| 
               
             
              Le désengagement à Gaza ne met pas fin
             
              à l'occupation israélienne dans les territoires palestiniens
             
              
 
              Israël, qui occupe la bande de Gaza depuis 1967, est la puissance
              occupante qui reste totalement responsable selon la loi
              internationale de mettre fin à l'occupation de Gaza, de la
              Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Or malgré les apparences,
              le retrait de Gaza annoncé par Ariel Sharon n'est pas un pas en
              avant vers la fin de cette occupation.
             
              En fait, l'occupation quotidienne sera transformée en une
              occupation par le siège. Gaza sera complètement encerclée par
              les murs érigés par les Israéliens. Toutes les entrées et les
              sorties seront contrôlées par l'armée israélienne. Tous les
              points de passage seront gérés par les Israéliens. Le ciel et
              la mer au-dessus et autour de Gaza resteront sous contrôle israélien
              et les Palestiniens devront obtenir préalablement l'autorisation
              d'Israël pour reconstruire l'aéroport (détruit par les forces
              israéliennes) et le port.Les Palestiniens seront à toutes fins pratiques détenus dans une
              prison à ciel ouvert, sans droit de se déplacer. L'accès à
              Gaza pour les personnes et également pour les marchandises
              restera sous le contrôle exclusif des Israéliens, y compris les
              aliments et les médicaments. La question de l'occupation reste
              posée, d'autant plus qu'Ariel Sharon se donne le droit de «réoccuper»
              Gaza s'il le juge nécessaire.
 Selon la loi internationale, une puissance assiégeante a les mêmes
              obligations qu'une puissance occupante, notamment en matière
              d'aide humanitaire (alimentation, santé, éducation, etc.). Le désengagement
              de Sharon n'est donc pas la fin de l'occupation.
 Le tribunal de Nuremberg, à la fin de la Seconde Guerre mondiale,
              a établi que «le critère définissant le régime légal de
              l'occupation n'est pas lié au fait que la puissance occupante a
              le contrôle effectif du territoire, mais au fait que la puissance
              occupante a la capacité d'exercer un tel pouvoir». Aussi
              longtemps que l'armée israélienne contrôle les frontières et
              l'accès par mer et par air, Israël a la capacité de contrôler
              le territoire palestinien.
 
 
               
             
              Consolider l'occupation de la Cisjordanie par le mur
             
             
              Sharon, de toute évidence, entend utiliser le retrait de Gaza
              comme moyen de consolider l'occupation de la Cisjordanie.
              L'administration Bush lui a déjà promis (lettre du président
              Bush à Ariel Sharon en avril 2004) son appui, affirmant qu'il n'était
              pas question de retourner aux frontières de 1967. Cette alliance
              israélo-américaine inclut également le refus de négocier le
              droit de retour des réfugiés palestiniens.
             
              Un des principaux adjoints d'Ariel Sharon, Dov Weisglass, a affirmé
              que le but du désengagement était de «geler le processus de
              paix». «Toute la question de l'État palestinien est en voie d'être
              retirée de l'agenda, avec la bénédiction des deux chambres du
              Congrès américain», a-t-il affirmé.Pour le moment, l'attention du monde est concentrée sur le désengagement
              de Gaza. Mais pendant ce temps, Israël continue d'ériger le mur
              encerclant les territoires occupés, d'exproprier des terres
              palestiniennes et de confiner les Palestiniens dans des enclaves séparées
              les unes des autres. Et ce, en dépit de l'opinion de la cour
              internationale de justice qui considérait le mur illégal après
              une plainte portée par l'Assemblée générale de l'ONU.
 Selon Israël, le mur est une simple mesure de sécurité. Mais si
              tel était le cas, il aurait été érigé le long de la frontière
              de 1967, alors que dans les faits, le mur est presque totalement
              construit dans les territoires palestiniens. Il encercle les
              territoires palestiniens. Il isole totalement la ville
              palestinienne de Qalqiliya (50 000 habitants). Il sépare les
              Palestiniens de leurs terres agricoles. Il empêche les
              Palestiniens d'avoir accès aux écoles et aux hôpitaux.
 Plusieurs Palestiniens craignent que le retrait de Gaza couplé à
              la construction du mur n'aboutisse à une situation de «bantoustanisation»
              des territoires palestiniens et à l'annexion de plus de 50 %
              de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.
 
 Le monde doit agir
 Que faire ? À date, la plupart des gouvernements, y compris
              le gouvernement du Canada, ne semblent pas déterminés à imposer
              à Israël le respect des lois et obligations internationales.
 Les organisations de la société civile, notamment celles qui
              sont membres du Réseau international des ONG sur la Palestine de
              l'ONU, tentent présentement d'intensifier leurs campagnes et
              d'organiser, comme cela était le cas à l'époque de la lutte
              contre l'apartheid en Afrique du Sud, des boycottages, des désinvestissements
              et d'autres sanctions économiques contre le gouvernement israélien
              et les institutions et corporations qui travaillent avec lui, pour
              protester contre l'occupation israélienne des territoires
              palestiniens. L'Église presbytérienne des États-Unis, par
              exemple, vient de décider de désinvestir dans les corporations
              américaines qui oeuvrent dans les territoires occupés.
 C'est une voie difficile et qui fait mal, mais c'est ce qui reste
              aux gens pour faire pression. En bout de ligne, la revendication
              est bien simple : le respect de la légalité internationale.
 
 
               
             
              Ahmed Abdirahman - Chargé de programme, Alternatives
             
              Phyllis Bennis - Coordonnatrice du Réseau international des
              ONG sur la Palestine à l'ONU
             |