AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   

 

 

DOSSIER 
Retrait de Gaza

 

 

 

Le plan de désengagement, arrière plan et conséquences

Dr. Mahmoud Muharib

12 août 2005

 
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Sharon peut être considéré comme le dirigeant israélien dont les idées, les opinions politiques et la politique que doit suivre Israël pour réaliser ses buts, sont les plus clairement exprimées. Depuis qu'il est arrivé au pouvoir en Israël, il a affirmé que le temps n'est pas encore venu pour un traité de paix global avec les Palestiniens. Il a proposé une solution par étapes, de longue durée, pouvant s'étirer sur une décennie et demi, et a essayé d'imposer cette solution au peuple palestinien. Sharon a fait face, comme d'autres premiers ministres qui l'avaient précédé, à une difficulté fondamentale qu'Israël n'a pu résoudre depuis l'occupation des terres palestiniennes en 1967 jusqu'à maintenant. Cette difficulté permanente est issue de la contradiction entre l'exigence sioniste d'annexion d'une part, et la protection d'Israël en tant qu'Etat Juif, d'autre part. L'annexion des terres palestiniennes occupées supprime, sur le terrain, Israël en tant qu'Etat Juif et le transforme, de fait, en un Etat bi-national, où le nombre des Arabes Palestiniens augmente dans une grande proportion, pour devenir une majorité de taille. Quant au retrait des territoires occupés, il est en opposition avec l'idéologie sioniste.
Pour appliquer sa conviction basée sur le refus du retrait jusqu'aux frontières du 4 juin 1967, et sachant la gravité ce que les sionistes appellent "le danger démographique", Sharon a essayé d'instaurer un système d'apartheid dans la Palestine historique. Selon sa vision, Israël se retirerait de l'intérieur de la bande de Gaza et de 42% des terres palestiniennes occupées en 1967. En contrepartie, Israël annexerait les terres palestiniennes sur lesquelles il a construit des colonies, et annexerait ce qu'il pourra d'autres régions de la Cisjordanie.
Plusieurs facteurs ont contribué à influer sur Sharon pour établir son plan, les plus importants étant qu'Israël ne doive affronter une situation où la communauté palestinienne ne lui impose une solution, comme la feuille de route, ou l'initiative arabe ou d'autres initiatives. Ensuite, Israël a échoué à briser la volonté du peuple palestinien et l'Intifada s'est poursuivie, avec ce que cela peut avoir de conséquences à court et moyen terme sur Israël, et troisièmement, la crainte de Sharon de ce que le crédo sioniste appelle "le danger démographique".
Ce plan est venu dans un cadre stratégique de Sharon essayant d'annuler tous les accords précédents, de détruire la volonté du peuple palestinien, de le mettre à genoux et de changer sa direction, de stopper la résistance palestinienne dans ses deux formes, armée et populaire et d'intensifier la colonisation en Cisjordanie. Plusieurs facteurs ont contribué à la réussite du plan de Sharon consistant à geler la feuille de route et faire de son plan "le seul jeu possible" dans la ville, ce sont :
1 - les relations étroites et spéciales d'Israël avec les Etats-Unis, dans un monde unipolaire conduit par les Etats-Unis.
2 - La situation de faiblesse arabe et l'accentuation des conflits structurels arabes, comme la course entre les régimes arabes pour se rapprocher de la direction américaine et obtenir sa bénédiction et son amitié.
3 - L'absence d'une opposition israélienne en Israël hors du Likoud et de la droite extrémiste israélienne, la gauche sioniste ayant adopté sans retenue le plan de Sharon, et sans proposer une autre vision pour laquelle il se mobiliserait.
4 - L'absence de stratégie de lutte palestinienne unique où les Palestiniens se mettraient d'accord sur un but à réaliser, où les moyens de lutte seraient définis pour réaliser ce but.
 
