AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   



Le Viol de la Palestine.

Jess Ghannam *


Gaza, une fois encore, est assiégée. Les 'Forces de Destruction Israéliennes' ont amené leurs tanks, leurs bulldozers et leurs troupes à Beit Hanoun, Beit Lahiya, le camp de Jabalya, Khan Yunis et Rafah.

46 palestiniens ont encore été assassinés et 86 autres blessés de façon permanente. Des maisons ont été détruites, des oliviers arrachés et des familles déchirées, éclatées.

Les palestiniens vivent une petite mort chaque fois qu'un olivier est déraciné, chaque fois qu'un palestinien est tué et chaque fois qu'une famille est déplacée. Ces sièges israéliens sont systématiques, calculés et opportunistes. Le but de ces sièges est de promouvoir le projet sioniste (appelé quelques fois 'occupation') afin de nettoyer totalement la Palestine de ses racines indigènes arabes, de sa culture et de son histoire. Selon le projet de colonisation, la terre de Palestine devrait être vidée de ses palestiniens et de tout souvenance du passé, présent et futur palestinien. La résistance à ce projet est, néanmoins, féroce, ferme et continue.

J'ai passé dernièrement 2 semaines à Gaza et j'ai vu les nombreux visages de la résistance, de la lutte et de la liberté.

J'ai vu le visage des enfants palestiniens revenant de l'école avec leurs cartables remplis de livre et de devoirs - souriant, riant, se tenant par la main et disant : « à demain, ami ». J'ai vu les familles de ces enfants les accueillant avec l'amour dans les yeux malgré les peurs et les anxiétés. J'ai vu les palestiniens aller au travail, passant des heures aux check-points inhumains, essayant de trouver un travail pour faire vivre leurs familles. J'ai, le soir venu, vu des mariages (environ 18) et, le matin, des enterrements (environ 20).

J'ai entendu l'appel à la prière et le sermon du vendredi parlant aux familles des braves défenseurs de la Palestine qui ont payé le prix ultime. Et la vie continue. Nos racines en Palestine subsistent. Notre histoire se poursuit. La Palestine persiste, encore et encore….

C'est évident pour tout le monde ici, que la cible de l'Empire est le monde arabe. Le Projet Impérial vise à contrôler les ressources naturelles, les marchés et la force de travail du monde arabe et d'étendre la domination israélo-américaine dans toute la région. Mais la Palestine est l'épine dans le pied de l'Empire.

Le centre de résistance à cet Empire est la Palestine et l'épicentre de cette lutte est à Gaza. Quand nous résistons en Palestine, nous résistons pour nos frères et sœurs en Irak, en Afghanistan, en Haïti et au Venezuela et pour tous les peuples qui résistent aux visées impériales, à la globalisation et aux ravages répugnants des programmes structurels de réajustement. Les palestiniens ne profitent plus du fruit de leur travail et ne vivent plus des ressources de leurs terres. Quand vous allez dans les marchés de Gaza et de la Cisjordanie, les étales sont remplies de produits israéliens, produits de nos occupants.

Le même processus se passe en Irak et en Afghanistan et s'est déjà passé au Mexique et en Amérique Latine. Cela incarne une liberté et une démocratie impériale, le genre de liberté et de démocratie qui a été 'apportée' aux peuples indigènes du monde arabe. C'est une pseudo-liberté imposée liée par des fils invisibles aux impérialistes. La liberté, comme toute personne opprimée le sait, ne se donne pas, on l'a prend. Ceci la caractéristique de la résistance et de la lutte en Palestine, reprendre notre liberté, notre dignité et notre droit à exister sur notre propre terre.

Combien de fois la Palestine sera-t-elle violée avant que le monde en prenne conscience et ouvre ses yeux ? Comprenez que quand la Palestine est violée, tous les peuples opprimés le sont aussi. Et quand les palestiniens résistent au dépouillement, à la dislocation et au démembrement de leurs racines, ils résistent aux rêves impériaux de leurs colonisateurs israélo-américains qui veulent contrôler le monde arabe et plus.

La lutte pour la liberté en Palestine est la même que celle de tous les peuples opprimés qui luttent pour la liberté et la dignité. Croyez-vous en la justice et à la liberté ? Si oui, alors vous devez aller jusqu'au bout. Il n'y a pas de justice partielle. Sans une vraie justice et la liberté en Palestine, il ne peut pas y avoir de justice et de liberté nulle part ailleurs dans le monde.

Finalement, je veux parler de l'incapacité de certaines personnes d'aller jusqu'au bout vis-à-vis de votre combat pour la justice, spécialement ceux du mouvement soi-disant progressif, la prétendue gauche, et de tous les activistes qui n'arrivent pas à aller jusqu'au bout de la justice en Palestine. Ceci est adressé aux Noam Chomsky, Michael Lerner, les Medea Benjamin et aux Leslie Kagan du monde.

Ceci s'adresse à la communauté Tikkun, l'UFPJ, Global Exchange et à tous les individus et aux groupes qui parlent de justice et de liberté en Irak mais pas en Palestine ; qui parlent de justice et de liberté en Haïti, au Venezuela, au Soudan et partout dans le monde, mais pas en Palestine. Il est temps d'évaluer vos analyses politiques difficilement admissibles. Il est temps de évaluer votre déni et votre racisme. Il est temps de vous confronter votre hypocrisie morale. Vous êtes complices du viol de la Palestine.

Je vous invite à venir à Gaza avec moi et de regarder cette belle ville avec les yeux de Reema, une enfant de 7 ans vivant dans le camp de réfugiés de Jabalya et de lui dire, à elle et à sa famille, qu'ils n'ont pas droit à la justice, à la liberté et au droit au retour dans leur village qui n'est qu'à 5 km de l'endroit où ils vivent aujourd'hui. Votre sens indécent de moralité et de justice et les analyses politiques vides de sens donne du pouvoir à l'Empire. Pouvez-vous aller jusqu'au bout dans votre lutte pour la justice ? Sinon, souvenez vous d'une chose : quand il y a occupation et injustice, la résistance sera toujours présente.

*Le Docteur Ghannam est membre de la direction du Programme de Santé Mentale de la Communauté de Gaza ; il est Professeur clinique de psychiatrie et directeur de la Psychologie médicale de l'Université de California, San Francisco. C'est un membre fondateur du Comité Al-Awda San Francisco et il est membre directeur du Comité International Al-Awda. Il est actuellement président du Comité Anti-Discrimination Américano-Arabe à San Francisco. Le Dr Ghannam part tous les 3 mois en Palestine où, ces dernières 12 années, il a fondé des cliniques dans la ville de Gaza, Jabalya, Khan Yunis et Deir al-Balah sous les auspices du programme pour la Santé Mentale de la Communauté de Gaza.
Source: France Palestine  http://www.france-palestine.org/article633.html

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