AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


-o- DOSSIER  PRISONNIERS  PALESTINIENS -o-

 

Les prisonniers palestiniens avertissent  d'
"un désastre humanitaire" après douze jours de leur grève  

 

Les territoires occupés. 26 août 2004. IPC 
Les prisonniers politiques palestiniens des prisons israéliennes ont entamé une grève de la faim le 15 août 2004 pour protester contre les conditions de détention inhumaines.
Les prisonniers palestiniens ont appelé aujourd'hui  les organisations des droits de l'Homme et l'Onu à intervenir en faveur des détenus qui observent une grève de la faim depuis douze jours, afin d'empêcher "un désastre humanitaire".
Le porte-parole des prisonniers dans un coup de téléphone dans une prison dans le désert du Néguev, dans le sud d'Israël,  "Nous appelons les organisations des droits de l'Homme dans le monde, ainsi que l'Onu représentée par son secrétaire général Kofi Annan à nous aider à mettre fin aux conditions misérables dans lesquelles nous vivons".
"Nous vous exhortons à intervenir rapidement et efficacement afin d'empêcher un désastre humanitaire", a ajouté le porte-parole, qui s'est présenté sous le prénom de Rami.
"Nous demandons aux Israéliens de respecter notre dignité, améliorer nos conditions, autoriser les visites familiales, mettre fin aux fouilles corporelles sur les prisonniers dénudés et au confinement dans des cellules isolées", a affirmé le porte-parole.
 
Selon un rapport du Club du Prisonnier Palestinien( Nadi Al-Assir Al-Filistini) ; Le prisonnier palestinien Ahmad Lutfi Ahmad Yousef, de Bethléem, détenu dans la prison de Beer Saba' (Holi Kadar), et en grève de la faim le 15 août 2004, a témoigné à l'avocat de Nadi al-Asir, Fawwaz Shaloudi, qui l'a rencontré dans la prison le 25 août. "

Malgré leurs maladies, des prisonniers n'ont pas rompu la grève de la faim, parmi eux Raed al-Fahl qui vit avec un seul rein. Il a refusé de rompre la grève et les malades grévistes préfèrent mourir pour obtenir leurs revendications...."

Le prisonnier, Ahmad Lutfi Ahmad Yousef, raconte ;  

Un fait important subi par les prisonniers grévistes, c'est la confiscation du sel par l'administration de la prison, les prisonniers vivent, depuis 8 jours, en buvant de l'eau.

Quelques prisonniers sont contraints, du fait de la grève, de se rendre au dispensaire, pour être soignés, et lorsqu'ils y arrivent, il leur est annoncé qu'ils peuvent boire du liquide, et ensuite, il leur est annoncé qu'ils ont rompu la grève, et ils sont aussitôt transférés à la section 7, mais ceux qui refusent de boire sont renvoyés à la section de laquelle ils viennent.

Beaucoup de prisonniers craignent de se rendre au dispensaire pour ne pas être contraints de rompre leur grève et d'être transférés à la section 7.

Les détenus n'ont qu'une heure pour sortir dans la cour, il s'agit d'une cour couverte de tous les côtés, avec une seule petite ouverture vers le haut. Seuls vingt prisonniers sortent toutes les heures, et tous les moyens provocateurs sont utilisés, même les coups.

Le 22 août, l'un des prisonniers, Murad Ubaydu était en train de parler à l'un des officiers lors de sa sortie dans la cour, du coup, cinq vigiles de la prison se sont jetés sur lui, l'ont frappé et il a été de nouveau renvoyé en cellule.

La direction de la prison transfère les prisonniers de temps à autre, d'une pièce à l'autre, d'une section à l'autre et d'une prison à l'autre, et surtout de la section Ohali Kidar à Eshel, et vice-versa, pour casser le moral des prisonniers grévistes et pour gêner la visite des avocats aux prisonniers, comme cela est arrivé au prisonnier Ghassan Khayran qui devait rencontrer aujourd'hui même son avocat, mais il a été transféré au cours de la nuit à Eshel

L'administration de la prison procède aux fouilles des pièces, plusieurs fois de suite, quatre fois même, accompagnées de provocations de la part des geôliers, afin qu'ils aient un prétexte de réprimer tous les prisonniers se trouvant dans la pièce.