Il était supposé que le plan de désengagement unilatéral soit rejeté par ceux qui ont proposé la feuille de route, que ce soit l'Europe ou les pays arabes, et il semble que cela n'a pas eu lieu. Après une courte période d'hésitation, Washington a commencé de longues négociations avec Sharon sur son plan, et très vite, les négociations ont tourné sur le prix que paierait l'administration américaine à la partie qui gèlerait son plan, le plan de la feuille de route, et le mettrait sur les étagères, en proposant un autre qui lui soit opposé.
Il est paradoxal que la principale entrave au plan de désengagement ait été représentée par l'opposition importante et efficace à l'intérieur de l'Etat d'Israël, et notamment à l'intérieur du Likoud et de la droite extrémiste israélienne. Dans le cadre de l'adoption de son plan, sur le plan international et régional, il ne restait à Sharon que de le faire adopter par plusieurs paliers, le centre du parti Likoud, l'alliance du parti Likoud à la knesset, le gouvernement israélien et la Knesset. A chaque étape de ce plan et l'accentiaution de la lutte entre les adeptes et les opposants au plan, Sharon renforçait sa position sur les plan régional et international, en tant qu'homme de "paix", et non en tant que criminel de guerre. De plus, à plusieurs moments, certains Etats et notamment les Etats-Unis et d'autres Etats de la région, ont contribué à faire adopter le plan au niveau israélien.
 
Le message des garanties américaines
Les négociations israélo-américaines se sont focalisées principalement sur les contenus du message des garanties américaines. Israël a réussi à obtenir une réalisation historique importante qui a dépassé toutes les attentes, y compris les attentes israéliennes. Le président américain George Bush a accepté, dans ce message envoyé au premier ministre israélien, sous la forme d'un communiqué présidentiel, la plupart sinon toutes les demandes israéliennes. Nous pouvons résumer les points essentiels du message des garanties ainsi :
- le message des garanties a adopté le plan de désengagement unilatéral, le mettant à la tête de l'agenda politique pour de longues années. Il en a fait, pratiquement, sinon officiellement, le seul plan opérationnel sur la scène, et le seul plan imposé à toutes les parties, locales, régionales et internationales, pour faire avec. Ainsi, la feuille de route a été gelée, devenant une momie qui dégage un état d'âme pour empêcher toute autre proposition. Le président américain s'est engagé sur le fait que les Etats-Unis fourniraient tous les efforts pour empêcher toute tentative venant de qui que ce soit, pour imposer un autre plan.
- Le sujet du "terrorisme" et de la "lutte contre le terrorisme" a occupé la première place, au lieu de l'occupation et l'effort fait pour y mettre fin. Dans le message des garanties, on lit que "la direction palestinienne doit être ferme envers les actes terroristes, y compris envers les opérations effectives et permanentes afin de mettre fin au terrorisme et démanteler son infrastructure et ses capacités". Afin de ne pas laisser la place à la discussion sur le sens du mot "terrorisme", et la différence entre ce mot et la résistance armée, le message a insisté sur le fait que "les Palestiniens doivent stopper toutes les opérations militaires et toutes formes de violence envers les Israéliens, en tout lieu". Ainsi, le message a insisté sur le fait que "ni les Israéliens ni les Palestiniens ne jouiront de la sécurité s'ils ne se rassemblent pas, avec les autres Etats de la région, pour unir leurs efforts pour combattre le terrorism e et démanteler les organisations terroristes".
- Bush s'est engagé que dans toute solution pacifique, il faudrait qu'"Israël ait des frontières sûres et reconnues, qui soient issues de négociations entre les parties, en s'appuyant sur les décisions du conseil de sécurité 242 et 338, à la lumière des nouvelles réalités sur le terrain et notamment la présence d'agglomérations israéliennes habitées importantes et effectives. Il ne faut pas s'attendre à ce que les négociations pour une solution durable aboutissent au retour entier et global jusqu'aux lignes d'armistice de 1949". George Bush a justifié sa position en disant "tous les efforts des négociations précédentes pour trouver une solution sur la base de deux Etats ont abouti au même résultat".
Bush a refusé dans son communiqué présidentiel le droit au retour des réfugiés palestiniens à leurs terres à l'intérieur des frontières d'Israël. Il a entièrement adopté la position israélienne de façon claire et manifeste, où il a déclaré : les Etats-Unis sont fortement engagés pour la sécurité et le bien-être d'Israël, en tant qu'Etat Juif". Concernant la judaïté de l'Etat d'Israël, Bush a déclaré "qu'il est clair que dans le cadre d'une solution négociée, juste et réaliste de la question des réfugiés palestiniens, en tant que partie de toute solution durable, cette solution sera réalisée par la création d'un Etat palestinien où seront installés les réfugiés palestiniens, et non pas en Israël".
- Le communiqué présidentiel ne s'est pas opposé à la construction du mur de la séparation et a adopté la promesse du gouvernement israélien disant que "le mur sera sécuritaire, au lieu d'être politique, il sera momentané au lieu d'être permanent, et qu'il n'occasionnera pas de dommages sur la situation définitive, y compris sur les frontières définitives".
- Le communiqué présidentiel a inclus la demande qu'Israël ait des frontières sûres et reconnues, "des frontières assurant la capacité de les défendre", et c'est la première fois que les Etats-Unis adoptent une telle formule.
 
