AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


-o- DOSSIER  PRISONNIERS  PALESTINIENS -o-

 

Les enfants dans les prisons israéliennes : 
aperçu général

 

Communiqué de Nadi al-asir al-filistini, n° 073 9/09/2004

(club du prisonnier palestinien)



Il se trouve, à la date du rapport, environ 300 enfants (âgés de moins de 18 ans) dans les prisons et centres de détention israéliens.

En 2004, 120 enfants ont été arrêtés.

Les enfants mis en détention administrative : 30

 

Les enfants sont répartis dans quatre sortes de prisons :

1 – Les prisons centrales : Telmond (garçons) : 82 enfants, Telmond (filles) 7 enfants, Ofik Hasharon (10 enfants)

2 – Les camps militaires d’internement : Meggido (35 enfants), Ofer (50 enfants), Naqab (60 enfants).

3 – Centres d’interrogatoire administrés par la Shabak (renseignements israéliens) : Moskobiyya, Jalama, Petah Tikva et Ascalan.

4 – Centres de détention administrés par l’armée israélienne : Atzion (16 enfants), Benyamin (à l’intérieur de Ofer, 13 enfants), Qaddoumim (4 enfants),  Hawwara (2 enfants) et Salem (3 enfants).

 

Conditions d’arrestation

Les conditions sont très diverses d’une prison à l’autre et dépendent de la partie qui l’administre.

Dans les centres de détention qui se trouvent dans les camps militaires et les colonies en Cisjordanie, comme le centre de Qaddoumim, les enfants restent en principe une période limitée, en attendant d’être transférés dans d’autres prisons. En principe, l’enfant ne devrait pas rester plus de deux semaines, mais il arrive souvent qu’ils y restent plus de deux mois.

Les conditions sont tellement difficiles que plusieurs enfants ont essayé de se suicider. Les enfants de moins de 16 ans sont isolés dans des cellules individuelles, par mesures punitives. La direction des prisons se comporte avec dureté et inhumanité, elle pratique le shabeh, en attachant les mains et bandant les yeux. Les enfants sont alignés contre le mur pour les fouilles corporelles, et le temps des toilettes est prédéterminé, avec fouilles corporelles avant et après.

 

Dans les centres d’interrogatoire, administrés par les services de renseignement, les enfants sont traités aussi durement que les adultes, sauf en ce qui concerne les pressions sur eux qui sont plus intenses, les officiers voulant parvenir à des résultats plus rapides lors des interrogatoires.

Les parents ne peuvent visiter les enfants dans ces centres, et les visites des avocats sont quasi-impossibles étant donné les diverses complications administratives exigées par les services de renseignements, voulant entièrement isoler les enfants lors des interrogatoires.

Lorsque par exemple un avocat désire rendre visite à un prisonnier, la Shabak émet un ordre d’interdiction de visite pour 3-4 jours, pour empêcher l’avocat de faire appel contre cet ordre. Cet ordre est renouvelé avant que l’avocat n’ait réussi à visiter le prisonnier. Les officiers chargés des interrogatoires prétendent aussi que l’enfant est en train d’être interrogé, et que l’avocat doit attendre. Il faut parfois attendre des heures au cours desquelles l’enfant est interrogé et torturé. Parfois, l’avocat est informé que l’enfant a été transféré pour une autre prison. Il doit alors recommencer les procédures administratives pour le rencontrer ailleurs.

 

Les camps militaires d’internement

Ces camps sont administrés par l’armée d’occupation israélienne. Les camps du Naqab et de Ofer ont été mis en place pendant l’Intifada al-Aqsa pour enfermer de plus en plus de prisonniers. Dans les prisons militaires, les enfants sont traités de la même manière que les adultes, ils perdent leurs droits à la poursuite de leurs enseignements, droit dont jouissent les prisonniers se trouvant dans les prisons centrales. Malgré les conditions difficiles dans ces camps, la direction de la prison ne peut isoler les enfants et faire pression sur eux, les enfants sont avec les adultes, et comme eux, préparent eux-mêmes leurs repas.

Les parents peuvent visiter leurs enfants lorsque la direction de la prison l’autorise, mais les visites restent difficiles à entreprendre.

