AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   



Unité et démocratie contre l'occupation !
 
 
Barah Mikaïl, chercheur à l'Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS), estime dans un entretien accordé à l'Associated Press qu'après le décès de Yasser Arafat, la situation dans les territoires sous contrôle palestinien dépendra beaucoup de l'attitude d'Israël.
 
Comment pensez-vous que le peuple palestinien réagira à l'annonce de la disparition de Yasser Arafat ?
 
Barah Mikaïl: Avec une tristesse très profonde et très sincère. Il est le symbole des Palestiniens, de leur lutte depuis plus de quarante ans. D'autant plus que les territoires occupés sont peuplés en majorité de jeunes Palestiniens pour qui Arafat est l'icône qui les représente depuis leur naissance.
A mon avis, il n'y aura pas de débordements. Ou plus exactement, s'il y en a, ils ne proviendront pas de la population palestinienne, ni même des formations palestiniennes qu'elles soient traditionnelles ou radicales. Les Palestiniens savent qu'ils ont intérêt à garantir une stabilité et à montrer une image positive au reste du monde.
 
Même le Hamas ?
 
Vu d'ici, on perçoit les formations, telles que le Hamas comme des organisations radicales, intégristes. Mais vu de l'intérieur, ce sont avant tout des mouvements de libération nationale. Et même si on peut constater une tendance à l'utilisation de la religion, la religion fait partie de la société palestinienne depuis toujours et le discours religieux fait partie de la lutte nationale. Il ne manifeste pas la volonté de s'en prendre à l'Occident et à ses intérêts mais simplement celle d'obtenir au bout du compte un Etat palestinien. Et ces formations, autant que les autres, voudront garantir une certaine stabilité interne.
 
Le fait d'être numéro 2 de l'OLP confère-t-il à Abou Mazen, un titre de dauphin politique du Raïs ?
 
Pas du tout ! C'est le grand tort d'Arafat, de ne pas avoir désigné de successeur en tant que tel. S'il venait à mourir, la loi fondamentale palestinienne prévoit un intérim assuré par le président du Parlement palestinien pendant soixante jours après lesquels se dérouleraient des élections.
Mais on se demande comment des élections pourraient avoir lieu alors qu'il n'y a aucune infrastructure palestinienne. Et c'est de ce grand vide qu'il y a des choses à craindre. Comment les Palestiniens vont-ils s'organiser pour désigner une personne légitime, représentative et consensuelle ?
 
Existe-t-elle, cette personnalité capable de faire l'unanimité?
 
Yasser Arafat disparu, le seul qui aurait pu faire l'unanimité, c'est Marwan Barghouti. Il a été arrêté par les Israéliens en 2002 et condamné cinq fois à vie. Autant dire que c'est une vraie peine à perpétuité. On peut même se demander si par cette condamnation, les Israéliens n'ont pas voulu anticiper le coup et faire en sorte que Barghouti ne puisse pas prendre le relais d'Arafat.
 
Pour pousser le raisonnement, y a-t-il un risque d'une intervention militaire israélienne d'envergure, au nom d'une éventuelle menace pour sa
propre sécurité ?
 
Dans un premier temps, la disparition d'Arafat est en elle-même une situation trop sensible pour qu'Israël puisse se permettre de provoquer les Palestiniens. En revanche, si par la suite on ne trouve pas de consensus politique et qu'il n'y a pas de stabilité politique à l'intérieur des territoires palestiniens, tout est ouvert. Souvenons-nous que Sharon l'a déclaré à plusieurs reprises, il ne veut pas de partenaire palestinien pour la négociation.
 
De quoi, ou de qui dépend désormais que la situation sur place reste calme ou au contraire s'enflamme ?
 
Essentiellement de l'attitude israélienne. Le processus politique de la succession d'Arafat peut prendre du temps parce qu'il ne suffit pas de désigner un successeur, il faut ensuite qu'il assoie sa légitimité. Si les Israéliens laissent les Palestiniens mettre en place ce processus, sans provocation, on pourrait éviter le pire. Mais si la colonisation et les bombardements de civils continuent, on voit mal les Palestiniens se taire. Ce serait la voie ouverte à de nouveaux attentats-suicides en Israël.

Source : Liste Assawra

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