Document du désengagement unilatéral
Le document du désengagement est paru sous la forme d'une lettre adressée par Sharon à Bush le 14 avril 2004. Sharon affirme, dans son préambule que "Israël est engagé dans le processus de paix et tend à un règlement négocié, sur la base du principe des deux Etats pour deux peuples : l'Etat d'Israël en tant qu'Etat du peuple juif et un Etat palestinien pour le peuple palestinien".
Sharon a justifié le désengagement unilatéral disant qu'Israël est parvenu à la conclusion "qu'il n'y a pas de partenaire palestinien pouvant avancer avec lui dans un processus de paix réciproque". Il a affirmé que le plan n'est pas conditionné par une coopération palestinienne et qu'il assurera à Israël une situation sécuritaire meilleure. Il a clarifié qu'Israël se retirerait de la bande de Gaza et de parties du nord de la Cisjordanie, et que "puisqu'il n'y aura aucune colonie israélienne dans la bande de Gaza dans toute négociation définitive, il est clair qu'en contrepartie, il restera en Judée et Samarie (noms hébreux pour la Cisjordanie) des régions constituant une partie de l'Etat d'Israël, y compris les colonies-villes et les régions sécuritaires, ainsi que des lieux où Israël y voit d'autres intérêts à la conserver". Sharon a ajouté que le plan de désengagement "retirera le tapis dessous les prétentions adressées con tre Israël concernant sa responsabilité envers les Palestiniens dans la bande de Gaza". Sharon a clos son préambule en prétendant que "le plan de désengagement ne touche pas aux accords conclus entre Israël et les Palestiniens", et "lorsque des indices apparaîtront que les Palestiniens sont prêts et sont capables de combattre effectivement le terrorisme, d'exécuter les réformes selon la feuille de route, le processus des négociations et du dialogue reprendra". En expliquant les bases du plan, Sharon a affirmé qu'Israël évacuera la bande de Gaza, y compris les colonies, à l'exception de la ligne frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte, ajoutant que lors de l'achèvement du processus du retrat de Gaza "il n'y aura plus aucune base pour prétendre que la bande de Gaza est une région occupée". Concernant le redéploiement dans la Cisjordanie, Sharon a rappelé qu'"Israël évacuera la région nord de la Samarie (les colonies de Ganim, Kadim, Homesh et Sanour)" et "toutes les insta llations militaires fixes dans cette région".
Concernant le mur, Sharon a affirmé qu'Israël poursuivra sa construction selon les décisions du gouvernement et le parcours du mur prendra en compte les considérations humanitaires.
 