 

Les prisons centrales

Bien que les enfants soient séparés des adultes, les conditions de vie sont très difficiles. Et la séparation d’avec les adultes ne vise pas nécessairement le but qu’ils soient mieux traités, mais plutôt pour les isoler et pouvoir faire pression sur eux plus facilement. La direction de la prison intervient pour nommer les délégués et lorsque les prisonniers refusent le choix de la direction et nomment eux-mêmes leurs représentants, ces derniers sont souvent punis. Lorsque les représentants choisis par les prisonniers réclament l’amélioration des conditions de détention, ils sont accusés d’inciter à la révolte et frappés par les gardiens, mais aussi mis en isolement et interdits de visite des parents, jusqu’à ce qu’ils soient transférés dans une autre prison. 

C’est ce qui est pratiqué dans la prison de Telmond.

En principe, les visites des parents sont autorisées, mais comme les prisons se trouvent à l’intérieur de la ligne verte, plusieurs prisonniers ne sont pas visités car leurs parents n’obtiennent pas d’autorisations des services de la sécurité. Les enfants de la ville d’al-Khalil, par exemple, n’ont reçu aucune visite dès le début de l’intifada.

 

Les tribunaux militaires et le rôle des avocats

Suite à l’interrogatoire, le dossier du prisonnier est transféré au procureur militaire qui définit l’acte d’accusation qui est remis aux tribunaux militaires, le prisonnier étant toujours en état d’arrestation jusqu’à la fin des mesures et la prononciation de la peine.

Les tribunaux se trouvent dans trois campements militaires : Ofer, pour les régions du sud et du centre, Salem pour le nord, et Erez pour Gaza.

La présence des avocats dans ces tribunaux n’est pas obligatoire comme c’est le cas dans les tribunaux civils, et il n’y a pas de tribunaux militaires spécifiques aux enfants, qui passent devant les mêmes juges que les adultes et sont soumis aux mêmes ordres. Le rôle des avocats dans ces tribunaux est extrêmement réduit, car les peines sont conçues d’avance. Il faut ajouter que les avocats font face à des difficultés importantes, comme l’impossibilité de rendre visite à son client pour discuter du dossier. Les mesures des tribunaux limitent le rôle des avocats. L’interrogatoire de l’enfant se déroule sans la présence de l’avocat, et l’aveu arraché de force et sous la pression est considéré comme une preuve pour accuser l’enfant. L’avocat intervient plus tard dans le scénario. Si les accusations sont niées, le tribunal fait appel à des témoins qui sont les officiers qui ont mené les interrogatoires, le tribunal les croit sur paroles.

 

La prison Telmond pour femmes

Il y a actuellement 76 femmes dans la prison de Telmond, dont 7 mineures. Récemment, des prisonnières ont été transférées de la prison de Ramleh pour celle de Telmond. Bien que la prison de Ramleh était considérée comme mauvaise, celle de Telmond pour fille est pire. Avec le transfert, les femmes ont perdu tous les acquis qu’elles avaient obtenus grâce à de longues années de lutte contre la direction de la prison, pour améliorer leurs conditions de détention. Les prisonnières ont été privées de la prière du vendredi, le temps de récréation a été limité, passant de 3 à 2 heures. Elles n’ont pas pu par exemple prendre avec elles les objets personnels qu’elles avaient achetés, comme les plaques chauffantes ou les chauffe-eau. Le comportement de la direction de Telmond est très mauvais. Elle a fermé les fenêtres par des plaques en fer, interdisant l’entrée des rayons du soleil dans les pièces, rendant celles-ci encore plus humides.

Dans toutes les sections de la prison de Telmond, la nourriture est mauvaise, en quantité et en qualité. Les parents ne peuvent apporter de la nourriture à leurs enfants, pour pallier au manque dans les rations distribuées par la direction de la prison.

Cette dernière a imposé des punitions collectives aux prisonnières consistant en l’interdiction des visites familiales et la réception de lettres.

Nadi al-Asir al-Filistini (Club des prisonniers palestiniens)

Retour -  Actualité  - Ressources - Dossier  prisonniers  - Accueil