Les geôliers procèdent à l'appel des prisonniers trois fois par jour, à 6 heures du matin, ensuite à midi puis à 18 heures, mais ils ne se contentent pas de cela, ils font marcher une sirène la nuit, sur les haut-parleurs de toute la section pour empêcher les prisonniers de dormir et de se reposer, ce qui les aide à oublier leurs ventres creux.

Ils ont entrepris un autre moyen de briser la volonté des prisonniers : ils organisent vers les fenêtres des pièces des repas avec grillades, avec des exclamations traduisant leur satisfaction de ce qu'ils mangent et boivent.

Outre ces difficultés et le comportement humiliant envers les prisonniers lors de leur transfert d'une prison à une autre, ou leur transfert au tribunal, il y a eu des cas de perte de connaissance, et l'un des prisonniers, Nader al-Hurub, d'al-Khalil, s'est effondré et a perdu connaissance lors de son retour du tribunal.

Le comportement humiliant a atteint un tel point que des geôliers ont fait pression sur le prisonnier Mujahid Khalaf, qui est prisonnier dans la même pièce que le prisonnier témoin, lors de sa présence au tribunal militaire de Ofer, qui devait choisir entre d'une part, manger du poulet ou du poisson ou de se mettre nu devant eux et une soldate avant d'être battu.

Malgré leurs maladies, des prisonniers n'ont pas rompu la grève de la faim, parmi eux Raed al-Fahl qui vit avec un seul rein. Il a refusé de rompre la grève et les malades grévistes préfèrent mourir pour obtenir leurs revendications.

Les geôliers font pression sur les prisonniers, leur disant que s'ils poursuivent leur mouvement, ils n'obtiendront rien, au contraire, et s'ils rompaient leur grève, la direction pourrait étudier leurs revendications. Ils leur disent également que la grève n'est pas de leur intérêt, et qu'ils pourraient mourir et ne plus voir leurs familles.

La direction de la prison procède au transfert de tout prisonnier qui a une activité à l'intérieur de la prison vers une autre prison, ont déjà été transférés tous les membres du comité d'urgence qui s'est mis en place pour la grève.

Malgré toutes les pressions, les difficiles conditions à l'intérieur de la prison, les provocations continuelles de la part de la direction des prisons et des geôliers, malgré la faim qui tenaille l'estomac, les prisonniers sont déterminés à poursuivre la grève et à lutter pour leurs revendications. Les prisonniers, bien qu'affaiblis, gardent un moral élevé.  

Des Réactions Officielles;  

Ramallah, Nabil Abou Roudeina, le conseiller du président palestinien Yasser Arafat, a aussi appelé l'Onu et les organisations humanitaires à "soutenir les demandes justes des prisonniers palestiniens" et fait porter à Israël la responsabilité "pour tout mal qui puisse leur arriver".
Une importante marche de soutien aux détenus grévistes a eu lieu jeudi à Ramallah en présence d'Arun Gandhi, petit-fils de l'apôtre de la non-violence indien Mahatma Gandhi, qui a annoncé qu'il observerait une journée de jeûne vendredi en signe de solidarité avec les prisonniers.
Lors d'une conférence de presse à Jérusalem, des représentants de plusieurs ONG israéliennes ont dénoncé les violations dont sont victimes les prisonniers palestiniens.
L'avocate Abeer Baker de l'organisation Adalah (Justice) a affirmé que celle-ci avait soumis jeudi une requête à la Cour suprême pour contraindre les autorités pénitentiaires à cesser de priver les détenus grévistes du sel dont il se servent pour préparer des solutions leur évitant de se déshydrater rapidement.
La militante des droits de l'Homme et avocate Lea Tsemel a pour sa part affirmé que les responsables dans au moins une prison refusaient de dispenser des soins médicaux aux grévistes malades qu'ils allèchent avec de la nourriture avant de les renvoyer dans leur cellules s'ils refusent de manger.

Source: http://www.ipc.gov.ps/france/Nouvelles/2004/Aout/140.html

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