La situation sécuritaire après l'évacuation
Après le retrait israélien de l'intérieur de la bande de Gaza, Israël va l'encercler par terre, mer et air, selon le plan de désengagement. Dans le document, Israël affirme qu'"il va contrôler et préserver l'enveloppe externe terrestre, il va dominer de façon exclusive tout l'espace aérien de Gaza, et va poursuivre des activités militaires dans l'eespace maritime de la bande de Gaza". De plus, la bande de Gaza, selon le plan, "doit être démilitarisé selon les accords passés", et Israël se réserve le droit "de se défendre" y compris en "menant des pas préventifs et de riposter" en utilisant la force contre les dangers issus de l'intérieur de la bande de Gaza.
En ce qui concerne la Cisjordanie, Sharon a plus d'une fois répété "le droit d'Israël à se défendre", "à riposter", "le droit d'utiliser la force contre les dangers issus de la région évacuée". Pour les autres régions de la Cisjordanie, il a affirmé que "les opérations sécuritaires en cours" se poursuivront, et a promis en même temps qu'Israël fait en sorte de réduire les points de contrôle dans toute la Cisjordanie.
Le plan de désengagement accorde à quatre Etats un rôle sécuritaire, qui sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagbne, l'Egypte et la Jordanie. Après que ces Etats aient eu l'approbation d'Israël et après la coordination avec Israël, il leur sera autorisé d'aider et de former les forces de la sécurité palestinienne "en vue de combattre le terrorisme et de préserver la sécurité générale". Le plan de désengagement a inclus qu'il n'y ait pas de présence sécuritaire en Cisjordanie et dans la bande de Gaza de n'importe quel Etat sans coordination avec Israël et sans autorisation préalable d'Israël.
En ce qui concerne la région de la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte, le plan affirme le maintien de la présence militaire israélienne le long de cette frontière (l'axe philadelphia, selon la dénomination israélienne) et indique la possibilité de l'étendre, ce qui signifie la destruction de centaines voire de milliers de maisons palestiniennes. Le plan n'exclue pas qu'Israël procède à l'évacuation de la région frontalière, mais a lié cela et a posé comme condition "la situation sécuritaire et le degré de coopération égyptienne pour créer un autre règlement sécuritaire", ajoutant que "lorsque les conditions d'évacuation de cette région seront assurées, Israël sera prêt à étudier les possibilités de la construction d'un port et d'un aéroport dans la bande de Gaza, et selon les arrangements décidés avec Israël.
Concernant les propriétés immeubles dans les colonies israéliennes évacuées, le plan prévoit la constitution d'une commission internationale, avec l'accord d'Israël et des Etats-Unis, dont le rôle serait de superviser la propriété de ces colonies et d'évaluer le montant. Le but étant qu'Israël se réservera le droit "de réclamer la valeur économique de ces propriétés qui resteront dans la région". Concernant les infrastructures et les arrangements civils, le plan prévoir que l'infrastructure de l'eau, de l'électricité, des canalisations et des communications, qui serviraient les Palestiniens, seront maintenus, qu'Israël autorisera que les Palestiniens soient alimentés par l'électricité, les eaux, le gaz et autres énergies, selon les accords passés. Le plan affirme que les arrangements économiques en cours entre Israël et les Palestiniens resteront tels quel, ceci comprenant le déplacement des ouvriers et des marchandises, le systèm e monéraire, les impôts, le régime douanier, la poste et les communications.
Concernant la zone industrielle Erez, située à l'extrême nord de la bande de Gaza, le plan pose deux conditions pour qu'elle demeure telle quelle : prendre des mesures sécuritaires appropriées et la reconnaissance internationale que le maintien de cette zone industrielle sous sa forme actuelle ne sera pas considéré comme la poursuite de la domination israélienne sur la zone". Dans tous les cas, le gouvernement d'Israël n'a pas attendu que les conditions soient remplis, il a décidé d'évacuer la zone industrielle et de la transplanter vers plusieurs zones à l'intérieur d'Israël, suite à des opérations de résistance dans la zone industrielle. En ce qui concerne le passage Erez, situé à l'intérieur de la bande de Gaza, à son extrême nord, le plan affirme que ce passage sera transplanté à l'intérieur des terres de l'Etat d'Israël selon un agenda fixé.
Pour les passages internationaux, entre la bande de Gaza et l'Egypte ou entre la Cisjordanie et la Jordanie, le plan affirm que les arrangements en cours se maintiendront. Le plan indique qu'Israël souhaite transplanter le passage de Rafah, situé entre la bande de Gaza et l'Egypte, vers un point situé entre la bande de Gaza, l'Egypte et Israël, et cela après un accord avec l'Egypte.
Concernant le délai, il est prévu d'exécuter le plan de désengagement jusqu'à la fin de l'an 2005. Le document s'achève par le fait qu'Israël s'attend à un large soutien au désengagement, "ce soutien vital est nécessaire pour pousser les Palestiniens à exécuter ce qui leur est demandé effectivement, dans la lutte contre le terrorisme et l'exécution des réformes selon la feuille de route".
 
