
        à  Rabesh, et je suis pieds nus. Mère, nous avons tout ce dont
        nous avons besoin, grâce à Dieu, et je te demande de transmettre mon
        souvenir à mes frères et soeurs,  Ahmad et Shuja' et Sharaf et
        Rasha et Hana' et Raja et Salaam et Dalal et aussi à mes cousins 
        Ata et Hussein et Samir et à tous. S’il te plaît envoie-moi des vêtemens
        par l’intermédiaire de la Croix-Rouge parce que les soldats m’ont
        pris mes vêtements et maintenant je porte ceux que j’ai empruntés à
        d’autres hommes. Je te demande d’aller au Croissant Rouge et de de
        leur demander de suivre les endroits où je vais me trouver par
        l’intermédiaire de la Croix-Rouge. Que la paix et la grâce de Dieu
        soient avec vous. Dans tous les cas, remerciez Dieu qu’aucun de vous
        ne soit blessé.
        
        Votre fils fidèle et aimant,  Mohammad
        
        P.S. Actuellement, je suis emprisonné à  al Jalmeh (Haifa).
        J’ignore la date de mon procès et quand ils m’emmèneront.
        
        Parmi les accusations, ( ramenées de dix à sept) retenues contre
        Mohammad figure le fait d’être membre de  Kataeb Shuhada
        al-Aqsa ("Les Brigades des Martyrs d’ Al-Aqsa "), le jet
        de pierres contre des soldats israéliens au cours de manifestations, le
        jet d’un explosif contre un bulldozer, l’hébergement de terroristes
        chez lui. Ses parents pensent que cette dernière accusation fait référence
        aux visites de ses amis chez lui le soir. Le document qu’ils ont est
        en hébreu, qu’ils ne comprennent pas. Ils pensent que l’une des
        accusations est qu’il a « tiré sur un oiseau. »
        
        Mohammad a été arrêté le 24 Avril 2002, alors qu’il menait des opérations
        de secours comme volontaire à Jenin avec le Coissant Rouge de
        Palestine. Cela se passait au cours de l’invasion israélienne du 29
        Mars au 10 Mai 2002. Il était dans une ambulance quand il a vu des
        flammes à proximité de sa maison. Il s’est dirigé dans cette
        direction pour vérifier que sa famille était en sécurité. Il a été
        arrêté devant le magasin de  Abu al Abed . Les soldats qui
        l’ont arrêté ont eu la cruauté de lui dire que sa famille était
        sous les décombres de sa maison démolie par un bulldozer. 
        "Tous, tous étaient à l’intérieur," lui ont-ils dit en
        mauvais Arabe.
        
        A ce moment-là, 56 personnes se cachaient l’une sur l’autre dans la
        petite maison. En plus de sa famille directe, il y avait ses trois
        oncles et leurs familles. Ils ont attendu jusqu’à ce que le bulldozer
        pulvérise le trosième pilier du balcon, que le bâtiment se mette à
        tomber et que l’incendie démarre pour sortir en courant « comme
        des fourmis ». Les femmes sont sorties en criant et en tenant les
        enfants et certains hommes ont frappé avec tout ce qu’ils avaient sur
        le bulldozer et les tanks.
        La
        famille du père de Mohammad est une famille de réfugiés de Haifa.
        Jusqu’à la deuxième Intifada,  Hussnee faisait quotidiennement
        les trajets pour se rendre à son travail de jardinier pour la compagnie 
        Rabib à Haifa, dont le propriétaire est un juif israémien.
        
        Après la démolition de sa maison par un bulldozer dans le camp, il a déménagé
        en ville avec sa famille, mais il est maintenant de retour dans le camp
        en attendant la reconstruction de sa mainson détruite, reconstruction
        rendue possible grâce à l’aide gnéreuse de  Sheikh Zaid bin
        Sultan et des gens des Emirats Arabes Unis.
        
        Un an et demi après son arrestation,  Mohammad est passé en procès
        et a été condamné à 7 années d’emprisonnement. Il est maintenant
        dans la prison d’al Naqqab . Jusqu’à présent sa famille a pu
        obtenir la permission de lui rendre visite après trois demandes.
        
        Rima Merriman est écrivain freelance et spécialiste en
        communication. Elle travaille en Cisjordanie depuis quatre mois.