Suite à l'échec de Sharon lors du référendum à l'intérieur du Likoud, en mai 2004, la majorité des membres participant ayant voté contre le plan de désengagement, adressant une gifle non seulement à Sharon mais aussi à Bush, Saeb Urayqat, l'un des principaux négociateurs palestiniens s'est dirigé vers Bush et lui a demandé de revenir sur son message de garanties. Dans sa réponse à cette demande, le porte-parole de la maison blanche a affurmé que l'administration américaine ne changera pas son opinion suite au vote à l'intérieur du Likoud. Le porte-parole de la Maison blanche a ajouté que l'administration américaine mènera des consultations avec le premier ministre israélien pour étudier comment poursuivre le processus. Et effectivement, Condoliza Rice a eu des consultations avec les responsables israéliens, ce qui a décidé la Maison Blanche à poursuivre son soutien au plan.
En mai 2004, les membres du Quartet, représentant le ministre des affaires étrangères des Etats-Unis, Colin Powell, le ministre des AE de la Russie, la ministre des AE d'Irlande (présidente à l'époque de l'Union européenne) et Javier Solana, responsable des relations extérieures dans l'Union européenne, ainsi que le secrétaire général des Nations-Unies, Kofi Anan, ont étudié le plan de désengagement. Ils ont demandé à Israël d'exécuter le plan de désengagement comme décidé bien qu'il gèle pour un long moment le plan du Quartet, qui est la feuille de route. Il est ainsi devenu clair que le plan de désengagement unilatéral n'est plus seulement un plan israélien soutenu et béni par l'administration américaine mais il est devenu un plan soutenu par la communauté internationale, et notamment par le Quartet auteur de la feuille de route.
Après que le plan de désengagement soit devenu "le seul jeu dans la villeé, les auteurs du plan de la feuille de route ont essayé de réunir les deux opposés, en appelant Israël à exécuter le plan de désengagement comme prélude à l'exécution du plan de la feuille de route. Il semble que la nature du plan de désengagement unilatéral ait mis les Etats-Unis et le Quartet dans une impasse concernant la question : qu'est-il demandé aux Palestiniens de faire ? Le plan de désengagement unilatéral s'appuie sur la négation des Palestiniens, et sur la supposition que la direction palestinienne n'est pas concernée, qu'Israël ne négociera avec aucune partie palestinienne, et qu'il va exécuter son plan sans prendre en considération la présence d'une partie palestinienne. Tout ceci après que l'administration américaine ait alimenté sa pensée, il est parvenu à la nécessité d'exécuter le plan unilatéral, comme décidé, et selon son agenda, et selon les décisions et les méthodes israéliennes. Quant à la partie palestinienne, selon la vision américaine, il devra accepter ce plan car sinon, il ne pourra pas parvenir à la feuille de route. Il lui faut coordonner avec Israël les mesures exécutives. L'administration américaine a justifié son heurt de la "sacralité" du caractère unilatéral en disant qu'elle craignait un retrait israélien unilatéral, sans coordination avec l'Autorité palstinienne pouvant mener à une anarchie dans les territoires ayant été évacués, ou que cela amènera à la mainmise de Hamas sur ces territoires. Par rapport à cette conception américaine, l'administration américaine a affirmé que la coordination avec l'Autorité palestinienne permettra à cette dernière de se préparer de manière appropriée et suffisante pour recevoir la responsabilité sur les territoires desquels se retirerait Israël.
Dans une tentative d'aller au-devant de la décision de la cour internationale de justice à propos du mur de la séparation qui aétait prévue en juillet 2004, la cour suprême israélienne a décidé que la construction du mur, en tant que principe, est légal, prétextant des besoins sécuritaires israéliens, mais elle a décidé en même temps, en plus des considérations sécuritaires, qu'il était nécessaire de définir le tracé du mur en prenant en compte les besoins humanitaires palestiniens. Sur cette base, la cour suprême a décidé que le ministre de la défense israélienne devra définir le tracé du mur en fonction de ces deux critères.
En contrepartie de la décision de la cour suprême israélienne, dont les décisions sont généralement influencées par la politique israélienne et les besoins de l'institution sécuritaire, la décision de la cour internationale de justice de La Haye est venu clair et décisif, où a été décidé que le mur de la séparation n'est pas légal et qu'il faut le détruire et le supprimer, et payer des compensations aux victimes.
La veille et après la promulgation de la décision de la cour internationale de justice, Israël et l'administration américaine ont poursuivi leur coordination d'abord pour influer sur la décision même, ensuite pour éviter ses conséquences légales et politiques, après sa promulgation. Le 12 juillet 2004, deux responsables américains arrivent en Israël et rencontrent Weisglasse lors de leur arrivée, puis rencontrent Sharon, Mofaz, Moshe Yalon et le directeur de la Shabak, le lendemain, ainisi que le conseiller à la sécurité nationale. Les pourparlers abordent plusieurs questions dont celle de la coordination entre les deux Etats par rapport à la décision de la cour internationale de justice contre le mur, la lenteur avec laquelle Israël évacue les colonies "sauvages", la question du gel de la colonisation en Cisjordanie et les développement du désengagement.
La politique suivie par l'administration américaine concernant la colonisation s'appuie sur l'attitude américaine sur le maintien d'une réserve de terres pour l'Etat palestinien qu'il est prévu de former selon la vision de Bush. Pour cela, l'adminitration américaine a demandé à Israël de geler la construction des colonies et de supprimer les colonies dites sauvages. De son côté, Sharon s'est engagé à ne pas étendre la construction dans les colonies hors des limites des terres déjà construites, et a accepté de négocier avec les Etats-Unis sur la construction des colonies, s'appuyant non seulement sur la revendication traditionnelle d'Israël affirmant qu'il n'est pas possible de geler la construction dans les colonies à cause de l'augmentation naturelle de la population, mais il s'est mis à expliquer les garanties américaines, parues dans le message de Bush, qui dit que la délimitation des frontières d'Israël et de l'Etat palestinien pou r une solution finale prendra en compte les nouvelles réalités sur le terrain, y compris la présence "de grandes agglomérations habitées israélienes". Sharon a expliqué cela disant qu'il s'agit d'une reconnaissance américaine future pour l'annexion des grands blocs de colonisation à Israël. Sur la base de ses conclusions, il s'attendait, et c'est ce qui est arrivé effectivement, que l'administration américaine soit plus compréhensive et souple lorsqu'elle aborde la question de la construction dans les "grandes agglomérations habitées israéliennes".
 
Le plan de désengagement selon ses auteurs
En octobre 2004, l'architecte du plan de désengagement et de la coordination israélo-américaine relatives à ce plan, a dévoilà à Haaretz ses buts. Weisglass a déclaré que le but du plan est de faire face aux plans politiques proposés afin de les geler, pour poser la question du terrorisme en tant que problème essentiel, pour matérialiser la vision israélienne sur l'absence d'un partenaire palestinien, et stopper les "concessions" israéliennes. Répondant à la question de savoir quelle est l'importance de l'idée du désengagement, il dit : le désengagement est... une bouteille de formol dans laquelle on y rentre la tête du président afin qu'elle se fige pendant un long moment. Le désengagement est en réalité du formol. C'est une injection de formol nécessaire afin qu'il n'y ait pas de processus de paix avec les Palestiniens... Il permet à Israël de rester debout à l'aide pendant une période au cours de laquelle seront écartées autant que possible toutes les pressions politiques. Il accorde une légalité à nos déclarations qu'il n'est pas possible de négocier avec les Palestiniens. Il y a ici une décision de faire le minimum réclamé pour maintenir notre situation politique, et cette décision se confirme. Les Américains peuvent s'adresser au monde qui proteste et leur dire : que vouslez-vous ? Que voulez-vous ? Comme elle oblige le monde à agir selon notre idée à nous, avec le scénario que nous avons écrit. Elle pose les Palestiniens sous une énorme pression. Elle les place dans un coin où ils détestent être mis."
 
Résumé
Plusieurs facteurs ont contribué à influencer sur le premier ministre israélien pour qu'il propose le plan de désengagement unilatéral, les principaux étant :
- Crainte qu'Israël ne doive faire face à une situation où la communauté internationale lui impose une solution représentée par la feuille de route.
- Echec d'Israël à détruire la volonté du peuple palestinien, la poursuite de l'Intifada et des conséquences néfastes sur Israël.
- Crainte de Sharon de ce qui se nomme le "danger démographique".
 
Le plan de désengagement unilatéral s'accorde avec la stratégie de Sharon visant à fonder un régime d'apartheid sur les terres palestiniennes, où Israël démantèle l'occupation et la colonisation à l'intérieur de la bande de Gaza pour le construire et le renforcer en Cisjordanie occupée. Sharon vise à annexer les terres palestiniennes sur lesquelles ont été construits des blocs de colonies, à Israël, et annexer ce qu'il peut des terres palestiniennes relativement peu peuplées.
Pour réaliser ce but, Sharon a accordé une importance cruciale à ses relations avec les Etats-Unis où il a coordonné tout pas avec celui des Etats-Unis. Dans le cadre de cette relation, au vu, au su et avec la protection des Etats-Unis, le gouvernement israélin a commencé par exécuter une politique d'agression visant, sur le terrain, à construire un système d'apartheid qui se concrétise par la construction d'un mur, le renforcement de la colonisation, l'augmentation de la colonisation "sauvage", la construction de routes pour l'utilisation des colons, l'encerclement des Palestiniens, les privant d'utiliser ces routes et en détruisant leurs maisons.
Plusieurs facteurs ont contribué au succès de Sharon en gelant la feuille de route, en faisant de son plan "le seul jeu autorisé dans la ville", les plus importants étant : la relation d'Israël avec les Etats-Unis, la faiblesse arabe, l'absence d'une opposition véritable à Sharon hormis à l'intérieur de son parti, l'absence d'une stratégie palestinienne de lutte unie qui s'accorde sur un but auquel tendraient les Palestiniens, et sur les moyens de la lutte qu'il faudrait utiliser pour réaliser ce but.
Dans le cadre d'une approbation du plan de Sharon, sur le plan international et régional, il ne lui reste qu'à la faire passer et à l'exécuter, sur le plan israélien. Il ne semble pas réaliste de considérer que l'opposition israélienne à ce plan puisse l'empêcher ou le retarder, dans les semaines qui viennent.


Traduit par : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

 

Source : Palestine en Marche

 

Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62,  parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue."

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